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Citations sur Nietzsche (7)

Il faut prendre la mesure de la forte cohérence de la mission que Nietzsche s'est assigné : par La naissance de la tragédie, il avait arraché l'histoire d'un genre littéraire ancien à la philologie universitaire, pour le transformer en un problème vital, c'est à dire l'évaluation des manières dont un peuple, par l'art ou par la science, répond au problème de la vie. Il avait établi qu'une culture qui avait assez de santé pour affirmer tout le terrible de le problématique de l'existence, obtenait un type de connaissance supérieur (le pessimisme tragique de l'artiste) à celle qui s'en détournait pour inventer un autre type de fiction, l'optimisme logique de l'homme théorique.
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Qu'est-ce que la vérité ? Une multitude mouvante de métaphores, de métonymies, d'anthropomorphismes, bref une somme de relations humaines qui ont été rehaussées, transformées et ornées par la poésie et par la rhétorique, et qui après un long usage paraissent établies, canoniques et contraignantes aux yeux d'un peuple : les vérités sont des illusions dont on a oublié qu'elles le sont, des métaphores usées qui ont perdu leur force sensible, des pièces de monnaie qui ont perdu leur effigie et qu'on ne considère plus désormais comme telles mais seulement comme du métal.
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C'est lorsque la mort s'inscrit a coeur même de la vie que commence le déclin, ou la décadence. Nietzsche ne cessera, tout au long de son oeuvre de traquer les forces déclinantes : Ainsi parlait Zarathoustra est le récit d'un déclin, la pensée critique de Nietzsche sera toute entière une pensée de la décadence, c'est-à-dire, à l'échelle de l'individu comme des peuples, de l'affaiblissement des forces vitales dans une culture donnée. Le déclin n'est pas un effondrement violent, c'est un processus subtil, délicat, et au fond extrêmement civilisé.
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Se comparant à un oiseau migrateur, Nietzsche prend son "essor vers le lointain, le plus extrême lointain". Ce faisant, il sait qu'il volera aussi loin qu'il le peut, mais que d'autres oiseaux voleront plus loin encore. Jusqu'ici, les philosophes, ces "tyrans de l'esprit", ont cru pouvoir mesurer la connaissance à l'aune de leur propre existence, aspirant orgueilleusement à déchiffrer d'un seul coup l'énigme complète du monde. Mais Nietzsche sait bien que la marche de la civilisation est lente, progression difficile et toujours menacée de recul, et que la philosophie est un long passage de relais de maîtres à disciples.
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A travers l'épreuve de la discipline scolaire, Nietzsche révèle dès l'enfance des traits fondamentaux de sa personnalité : l'art de la résistance, le gain de puissance dans la contrainte et l'affirmation de tout ce qui est. L'un de ses tout premiers efforts philosophiques d'adolescent consistera à tâcher de penser ensemble la liberté et la nécessité, le libre arbitre et le destin.
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La Volonté de puissance constitue une extraordinaire entreprise de falsification de la pensée de Nietzsche, une trahison philologique et idéologique aux conséquences désastreuses.
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EXTRAITS DU CHAPITRE 6 : 1882-1885 « Midi et éternité »

* Le 26 août 1882, le jour même de la parution du Gai Savoir, Lou quitte Nietzsche pour rejoindre Rée. Nietzsche consacre tout son hiver à tenter d’accueillir avec gratitude les souffrances mêmes que lui inflige la perte de Lou. Cette lutte lui coûtera plus d’une année d’hésitations, de reculs haineux et d’avancées magnanimes, de paroles abjectes et de repentirs apaisés. S’il a vécu d’éphémères bonheurs auprès de Lou, c’est dans Le Gai Savoir qu’il a trouvé une légèreté nouvelle et salvatrice. Le titre lui-même marque une rupture dans l’histoire de la philosophie : le rapprochement du terme Wissenscbaft (« science »), devenu l’objet suprême de la philosophie allemande, chez Kant, Fichte ou Hegel, avec l’adjectif fröhlich ( « joyeux ») déjoue déjà tous les attendus d’un lecteur «sérieux».

* Le troubadour, le chevalier et l’esprit fort : aussi bien, l’artiste, l’aristocrate et l’esprit libre, que Nietzsche tente de réunir en une seule figure. Après la valorisation, menée dans Humain, trop humain, de la science comme contrepoids aux mensonges de l’art et de la religion, la science cette fois reconnue comme phénomène moral – c’est-à-dire mensonger – oblige à en revenir à un certain primat de l’art.

* Nietzsche, entend faire le vide autour de lui. Mais Lou lui manque, et il nourrit un état dépressif qui transparaît dans l’ensemble de ses lettres jusqu’en avril 1883.

* L’enthousiasme fait place à un état de tension extrême, les phases d’inspiration lui semblent mettre sa vie même en péril : « Ce faisant m’est venue la pensée que je finirai vraisemblablement par mourir de telles explosions et de telles expansions du sentiment : que le diable m’emporte ! » Dans une lettre du 26 août 1883 à Peter Gast, Nietzsche commence à exprimer une inquiétude qui reviendra toujours plus souvent sous sa plume : « Le curieux danger de cet été se nomme pour moi – n’ayons pas peur de ce méchant mot — folie. »

* Les derniers mois de 1883 sont une période de dépression : trop seul, avide d’impressions nouvelles, il ressasse la perte de Lou :

Le véritable malheur de cette année et de l’année dernière consisté au sens strict dans le fait que j’ai pensé avoir trouvé un être qui eût exactement la même mission que moi. Sans cette croyance prématurée, je n’aurais pas souffert et je ne souffrirais pas à ce point du sentiment d’esseulement, comme je l’ai fait et comme je le fais : car je suis et j’étais préparé à mener à terme tout seul mon voyage de découverte. Mais sitôt que j’eus fait une seule fois le rêve de ne pas être seul, le danger fut effrayant. Il y a encore des heures aujourd’hui où je ne sais pas me supporter moi-même. (06/12/1883)

* A nouveau, Nietzsche mesure sa solitude et recherche de nouvelles amitiés. Plus exactement, il se sent un maître sans disciples. L’idée de fonder une communauté de philosophes ne le quitte pas, mais il ne trouve pas à l’horizon une seule âme susceptible de l’y rejoindre.
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