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Critique de Godefroid


Ace Atkins revient sur cette très fameuse affaire criminelle qui fit couler de l'encre par citernes entières au début des années 20 en Californie, aux Etats Unis et même dans le monde entier. Roscoe Arbukle, dit "Fatty" en raison de sa corpulence, première véritable star du cinéma muet avant Buster Keaton et Charlie Chaplin, adulé des foules, est brusquement trainé dans la boue par les mêmes qui l'avaient encensé jusque là. Accusé d'avoir violé et tué une jeune actrice lors d'une soirée très arrosée dans son hôtel de San Francisco, Arbuckle voit la presse de William Randolph Hearst (le modèle de Welles pour Citizen Kane) se déchainer avec acharnement à son encontre, dans un style particulièrement ignoble.

Atkins démarre son récit le jour de l'événement à l'origine de l'affaire. Outre Roscoe Arbukle et les individus impliqués à divers titres dans ce sordide fait divers, il a la bonne idée de mettre en scène un personnage aujourd'hui célèbre comme écrivain, malgré la brièveté de sa carrière : Dashiell Hammett. Employé par la célèbre agence de détective Pinkerton, Hammett effectue une contre-enquête qui va contribuer à innocenter Arbukle... au bout de trois procès.

Le jardin du diable fait écho au chef d'oeuvre de Jerry Stahl, Moi Fatty, publié chez Rivages en 2007. Impossible d'éviter la comparaison : alors que Stahl s'est attaché, sous la forme d'une fausse autobiographie, à suivre l'histoire terrible de l'acteur depuis sa prime enfance, Atkins va focaliser temporellement son récit sur l'enquête en distribuant un deuxième premier rôle à Hammett, qui vole même la vedette à Arbukle. le livre de Jerry Stahl est bouleversant ; celui d'Atkins, plus distancié, plus marqué par le caractère dur-à-cuire de Hammett, intéresse davantage par l'exploration méticuleuse des coulisses de l'affaire. En fait, on peut dire que les deux livres se complètent très bien, ne serait-ce que du point du vue informatif. En particulier, Atkins lève le voile sur le motif de ce coup monté, en étayant sa thèse d'une très solide (et convaincante) argumentation ; rien que pour ça, le livre mérite d'être lu.

Mais si le style d'Atkins est remarquable, la construction de son récit semble un peu hésitante, comme si l'auteur cherchait son fil sans trop savoir comment il va atterrir. On avance néanmoins sans mal grâce à cette écriture intelligente et efficace, parfaitement rendue en français par Christophe Mercier.

Le jardin du diable reste un addendum intéressant (et divertissant) au livre de Stahl, qui demeure pour moi prioritaire.
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