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Critique de RogerRaynal


Est-ce à l'automne que Kyoto est la plus belle ? le vêtement de pourpre des érables incendiés lui sied-il mieux que le rose naissant des cerisiers du printemps ?

Corinne Atlan, traductrice d'Aruki Murakami, semble le croire. Elle nous raconte ici, comme le titre l'indique, ses pérégrinations et ses réflexions alors qu'elle réside dans l'ancienne capitale japonaise pendant les quatre mois d'un trop court automne…

Au fil des chapitres défilent des considérations variées en liaison avec la météo, l'histoire de la ville, ses rencontres, la grande et la petite histoire… C'est un ensemble de réflexions personnelles sur une immersion profonde dans la culture japonaise, dans la ville qui, plus que toute autre, l'incarne depuis plus d'un millénaire.
L'auteur sait parfaitement rendre l'atmosphère irréelle de cette ville, vue comme une superposition entre les époques dont aucune ne disparait complètement, mais dont toutes participent à la magie du lieu.
Les références aux haïkus de Basho et, bien entendu, à l'oeuvre de Murakami, sont nombreuses, mais nul besoin de connaitre ces écrivains pour apprécier ce livre.
Les mois sont découpés, comme dans l'ancien calendrier japonais, en périodes de deux semaines, les « moments de la saison », aux noms poétiques.

Promenades nostalgiques ou surprenantes, quartiers pittoresques ou modernes, bois, jardins, temples et cimetières se succèdent au grand jour où sous la clarté lunaire.
Entre les chapitres, des hommages sont rendus aux auteurs japonais classiques : on y retrouve, par exemple, les accents des notes sur l'oreiller de Sei Shonagon.
Mais se serait une erreur que de voir dans ce livre une espèce de guide du promeneur solitaire : nous y retrouvons aussi milles détails, sensibles et triviaux, de la vie quotidienne : relations de voisinage, petits cadeaux, thé plus ou moins formel entre amies, digressions botaniques et considérations historiques et actuelles en font un miroir à facette dont chacune éclaire d'un éclat, doux ou vif, poétique ou cru, les réalités du Japon moderne.

C'est une lecture douce et nonchalante, comme est le flot de la Kamogawa, calme rivière peu profonde qui traverse Kyoto et lui communique un peu de sa tranquille insouciance.

Je ne peux que vous engager à suivre C. Atlan du mois « des longues nuits » à celui « où les bonzes s'affairent », pour cette vision où temps, espace et rencontres se superposent et s'entremêlent pour donner une vision personnelle, bienveillante et juste des évolutions de l'âme japonaise dans la ville qui l'a vu naitre, cette âme qui « a pour racines le coeur de l'homme et pour feuilles des milliers de paroles…. »
Lien : https://litteraturedusoleill..
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