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EAN : 9782226437419
306 pages
Albin Michel (29/08/2018)
4.25/5   36 notes
Résumé :
« J'ai appris à penser depuis l'ailleurs » nous dit Corinne Atlan. Grande traductrice d'auteurs japonais classiques et contemporains dont Haruki Murakami, elle nous fait partager dans ce récit passionnant sa vision intime d'une ville qu'elle connaît depuis quarante ans.
Au fil de promenades et de rencontres, de méditations dans les temples ou les jardins de pierre et de mousse, elle interprète le sens de paysages d'automne où la beauté des érables, ginkgos et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Un voyage au Japon, le temps d'un automne qui se laisse lire par petites touches impressionnistes.

De retour à Kyôto, la narratrice nous invite à découvrir divers aspects de cette ville mythique, ancienne capitale du Japon.

On découvre à travers son regard et ses réflexions la double culture de la ville à la fois basée sur les traditions orientales et la culture occidentale, les paysages dans lesquels se côtoient les collines et les faubourgs plus animés de la ville, Les saveurs et les senteurs des aliments qu'elle nous fait partager, des fleurs et arbustes aussi, les couleurs de la nature lorsqu'elle revêt ses dégradés de gris, un gris différent de celui que l'on connait en France, plus lumineux, plus éclatant, le rythme des journées, des saisons, le calendrier lunaire qui ne se sont calquées que tardivement dans l'histoire nippone sur les rythmes occidentaux.

Il est également question des nombreux temples dans lesquels se déploient la spiritualité mais aussi une partie du patrimoine japonais, la narratrice aime les visites des jardins zens et captivants, ceux qui sont peu connus du grand public.

Les mentalités nippones sont différentes, la narratrice évoque la discrétion et la sincérité des Kyotoïtes qu'elle regrette lors de ses retours du Japon, des liens facilités pour les personnes vivant dans les mêmes îlots mais qui s'accompagnent parfois de certains inconvénients, tout n'est pas rose derrière les façades affables .

L'auteure nous livre tout un pan de l'histoire et de la culture de la ville et du Japon, de ses personnages célèbres, des événements culturels marquants, la retranscription de légendes anciennes.

Le récit est aussi parsemé de références à d'autres écrits sur Kyôto et le japon, il est aussi parcouru de haïkus et de nombreuses références aux oeuvres de Haruki Murakami dont elle est la traductrice.

Ce livre est tout autant un voyage intérieur au cours duquel l'intime de la narratrice nous est révélé à travers l'évocation de la ville, qu'une balade réelle qu'elle nous fait partager. A travers l'évocation de tous ces éléments, Elle nous invite aussi à la méditation, l'instant présent pleinement vécu et nous fait accéder à la pensée japonaise dans laquelle la temporalité et l'esthétique entre autre, sont perçues différemment. C'est ainsi qu'elle écrit :

« L'esthétique japonaise ne repose pas sur une différenciation entre beauté et laideur mais plutôt entre fugitif (hakanai) et permanent : réintégrer dans le renouvellement éternel des saisons, où s'inscrivent nos brèves existences humaines, les instants vécus, les choses vues, en établir des listes, afin d'en prolonger la trace. En peindre les détails avec le plus d'exactitude possible. » et plus loin :

« Aucune culture au monde n'a entrepris de dresser une liste du réel aussi systématique : il s'agit de « saisir » au sens propre de la réalité accessible non par l'intermédiaire des concepts, mais par le biais des perceptions et des sensations. »

Ce récit nous fait découvrir la culture japonaise à travers la ville de Kyôto mais convoque aussi le plaisir des sens, le mysticisme, passé et présent se mêlent constamment par l'évocation de souvenirs personnels et L'Histoire, la simplicité du quotidien et les envolées plus philosophiques.

La narratrice guide nous donne envie de découvrir cette ville mythique surtout en ce moment ! On s'attache à la partie culturelle, historique fantasmée et zen du récit. Mais le Japon comme d'autres pays connait et a connu les difficultés que l'on sait, c'est un endroit où les conventions prédominent et le conservatisme d'état est de mise, la misère humaine y est toujours présente, reléguée dans des villes moins touristiques que Kyôto, la dénatalité et le vieillissement de la population renforçant cet état de fait. Par ailleurs, dans le livre, un certain souvenir de Fukushima flotte dans l'air se mêlant à la fête qui perdure cependant.

"Kyôto, joyau hors du monde, flottant comme un vaisseau cosmique, loin au-dessus des souffrances de l'époque."
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Est-ce à l'automne que Kyoto est la plus belle ? le vêtement de pourpre des érables incendiés lui sied-il mieux que le rose naissant des cerisiers du printemps ?

Corinne Atlan, traductrice d'Aruki Murakami, semble le croire. Elle nous raconte ici, comme le titre l'indique, ses pérégrinations et ses réflexions alors qu'elle réside dans l'ancienne capitale japonaise pendant les quatre mois d'un trop court automne…

Au fil des chapitres défilent des considérations variées en liaison avec la météo, l'histoire de la ville, ses rencontres, la grande et la petite histoire… C'est un ensemble de réflexions personnelles sur une immersion profonde dans la culture japonaise, dans la ville qui, plus que toute autre, l'incarne depuis plus d'un millénaire.
L'auteur sait parfaitement rendre l'atmosphère irréelle de cette ville, vue comme une superposition entre les époques dont aucune ne disparait complètement, mais dont toutes participent à la magie du lieu.
Les références aux haïkus de Basho et, bien entendu, à l'oeuvre de Murakami, sont nombreuses, mais nul besoin de connaitre ces écrivains pour apprécier ce livre.
Les mois sont découpés, comme dans l'ancien calendrier japonais, en périodes de deux semaines, les « moments de la saison », aux noms poétiques.

Promenades nostalgiques ou surprenantes, quartiers pittoresques ou modernes, bois, jardins, temples et cimetières se succèdent au grand jour où sous la clarté lunaire.
Entre les chapitres, des hommages sont rendus aux auteurs japonais classiques : on y retrouve, par exemple, les accents des notes sur l'oreiller de Sei Shonagon.
Mais se serait une erreur que de voir dans ce livre une espèce de guide du promeneur solitaire : nous y retrouvons aussi milles détails, sensibles et triviaux, de la vie quotidienne : relations de voisinage, petits cadeaux, thé plus ou moins formel entre amies, digressions botaniques et considérations historiques et actuelles en font un miroir à facette dont chacune éclaire d'un éclat, doux ou vif, poétique ou cru, les réalités du Japon moderne.

C'est une lecture douce et nonchalante, comme est le flot de la Kamogawa, calme rivière peu profonde qui traverse Kyoto et lui communique un peu de sa tranquille insouciance.

Je ne peux que vous engager à suivre C. Atlan du mois « des longues nuits » à celui « où les bonzes s'affairent », pour cette vision où temps, espace et rencontres se superposent et s'entremêlent pour donner une vision personnelle, bienveillante et juste des évolutions de l'âme japonaise dans la ville qui l'a vu naitre, cette âme qui « a pour racines le coeur de l'homme et pour feuilles des milliers de paroles…. »
Lien : https://litteraturedusoleill..
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Traductrice de célèbres auteurs japonais dont Murakami, autrice de plusieurs essais et de romans, Corinne Atlan raconte la magie de Kyoto sur une saison.
Fine connaisseuse de la ville aux mille temples où elle réside depuis plusieurs décennies, elle mêle la littéraire japonaise, les mythes et les religions multiples des lieux à sa vie quotidienne pour mieux donner à ressentir la beauté éternelle sans écarte pour autant une réalité plus contrastée de la capitale culturelle du Japon.
Subtil, doux comme un rêve, suave et piquant comme l'hiver qui arrive à la fin du récit, l'ouvrage se lit dévore comme une invitation au voyage. Un charme fou.
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Un des plus beau livre lu depuis longtemps.
Une ballade dans l'âme du japon traditionnel ou la nature et ses variations, l'instant présent donc, ont une place essentielle.
Difficile d'en parler précisément car c'est une somme d'émotions, Corinne Atlan met des mots et s'arrête sur ses sensations fugaces que nous voyons sans les voir, sans leur accorder suffisamment leur résonance intime.
Elle donne aussi l'envie furieuse de intéresser au japon, à défaut d'avoir les moyens d'y aller...
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Corinne Atlan est une experte en ce qui concerne le Japon , sa langue et sa civilisation :traductrice , entre autres, d'Haruki Murakami, elle nous présente , l'espace d'un automne , Kyôto , où elle séjourne depuis des années. Chaque chapitre suit le subtil et complexe calendrier japonais , ces « moments de la saison » liés à la végétation , aux animaux , aux variations du climat, aux fêtes traditionnelles . Elle entrelace au récit de ses activités , des remarques sur la culture et l'histoire japonaise , les sensations propres (goûts , odeurs, bruits..) à la ville et les étrangetés de cet environnement pour des occidentaux. Portée par un empathie profonde pour ce peuple, elle n'en occulte pas la face sombre , ni n'en méconnaît les dangers qui le menace . Un ouvrage remarquable , qui ouvre l'esprit et transmet une sérénité mélancolique . J'ai adoré.
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critiques presse (1)
Liberation
27 septembre 2018
Dans un journal de bord poétique, Corinne Atlan capture ses impressions fugaces au cœur de la capitale spirituelle du Japon.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
     
Le sol est constellé de feuilles, recouvrant une couche de mousse vert vif comme du matcha. Je contemple ce tapis fauve à mes pieds comme si je regardais la vie même flamboyer de ses derniers feux. L'hiver n'est pas encore là (du reste l'hiver est encore une saison de la vie), pourtant tout s'accélère : la fin viendra, comment l'ignorer désormais ?
« L'éphémère » n'est plus un concept, mais un sentiment d'une intensité poignante. Tout paraît plus précieux, les émotions sont plus profondes, plus riches, les sensations plus vives...
Aucune mélancolie, pourtant, n'émane de cet érable à la stature majestueuse, symbole même de l'automne. Les feuilles qu'il sème sous ses branches dispensent le message non d'une fin à venir mais d'un cycle qui se perpétuera...
     
L'automne est plein de mains coupées
Non non ce sont des feuilles mortes
     
Aux vers d'Apollinaire semble répondre le haiku de Samboku, inconnu dont subsiste seulement cet unique poème, récompensé en 1672 par Bashô lors d'un concours :
     
Telle la main droite
d'une sage-femme —
la feuille d'érable en automne
     
... Ce qui demeure en moi de cette journée parfaite : le brouillard de lumière vert pâle entre les troncs d'un bois de bambous traversé à la hâte et, dans le jardin de Fujiwara, le voile éclatant du feuillage du grand érable, comme la lumière du soleil derrière les paupières closes.
     
     
'Choses amusantes', p. 236-237
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L'esthétique japonaise ne repose pas sur une différenciation entre beauté et laideur mais plutôt entre fugitif (hakanai) et permanent : réintégrer dans le renouvellement éternel des saisons, où s'inscrivent nos brèves existences humaines, les instants vécus, les choses vues, en établir des listes, afin d'en prolonger la trace. En peindre les détails avec le plus d'exactitude possible.
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Autrefois dans les villages, on priait les dieux pour obtenir de bonnes récoltes à l’équinoxe de printemps. A l'équinoxe d'automne, on leur adressait des remerciements. Le printemps n'est donc pas dénué d'une certaine angoisse du lendemain, tandis que l'automne représente la saison de la plénitude.
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Devinant mon impatience, Daikô sourit, soulève son bol de thé pour en boire une gorgée, puis le repose sur le plateau de laque avec des gestes mesurés d'une rare élégance. "Ichi-go-ichie", dit-il, citant une formule zen célèbre: "Un moment, une rencontre." Chaque rencontre est unique, aucun instant écoulé ne se renouvellera jamais à l'identique.
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Mais Mme R., elle, est une femme réellement charmante... Au fond, si elle arrive toujours au bon moment, c'est surtout parce qu’elle possède cette aptitude si japonaise à "lire l'atmosphère" (kûki wo yomu), expression qu'elle affectionne d'ailleurs particulièrement. Elle apparaît comme par enchantement, un jour où je n'ai pas eu le temps de faire les courses, pour me proposer quelques légumes rapportés de la campagne, ou encore un bol de bouillon un soir où je suis terrassée par un rhume.
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Videos de Corinne Atlan (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Corinne Atlan
Avec Zéno Bianu & Cleo T. Accompagnés de Valentin Mussou & Emilien Pottier Son par Lenny Szpira Lumière par Patrick Clitus
Faisant suite à la récente parution du Pierrot Solaire de Bianu aux éditions Gallimard, la compositrice et chanteuse Cleo T. parcourt l'oeuvre du poète dans un dialogue recomposé. Piano, violoncelle, basse et instruments électroniques posent le cadre de cette traversée astrale où les voix glissent du poème au chant à la recherche d'une langue de l'émotion. Les fusains de Magdalena Lamri seront les décors de cette traversée, images d'un monde sublimé à la frontière du rêve.
Ce concert préfigure la sortie d'un album annoncé pour début 2023.
À lire – Zéno Bianu, Pierrot solaire, coll. « Blanche », Gallimard, 2022 – haïkus, trad. du japonais, préfacé et annoté par Corinne Atlan et Zéno Bianu, coll. « Folio bilingue », Gallimard, 2022.
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