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Notes de chevet de Shonagon Sei
Bien qu'une lettre n'ait rien que l'on puisse qualifier d'étrange, c'est pourtant une chose magnifique. Alors qu'on pense avec anxiété à une personne qui se trouve dans une province éloignée, en se demandant comment elle peut aller, on reçoit d'elle un billet ; à le lire, on éprouve la même impression que si l'on se voyait, tout à coup, en face de son amie. C'est merveilleux. Quand on a expédié une lettre à laquelle on a confié ses pensées, on se sent l'esprit satisfait, même si l'on songe qu'elle pourrait bien ne jamais arriver à destination. Comme j'aurais le cœur triste, et comme je me sentirais oppressée, si les lettres n'existaient pas ! Lorsque, dans une lettre qu'on veut envoyer à quelque personne, on a écrit en détail toutes les choses que l'on avait en tête, c'est déjà une consolation, bien que l'arrivée de la missive puisse être incertaine. Mais à plus forte raison, quand on reçoit une réponse, la joie que l'on goûte semble capable d'allonger la vie ; en vérité, il est sans doute raisonnable de le croire. + Lire la suite |
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Notes de chevet de Shonagon Sei
En hiver, j’aime le matin, de très bonne heure. Il n’est pas besoin de dire le charme de la neige. Mais je goûte également l’extrême pureté de la gelée blanche ou, tout simplement, un très grand froid ; bien vite on allume le feu, on apporte le charbon de bois incandescent : voilà qui convient à la saison... |
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Choses qui rendent heureux et autres notes de chevet de Shonagon Sei
Fleurs des arbres J'aime la fleur du prunier, qu'elle soit foncée ou claire; mais la plus jolie, c'est celle du prunier rouge. J'aime aussi un fin rameau fleuri de cerisier, avec ses corolles aux larges pétales, et ses feuilles rouge foncé. |
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Notes de chevet de Shonagon Sei
CHOSES ELEGANTES Sur un gilet violet clair, une veste blanche. Les petits des canards. Dans un bol de métal neuf, on a mis du sirop de liane, avec de la glace pilée. Un rosaire en cristal de roche. De la neige tombée sur les fleurs des glycines et des pruniers. Un très joli bébé qui mange des fraises. |
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Notes de chevet de Shonagon Sei
Choses qui font battre le cœur Des moineaux qui nourrissent leurs petits. Passer devant un endroit où l’on fait jouer de petits enfants. Se coucher seule dans une chambre délicieusement parfumée. S’apercevoir que son miroir de Chine est un peu terni. Se laver les cheveux, faire sa toilette, et mettre des habits tout embaumés de parfum. Même quand personne ne vous voit, on se sent heureuse du fond du cœur. Une nuit où l’on attend quelqu’un. Tout à coup, on est surpris par le bruit de l’averse que le vent jette contre la maison. |
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Notes de chevet de Shonagon Sei
L'idée d'écrire ces notes me vint dans les circonstances suivantes : Un jour, le frère de l'Impératrice Sadako ayant offert une liasse de papier blanc à sa soeur, celle-ci me dit : "Que peut-on écrire là-dessus ? L'Empereur a déjà fait copier L'Histoire de Chine connue sous le nom de Shiki..." Je lui répondis que je voudrais faire un oreiller de cette jolie liasse de papier blanc. L'Impératrice me répondit : "Eh bien, prenez-le !" Je l'utilisai alors à écrire toutes ces choses, toutes ces bagatelles qu'on trouvera, sans doute, bien frivoles : des histoires amusantes, des histoires édifiantes, mles impressions, des poésies, ce que je pense des abres, des oiseaux, des insectes, et tout cela est, certes moins intéressant que je ne l'imaginais. Ceux qui liront ces notes verront ce que je suis, mon degré de culture et d'éducation, et me critiqueront. tant pis ! J'ai écrit ces notes pour m'amuser, sans ordre ni prétention, comme elles me venaient à l'esprit. |
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Notes de chevet de Shonagon Sei
Un ami qui m'écrivait constamment me dit un jour : "Pourquoi donc continuer nos relations ? Maintenant, c'est fini !' Le lendemain, il ne me donna pas signe de vie ; quand vint l'aurore, contre l'habitude, je ne vis point de lettre, et je sentis qu'il me manquait quelque chose. "Voilà, m'écriai-je, de la ponctualité !" La journée passa. Le jour suivant, il pleuvait très fort ; à midi je n'avais encore rien reçu, et je déclarai : "Il m'a complètement chassée de sa pensée." Mais le soir, au crépuscule, alors que j'étais assise au bord de la véranda, un enfant, abrité sous un parapluie, m'apporta une lettre que j'ouvris et lus avec encore plus de hâte qu'à l'ordinaire. Elle contenait ces mots : "La pluie qui fait monter l'eau", et c'était plus joli encore que si l'on avait composé, pour me les envoyer, quantité de poésies.
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Les notes de l'oreiller de Shonagon Sei
Au printemps, à l’aurore, j’aime à voir le ciel brumeux s’éclaircir peu à peu, tandis que des nuages violacés s’étendent comme de minces rubans et flottent encore sur les monts. En été, j’aime la nuit. Je l’aime quand la lune y brille et, aussi, quand elle est obscure, et que les lucioles s’entrecroisent çà et là, répandant une faible lueur. Et même quand il bruine, comme la nuit est belle ! En automne, j’aime le soir, lorsque le soleil couchant darde ses derniers rayons sur la crête des montagnes, qui semblent moins lointaines. Les corbeaux, qui se hâtent vers leur nid, volent par trois, par quatre, par deux. C’est d’une tristesse ravissante. — Début dans la traduction de Kuni Matsuo et Émile Steinilber-Oberlin (Cosmopolite Stock) |
Le concile fantôme