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Critique de Malaura


Grand reporter au Nouvel Observateur, la journaliste Florence Aubenas a toujours, dans les nombreuses affaires qu'elle a couvertes, revendiqué d'un engagement citoyen, d'une volonté de faire entendre les voix de ceux que l'on n'entend jamais.
Reportages en Afghanistan ou au Rwanda, otage en Irak en 2005, procès d'Outreau, conditions de détention dans les prisons….elle a été de tous les combats sociaux, sur tous les fronts, et est devenue l'une des figures majeures du journalisme d'investigation en France.

Parce que ces derniers temps on a beaucoup parlé de la crise, elle a décidé de mener sa propre enquête pour témoigner de ce qu'est, aujourd'hui, le marché du travail dans la France d'en bas.
Comme en son temps le journaliste indépendant Marc Boulet avec « Dans la peau d'un Intouchable » ou l'allemand Gunther Wallraff avec « Tête de turc », c'est un travail en immersion qu'a réalisé Florence Aubenas, au plus près de la « basse humanité », à savoir la cohorte des anonymes qui se démènent sans compter pour moins de 700 € par mois.
Elle est donc partie dans une ville française, rechercher anonymement du travail.
C'est dans la ville de Caen qu'elle a posé ses valises et s'est inscrite au chômage avec pour mission d'arrêter son enquête le jour où elle trouverait un CDI.
Sa quête a duré 6 mois, de février à juillet 2009. Ce récit raconte son parcours.

Propos pertinents, observations justes et subtiles des aberrations du système, portraits plein de finesse, de sensibilité et de drôlerie de ses compagnons d'infortune, Florence Aubenas s'est très consciencieusement immergée dans son rôle de femme sans qualification en recherche d'emploi.
Des rendez-vous à Pôle-Emploi en passant par les réunions de formation ou les salons de l'emploi, c'est le long chemin de croix du chômeur que l'auteur nous raconte, un véritable parcours du combattant, une quête chaotique et bancale pour trouver ce qui, aujourd'hui, fait de plus en plus défaut : un travail sûr et stable, un CDI.
A la clé, c'est bien souvent un emploi des plus précaires, tout au plus quelques heures de ménage où il faudra avaler plusieurs dizaines de kilomètres de bitume, que les plus chanceux arriveront à dégoter sans se plaindre, avec cette incroyable énergie dont savent faire preuve les plus démunis.
Qu'on ne se méprenne pas, « le quai de Ouistreham » n'est pas un livre triste destiné à faire pleurer dans les chaumières.
Bien au contraire, ce récit profondément sensible et humain, qui se lit avec la facilité d'un roman, est un récit de vie dans lequel Florence Aubenas, avec une grande empathie, sait montrer les petites joies, les faiblesses, les déterminations, le sens de la débrouille et du partage.
Un témoignage social que l'amitié et la solidarité viennent alléger…en pied-de-nez.
Un livre authentique que beaucoup devraient lire….
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