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Critique de Seraphita


Elvira, la quarantaine, est infirmière dans un hôpital. Elle habite au rez-de-chaussée, dans une maison qui comporte deux étages. Au-dessus, vit Steven, infirmier lui-aussi dans le même hôpital qu'elle. Elle est en arrêt maladie pour cause de dépression et passe son temps enfermée chez elle, souffrant d'agoraphobie, se gargarisant d'alcool et de psychotropes. Elle aime aussi surfer sur internet, n'hésitant pas à laisser ses coordonnées sur des sites de rencontre. C'est ainsi qu'elle fait connaissance avec le mystérieux Ray. Parallèlement, des meurtres atroces secouent la ville où elle habite. Quand ces meurtres commencent à concerner des collègues, elle comprend que sa petite vie de recluse peut être menacée. C'est alors que Ray débarque à l'improviste…

C'est mon bibliothécaire qui m'a conseillé ce thriller. Et je l'en remercie : j'ai passé un excellent moment de lecture, un moment terrifiant.

Les chapitres sont ponctués de courts incipit titrés « incision n° ». Ces brèves notes, qui sont l'oeuvre du détraqué qui sévi, sont écrites sur le mode de l'écriture automatique. Il y est question de sang, du dégoût des femmes, de pulsions meurtrières. L'écriture fonctionne par associations d'idées, homophonies, jeux de mots, jeux de sons :
« La source, oui la source,
jamais tarie jamais apaisée de tous mes maux, maux dits maux vais maux ment,
jaillit entre ses cuisses, sale, bouillonnante, immonde liqueur m'inonde. » (p. 35.)
Le résultat est à la fois effrayant (on entre dans l'inconscient du tueur), mais étonnamment poétique. Les chapitres se présentent sous la forme de journaux intimes tenus par Elvira. le style de ces journaux est assez étonnant et déconcertant : il semble en apparence très léger, comme écrit par une adolescente qui raconterait ses émois, un style un peu à l'eau de rose, très sentimental : le lecteur suit la vie intime d'Elvira, recluse dans son appartement pour cause d'agoraphobie, entre maquillage, démaquillage, bain moussant et lotion tonique. Entre alcool et psychotropes également. Au départ, je n'ai guère accroché à ce style, puis je m'y suis faite et je me suis laissée porter par l'histoire d'Elvira.

Brigitte Aubert nous emmène dans un huis clos magistral, qui se révèle, au fur et à mesure de l'avancée dans le roman, très angoissant : le lecteur comprend vite que l'étau se resserre, sans parvenir à saisir pleinement toute la vérité. L'auteur nous expose l'intimité psychique d'Elvira qui mène l'enquête à sa façon, et on prend plaisir à suivre les déductions de l'infirmière quant à l'identité du tueur. Une infirmière décidément très seule.

Il s'agit d'un thriller qui laisse la part belle au suspens et à la frayeur. La fin est tout simplement magistrale, l'auteur ménageant un rebondissement de taille. Une fin qui me fait rapprocher cette oeuvre de celle – tout aussi diabolique – de Thierry Jonquet : « Mygale ». Une fin dans laquelle on saisit – enfin – le sens du titre : « Une âme de trop ». A lire si on veut frissonner, et trembler dans un final grandiose…
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