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Citations sur Hécatombe à Diane (10)

LXXVI



Le jardinier curieux de ses fleurs,
  De jour en jour beant leur accroissance
  Ardent les voit, et les espie, et pense
  Qu'elles ont trop encoffré leurs couleurs.
Mais, lors qu'au liet il endort ses labeurs,
  Son jardin fait, ce semble, en son absence
  Plus de profit que quand, par sa présence,
  Il amusoit des herbes les vigueurs.
J'en suis ainsi m'esloignant de mon feu :
  Je l'ay trouvé en mon repos accreu.
  Comme il est né s'accroissant de paresse
Sans moy, sur moy, il monstre ses effortz,
  Il me poursuit lors que je le delaisse,
  C'est un malheur qui veille quand je dors.
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Sous un œil languissant et pleurant à demi,
Sous un humble maintien, sous une douce face,
Tu cache un faux regard, un éclair de menace,
Un port enorgueilli, un visage ennemi.

Tu as de la douceur, mais il y a parmi
Les six parts de poison ; dessous ta bonne grâce,
Un dédain outrageux à tous coups trouve place.
Tu aimes l’adversaire et tu hais ton ami,

Tu fais de l’assurée et tu vis d’inconstance,
Ton ris sent le dépit. Somme, ta contenance
Est semblable à la mer qui cache tout ainsi

Sous un marbre riant les écueils, le désastre,
Les vents, les flots, les morts. Ainsi fait la marâtre
Qui déguise de miel l’aconite noirci.
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Diane, ta coutume est de tout déchirer,
Enflammer, débriser, ruiner, mettre en pièces,
Entreprises, desseins, espérances, finesses,
Changeant en désespoir ce qui fait espérer.
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Sonnet XLII.
  
  
  
  
Auprès de ce beau teint, le lys en noir se change,
Le lait est basané auprès de ce beau teint,
Du cygne la blancheur auprès de vous s’éteint,
Et celle du papier où est votre louange.

Sucre est blanc, et lorsqu’en la bouche on le range
Le goût plaît, comme fait le lustre qui le peint.
Plus blanc est l’arsenic, mais c’est un lustre feint,
Car c’est mort, c’est poison à celui qui le mange.

Votre blanc en plaisir teint ma rouge douleur,
Soyez douce du goût, comme belle en couleur,
Que mon espoir ne soit démenti par l’épreuve,

Votre blanc ne soit point d’aconite noirci,
Car ce sera ma mort, belle, si je vous trouve
Aussi blanche que neige, et froide tout ainsi.
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XXXI


Dans le parc de Thaley, j'ay dressé deux plasons
  Sur qui le temps faucheur ny l'ennuyeuse estorse
  Des filles de la nuict jamais n'aura de force,
  Et non plus que mes vers n'esteindra leurs renoms.
J'ay engravé dessus deux chiffres nourrissons
  D'une ferme union qui, avec leur escorce,
  Prend croissance et vigueur, et qu'avecqu'eux s'efforce
  D'acroistre l'amitié comme croissent les noms.
Croissez, arbres heureux, arbres en qui j'ay mis
  Ces noms, et mon serment, et mon amour promis.
  Aupres de mon serment, je metz ceste priere :
« Vous, nymphes qui mouillez leurs pieds si doucement,
  Accroissez ses rameaux comme croist ma misere,
Faites croistre ses noms ainsi que mon tourment. »
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Mille baisers perdus, mille et mille faveurs,
Sont autant de bourreaux de ma triste pensée,
Rien ne la rend malade et ne l’a offensée
Que le sucre, le ris, le miel et les douceurs.

Mon coeur est donc contraire à tous les autres coeurs,
Mon penser est bizarre et mon âme insensée
Qui fait présente encor’ une chose passée,
Crevant de désespoir le fiel de mes douleurs.

Rien n’est le destructeur de ma pauvre espérance
Que le passé présent, ô dure souvenance
Qui me fait de moi même ennemi devenir !

Vivez, amants heureux, d’une douce mémoire,
Faites ma douce mort, que tôt je puisse boire
En l’oubli dont j’ai soif, et non du souvenir.
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Nos désirs sont d'amour la dévorante braise ,
Sa boutique nos corps ,ses flammes nos douleurs ,
Ses tenailles nos yeux ,et la trempe nos pleurs ,
Nos soupirs ses soufflets ,et nos sens sa fournaise .

De courroux ,ses marteaux , il tourmente notre aise
Et sur la dureté , il rabat nos malheurs ,
Elle lui sert d'enclume et d'étoffe nos coeurs
Qu'au feu trop violent , de nos pleurs il apaise ,

Afin que l'apaisant et mouillant peu à peu
Il brule davantage et rengrège son feu.
Mais l'abondance d'eau peut amortir la flamme.

Je tromperais l'enfant , car pensant m'embraser ,
Tant de pleurs sortiront sur le feu qui m'enflamme
Qu'il noiera sa fournaise au lieu de l'arroser.
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Je brûle avec mon âme et mon sang rougissant
Cent amoureux sonnets donnés pour mon martyre,
Si peu de mes langueurs qu’il m’est permis d’écrire
Soupirant un Hécate, et mon mal gémissant.

Pour ces justes raisons, j’ai observé les cent :
A moins de cent taureaux on ne fait cesser l’ire
De Diane en courroux, et Diane retire
Cent ans hors de l’enfer les corps sans monument.

Mais quoi ? puis-je connaître au creux de mes hosties,
A leurs boyaux fumants, à leurs rouges parties
Ou l’ire, ou la pitié de ma divinité?

Ma vie est à sa vie, et mon âme à la sienne,
Mon cœur souffre en son cœur. La Tauroscytienne
Eût son désir de sang de mon sang contenté.
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Nos désirs sont d’amour la dévorante braise,
Sa boutique nos corps, ses flammes nos douleurs,
Ses tenailles nos yeux, et la trempe nos pleurs,
Nos soupirs ses soufflets, et nos sens sa fournaise.

De courroux, ses marteaux, il tourmente notre aise
Et sur la dureté, il rabat nos malheurs,
Elle lui sert d’enclume et d’étoffe nos cœurs
Qu’au feu trop violent, de nos pleurs il apaise,

Afin que l’apaisant et mouillant peu à peu
Il brûle d’avantage et rengrège son feu.
Mais l’abondance d’eau peut amortir la flamme.

Je tromperai l’enfant, car pensant m’embraser,
Tant de pleurs sortiront sur le feu qui m’enflamme
Qu’il noiera sa fournaise au lieu de l’arroser.
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Vous qui avez écrit qu’il n’y a plus en terre
De nymphe porte-flèche errante par les bois,
De Diane chassante, ainsi comme autrefois
Elle avait fait aux cerfs une ordinaire guerre,

Voyez qui tient l’épieu ou échauffe l’enferre?
Mon aveugle fureur, voyez qui sont ces doigts
D’albâtre ensanglantés, marquez bien le carquois,
L’arc et le dard meurtrier, et le coup qui m’atterre,

Ce maintien chaste et brave, un cheminer accort.
Vous diriez à son pas, à sa suite, à son port,
À la face, à l’habit, au croissant qu’elle porte,

À son œil qui domptant est toujours indompté,
À sa beauté sévère, à sa douce beauté,
Que Diane me tue et qu’elle n’est pas morte.
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