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Citations sur Race des hommes - L'Empire et la Trappe (15)

Si je meurs, qu'aille ma veuve
à Javel près de Citron.
dans un bistrot elle y trouve
à l'adresse du Beau-Brun

trois musicos de fortune
qui lui joueront- mi ré mi -
l'air de la petite Tane
qui m'aurait peut-être aimé

puisqu'elle n'offrait qu'une ombre
sur le rail des violons.
Mon épouse, ô ma novembre,
sous terre les jours sont lents.
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DU COTE DE LARIBOISIERE

J'aime les coups de poings luisants
comme la cuisse des fermières,
Mort, par eux, dans quelque six ans,
J'emporterai sous la trémière

le cri nocturne des brisants,
l'ongle des bêtes non premières
et jusqu'au poil des paysans
mais aussi le sel des lumières.
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NAISSANCE DE L'HOMME


La nature achevait ses jeux
singuliers et terribles
Un tâtonnement orageux
ronflait contre les cribles.

Planait le principe écumant
des cycles de l'histoire.
Tout se fondait au diamant
aveugle et natatoire.

Des noirs glisseurs les ventres mous,
les coccyx malhonnêtes
portaient des jupons de remous,
des chapeaux de sonnettes.

Les pythons tiraient de la poix
leur cou plein de nichées
L'os formait encor un empois
dans les cuves penchées.

Les bouillons où les densités
se nuisent par les franges
fondaient un espoir de cités
sur le groin des sporanges.

p.163-164
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A LA BRUNISMA
  
  
  
  
Un cirrus est si rose à son faîte renflé
que ruisselle de lui, dans l'heure encor diurne,
une douce grisaille où cède, taciturne,
le dôme fabuleux de saint Papabilé.

Vers la pierre ordonnée autour de l'ample clé
de plus en plus le soir courbe, lente, son urne,
et le mauve, pleuvant, se flatte que l'azur ne
retournera jamais aux rives du délai.

L'espoir se raréfie et le calme progresse.
Le monde se prépare à la noire allégresse.
Les fenêtres en rang font des spectres ombreux.

Et je mourrais soudain, trop déserté, trop libre,
si je n'apercevais, cruelle, aussi, pour eux,
ta main de lilas clair entre les flancs du Tibre.
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Poseuse marmaille.

L'empeureur guerroyant écrit de tenddres proses
mais rimaille, au retour, la pique et l'eczéma.
Dans ce frère qu'offert tout démence m'a
j'admire que le vers vienne après les nécroses.

Abélard, investi de battements moroses,
des pesons de terreau tire le pâle mât
et, dur sous le testicle inversé pur tréma,
subtitue au viril notre horreur pour les roses.

Alighieri, colosse où l'arbre sèche auprès,
triplement couronné de ce que je pourrais
s'il ne primait sur moi par les ans, par le verbe

rit, l'asphodèle aux dents et à la cendre aux genoux,
devant le fil concret de sa basse superbe
car l'éternel mignon hante le coeur de nous.
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A. B.

Je suis Arnaud Basquart, seigneur du château blême.
En trois morceaux colosse où primât le quatrième
j'épuise le désert de l'orgueil ténébreux.
L'impératif honneur, le naturel caprice
dont l'un borne et vernit l'autre pour qu'il pourrisse
me conçurent dans l'astre en gémissant sur eux.

Le hasard se déduit comme un cap d'une crique.
Au fil sacerdotal de l'urgence métrique
il gorge mes butins d'une complicité.
Orme où l'esprit pleuvait inverse mais sublime,
je tirai de mon cœur, par la hache et la lime,
le corsaire écumant la profonde cité.

Croquemitaine d'art, loup de cerise, une oie
de saphir, ou dragon pervers que l'on renoie
dans la sainte épaisseur du gouffre passager,
tout ce que le bâtard, l'incestueux, l'oblique
tentent secrètement pour la grandeur publique
crie ensemble le mot, jumeau du nom que j'ai.

Mais l'infernal charbon que ma blancheur décore
d'angéliques sentiers qui l'endiablent encore
exaspère peut-être à force de baisers
du mal, de noirs coussins et de roses pessaires,
inévitables lieux des descentes sincères,
le tissu délicat de mes brouillards pesés.

M'accablent de raisons le monceau, le décombre.
Là, lis qui pullulât, veille l'esprit du nombre.
Entre ses durs pistils flottent mes justes mains
sur le déroulement de la funèbre goutte
que mon rêve à mon pas décrit lorsqu'il s'ajoute.
Je sens que je saisis le trésor des chemins.

Il gitaît, explosif, dans l'arche qu'une habile
arabesque, rainure où séjournent la bile
de l'amour, et la rouille aveugle du martyr,
contre la vie, ailée au gré de la racine,
de l'objet à l'objet bondissante dessine.
Bientôt vois-le qui vole et l'entends retentir!

Dans le crépitement qui pèle, ausculte, émonde,
s'écrouleront alors les pancartes du monde.
Hors du sol convulsif l'ongle débaptisé
surgit. Une étincelle orpheline le casque
de majesté magique où ma race démasque
l'arme totale, enfin, que je prophétisai.

Et l'homme devient l'homme et notre guerre pure
finit. Je ne franchis la fatale coupure.
Que ferais-je parmi ceux qui tombent d'accord?
Sur, longuement, ces bords foulés du solitaire
m'orne le souvenir des erreurs de la terre
et je n'espère plus que de l'os de la mort.

p.157-158

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SEMIRAMIS

Je suis Sémiramis, reine des Hespérides.
Je sais l'amour. Je sais les mots contre les rides.
Mes eunuques sont gras, capables mes masseurs.
J'ai quatre cents palais de colonnes imberbes.
Je marche. Et, quand je marche, au froissement des herbes
secrètes, l'univers se défait de douceurs.

Mon nom survit à ses consonnes renversées.
Il canonise l'onde aux énormes brassées.
Il étage de plis la pourpre, les malheurs.
Si, pareilles à la lune allongée, il m'emporte,
de grappes je nourris sa masse où le cloporte
redoutera toujours mes vivantes chaleurs.
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Il n'est pas un homme, ni même
quelqu'un de plus qu'un homme, qui
reçut un plus lourd diadème
que moi, Zoé, sentier Blanqui.

Sous ma robe de pourpre immonde,
mon voile d'or sinistre à voir,
je suis la reine de ce monde.

Je suis la peine sans espoir.
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NAISSANCE DE L'HOMME



Telles des buveuses de thé
prompte et réticentes
les formes de l'étrangeté
sur les pierres glissantes

commençaient à se préférer
aux yeux de l'inconstante
que brode, sur son doigt carré,
le sel de son attente.

Se perçoit l'harpège, soudain,
d'une limpide goutte
et les limaces du jardin
se mettent à l'écoute.

S'ébrouant à mesure qu'il
déserte la mêlée,
un toujours plus noble et subtil
oiseau prend sa volée.

Des carambolages obscurs
de ce qui se dénoue
il naquit pour coudre les murs
du rêve et de la boue....

p.167-168
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L'île de Port-Cros.

Dos croisés sous les fleurs, future Corsica,
l'étoile où jusqu'au coeur le bras du pin se risque,
saignante d'arbousiers, résonne de lentisque...
Dans le ciel de la mer sous le riche mica

de son pourpre soleil émeraude et muscat
à l'oc trop investi nos dieux elle confisque,
l'infini cigalon, le tendre souffle. Puisque
mon enfance, divine, avec eux s'embarqua,

par les gorges d'azur je rejoigne cette île
où ma source cotise à la braise subtile.
Les cymbales du mâle et le vent revenu

m'y proposent mes airs au large impérissables
et sur la chair limpide et pucelle des sables
je découvre soudain l'ombre de mon pied nu.
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