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Critique de Diabolau


Parmi les livres que j'avais sélectionnés dans le cadre de la masse critique Babelio, celui-ci était en pole position. J'en attendais donc beaucoup et disons-le : je n'ai pas été déçu. Grand amateur de la période de la grande guerre, je n'avais bizarrement encore jamais lu de livre de Stéphane Audoin Rouzeau, qui se positionne pourtant comme l'un des plus grands historiens contemporains sur le sujet, hormis quelques courtes contributions, articles ou reportages.
Paradoxalement, je commence donc par ce livre qu'il présente clairement dans son introduction comme le bilan de 40 ans de carrière. Après tout, pourquoi pas ?
"Je n'aime dans L Histoire que les anecdotes", disait Prosper Merimée, ce premier grand conservateur des monuments historiques. Je me reconnais beaucoup dans cette citation, et quel bonheur donc de lire que l'auteur n'a, au cours de sa carrière, jamais pris autant de plaisir que dans l'analyse de ces microfaits qui jalonnent notre Histoire. Il le dit bien, rien ne l'intéresse autant que la guerre à "ras du sol", et ça tombe bien, car moi aussi.
Certaines des petites histoires dans la Grande qui nous sont présentées ici ne m'étaient pas inconnues. J'avais, par exemple, une bonne notion de la triste histoire des quatre caporaux de Souain et de leur représentant emblématique, Théophile Maupas, ou bien de celle des cinq gueules cassées invitées au Traité de Versailles par Clemenceau... Mais même dans ces cas-là, la justesse de l'analyse de l'auteur et son érudition ont inondé ces histoires d'un jour nouveau.
Je suis un grand lecteur de compilations d'oeuvres courtes, format hélas trop souvent méprisé en France. Il est rare, cependant, que j'éprouve un intérêt homogène pour tous les textes présentés, et cette oeuvre-ci n'échappe pas à la règle. Ainsi, j'ai eu un peu plus de mal avec l'article dédié à l'histoire du sociologue allemand Norbert Elias, ou avec l'article lié au livre de Jean Rouaud, que je n'ai pas lu, ce qui explique peut-être cela. Et si l'analyse de mai 68 en tant que "guerre civile mimétique" ne m'a guère convaincu, la très fine étude de la rhétorique guerrière au moment des attentats de novembre 2015 m'a en revanche fait forte impression. À quelques mois près, l'auteur aurait même pu ajouter une postface à cet article avec le resurgissement de cette rhétorique et de cette héroïsation lors de la crise du coronavirus.
En bref, un très bon ouvrage, exigeant sans être inabordable, qui part de situations à hauteur d'homme pour élever le débat sur la guerre à un niveau sociologique et anthropologique.
Merci aux éditions du Félin et à Babelio pour cette masse critique qui a tenu toutes ses promesses.
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