Stephane Audoin-Rouzeau vous présente son ouvrage "
La Grande Guerre peut-elle mourir ?" aux éditions
Odile Jacob. Entretien avec
Nicolas Patin.
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la-grande-guerre-peut-elle-mourir-essai-sur-le-referent-14-18-en-france
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Les blessures, les soufrances, les séquelles marginalisent les mutilés en les privant de travail mais plus encore par le regard qui est portés sur eux. Ils ne sont plus les héros virils aux corps puissants -- ceux-ci, les meilleurs, sont morts--mais de pauvres hères qui sont les signes vivants de la défaite (dans le cas de l'Allemagne) et plus généralement de la honte d'avoir consenti à une guerre ayant produit de telles conséquences.
Les mutilés, "fétés comme héros" pendant la guerre, sont "oubliés comme estropiés".
Bien avant 1914, le sentiment national se colore à la fois d'un ressentiment nationaliste et d'une sensiblerie patriotique ou chauvine qui ne sont pas de bon aloi pour la stabilité de l'Europe.
En France, la guerre devient dès 1914, par directive ministérielle, le substrat de tout l'enseignement.
La guerre fournit ainsi le sujet des dissertations, des rédactions, des problèmes de mathématiques, des exercices de grammaire et de conjugaison.Le contenu des enseignements est donc relu à l'aune du conflit et l'école relaie le double discours d'exaltation de la nation et de condamnation de l'ennemi.
Comment de telles vérités ont-elles pu s'imposer chez des savants qui, justement, admiraient la culture allemande au point de la jalouser si peu de temps auparavant ? Comment n'ont-ils pas été envahis par les doutes et le sentiment de la contradiction ? La certitude de la supériorité de la « race » a balayé tout scrupule et autorisé le manichéisme. Il y avait désormais l'Allemand et les autres, le barbare et les civilisés.
En france, la censure a été maintenue jusqu'en octobre 1919, afin d'éviter la contagion révolutionnaire russe puis allemande, de limiter les revendications des minorités nationales trop bruyantes au moment de la conférence de la paix, de préparer enfin les élections au sortir de la guerre, sans verser dans des troubles sociaux.
Le rationnement eut un effet imprévu : un transfert des riches vers les pauvres.En effet, les couches les plus pauvres de la population en 1914 découvrirent qu'elles avaient droit, du fait de leur citoyennetéé, à un niveau de consommation plus élevé que celui qu'elles avaient connu avant-guerre.
Les pertes dans l'armée aérienne furent très élevées.
Les parachutes étaient connus mais proscrits par l'état-major, qui craignait que leur emploi nuise à la combativité des pilotes.
Un grand psychiatre n'aimait pas l'expression "stress post-traumatique" parce qu'elle mélange cette réaction adaptative face au danger qu'est le stress avec le trauma authentique dans lequel il voyait un phénomène tout différent : il s'agissait pour lui d'une effraction brutale dans la psyché, à partir de laquelle cessait pour le sujet cette "illusion d'immortalité" sans laquelle nous ne pouvons tout simplement pas vivre. Le sujet, en effet, "s"est vu mort" et de cette initiation il ne peut se remettre. 98.
Les conditions si particulières du combat ont en effet multiplié, dans tous les camps, le nombre des disparus et le chiffre de ceux dont les corps n'étaient pas identifiables : les uns et les autres représentent, dans le cas français, près d'un cadavre sur deux.
On estime ainsi qu'un tiers des vingt mille morts de la Somme, le 1er juillet 1916, eussent pu être sauvés si les pratiques d’assistance aux blessées encore en usage un demi-siècle plus tôt avaient été mises en œuvres.