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Citations sur De la ville au moulin (7)

Les champs ont presque tous la couleur du chaume, mais les vignes sont claires comme du raisin mûr et l’on dirait qu’elles répandent de la lumière autour d’elle. Dans les champs et dans les vignes j’aperçois des points blancs qui bougent. Ce sont des dos de paysans, des dos faits à l’ardeur du soleil comme à la brume du soir et du matin.
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La vieille horloge toute longue et presque invisible dans son coin était notre amie autant que le foyer. Elle nous avertissait du temps écoulé et nous empêchait de rire trop souvent. Elle était si vieille qu’elle ne pouvait plus sonner. Elle toussait à la place ; mais sa toux, discrète et comme voilée, se faisait entendre au bon moment, sans jamais avancer ni retarder. Et Firmin qui oubliait toujours de compter, me demandait, sans que l’idée nous vint d’en rire : Quelle heure qu’elle vient de tousser?
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La première surprise passée, le serviteur hindou s’était brusquement changé en chien de garde, aboyant furieusement contre l’intruse, et l’obligeant à fuir. Puis la porte refermée, le chien avait aboyé avec la même fureur, par le trou de la serrure, autour de nos lits, contre la fenêtre, et même vers le plafond comme pour faire peur autant qu’à Angèle, aux maladies, aux péchés, et à tous les châtiments dont nous étions menacés.

À me souvenir de ces instants, ma tranquillité s’affermissait. Je me revoyais déjà de retour à la maison où je retrouvais la gaieté si amusante de mon frère, les caresses des deux petits, et enfin toute la tendresse de mes parents avec leur bon accord revenu.

Dans la joie de ce jour proche j’oubliais de rester immobile. Ah ! non, il ne fallait pas bouger. Un chien hargneux s’était caché dans ma hanche, et au plus petit mouvement de ma part, il mordait et déchirait et sa colère était lente à s’apaiser.



Je n’aurai pas la joie du retour à la maison. Et qui sait si je rentrerai jamais dans cet appartement d’où je suis sortie un jour, blessée de telle sorte que je vais en porter la marque toute ma vie. Dans un instant, mon père et ma mère viendront me prendre pour me conduire au moulin de la Haie, chez oncle meunier, où je continuerai à vivre étendue, en attendant ma complète guérison. Après des semaines et des semaines de souffrance, il va me falloir rester des mois et des mois, sans essayer de marcher, même avec des béquilles. Ainsi en a décidé le médecin de l’hôpital après un dernier examen de mon mal.

À mes parents anxieux des suites de l’accident, il a répondu d’un ton sec :

— Boiteuse ? Elle le sera certainement.
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Le jour baisse, le soleil a l’air d’aller se coucher tranquillement, et la fumée d’une haute cheminée s’incline vers lui comme pour lui dire adieu. La paix qui était ce matin sur la campagne semble être venue ici avec le soir. Au Sud, le ciel est couleur de chaume, tandis qu’à l’Ouest il est clair comme la vigne. Et soudain je me revois adossée à la maison de Mme Lapierre. Je revois le moulin où j’ai si durement peiné derrière l’homme à la faux et derrière l’homme à la bêche. Je revois les moissonneurs frotter la semelle de leurs souliers avant d’entrer dans la maison pour la soupe du soir.
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Dans le logement de Manine, qui était comme une auberge où chacun allait et venait à sa guise, le silence s’est fait. Un silence lourd et plein d’ombre malgré le bruit de la rue et la lumière du soleil passant à travers les fenêtres fermées. Dans ce logement où tant de voix ont gémi et imploré, je fais mes pas légers comme si je craignais d’éveiller l’écho des douleurs passées. Le soir, en rentrant de la buanderie, je m’assieds à ma place habituelle et, aussitôt, ceux qui sont partis à jamais se groupent dans mon souvenir. C’est toujours le visage de Nicolas qui m’apparaît le premier, un visage de tout jeune homme, si étonné d’être obligé de s’en aller mourir loin du moulin.
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Les beaux dimanches d’été ramènent maintenant au moulin Firmin et Valère Chatellier.[...] Il y a les courses à travers champs, les promenades sur les routes et par les étroits sentiers. Et surtout, il y a le bois des grands chênes.Ce bois, situé à une heure de marche du moulin, est plein de fraîcheur et d’ombre. Des ruisseaux ayant tracé eux-mêmes leur chemin s’y cachent et s’y rejoignent comme en se jouant. Et les clairières pleines d’herbe tendre, et les mousses épaisse qui s’étalent sous les vieux arbres en font un endroit où il serait bien difficile ne pas plaire.
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La nuit passa, lente et sombre. Au dehors rien ne bougeait, et dans la maison, Manine et Clémence dormaient d’un sommeil qu’on eût dit sans souffle. Au milieu du foyer, la cendre bien relevée enveloppait les charbons rouges comme pour les étouffer sans retour, mais de loin en loin, une étincelle vive s’en échappait. Elle restait fixe l’espace d’une seconde sur le fond noir de la cheminée. Et toujours je croyais voir une mystérieuse étoile brillant pour moi seulement, dans un ciel tout chargé d’orage. Les carreaux de l’imposte s’éclairaient du jour levant, lorsque le sommeil vint enfin me fermer les yeux.
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