Namaste Sirji ! - Un prof en Inde (Bonjiour Miéssieur)

Ce roman autobiographique raconte l'histoire d'un homme qui, pour oublier son divorce, décide d'aller enseigner le français dans une école privée en Inde. Que de surprises attendent ce jeune occidental dans ce grand pays de plus d'un milliard d'habitants … 18 langues officielles en plus des langues régionales et les dialectes … 3 grandes religions: l'hindouisme, l'islam et le christianisme. Mais ici on découvre le monde de l'enseignement au Mayo College à Ajmer au Rajasthan … et c'est pas mal différent de ce que Benjamin croyait.

J'ai adoré ma lecture ! On est dans la tête de l'auteur qui nous raconte ce qu'il voit, ce qu'il vit, ses conflits, ses amours, toujours d'une façon simple et efficace. Merci pour ce voyage plein d'émotions.

Ce livre était destiné à ma soeur qui adore l'Inde, cependant en tant qu'enseignante j'étais curieuse de découvrir l'expérience de l'auteur. Celui-ci livre ses impressions au jour le jour, sans filtre (« Mon séjour en Inde est honnêtement raconté »). le climat, les traditions, le bruit, la pollution, la pauvreté, la saleté, l'administration, la pédagogie, les fêtes religieuses, les enfants, la maladie, la solitude… Tout est livré pêle-mêle au fil des événements quotidiens, petits ou grands. Entre deux, des retours en arrière évoquent la relation amoureuse avec Diego, expliquant comment le couple en est arrivé à se séparer.

D'un côté comme de l'autre, il se dégage beaucoup de souffrance et de colère. Dans cette école pour garçons de bonne famille, Benjamin Audoye se sent comme dans une prison dorée (« Encore à deux doigts de faire mes valises. C'est trop dur d'enseigner ici. Je me sens nul, inutile et seul. »). Comme chez nous, le comportement des élèves relève trop souvent de l'indiscipline, du laxisme et du manque de curiosité. J'ai trouvé les remarques de cet enseignant sur notre métier assez justes (et décourageantes).
Mais ce qui le décourage le plus, « c'est la vie pesante de campus : dispo de six heures à vingt-deux heures ». En fait, celui qui l'a recruté, Kartik, lui mène la vie dure : c'est un incompétent qui le prend pour son secrétaire.

Ce que veut Benjamin, c'est évidemment « approcher l'Inde authentique ». Il aura l'occasion de faire plusieurs visites, plus ou moins intéressantes, et surtout d'aller à la rencontre des Indiens. On apprend beaucoup de choses sur les célébrations dans le pays. Ainsi, malgré certaines déconvenues, Benjamin garde le sentiment que « j'ai des expériences à vivre, des valeurs à apprendre, des rencontres à venir ». Il réalise également qu'il est temps de clore sa page de vie avec Diego, définitivement. Il n'y a plus rien de bon à sortir de cette relation.

Certes l'écriture m'a souvent paru froide et distante. Hautaine, même, par endroits, avec son imparfait du subjonctif et son vocabulaire soutenu. Je pense que l'exercice (exprimer ses réflexions intimes en toute honnêteté) n'a pas été simple pour l'auteur et c'est tout à son honneur de s'être dévoilé, livrant sans fard ses torts et ses défauts. Et c'est bien cet aspect du livre que j'ai préféré : les réflexions sur soi et sur sa vie, sensées l'amener, tout autant que son lecteur, à amorcer des changements bénéfiques (« L'Inde, c'est sympa quand on accepte l'imprévu et la perte de contrôle »). C'est un premier pas sur le long chemin de la sérénité.