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Critique de hcdahlem


«Les Amochés» est un roman noir, une fable cruelle sur la vie à la marge de la société.
Pour les vieux ours mal léchés comme Abdel Ramdankétif, la situation géographique de Montaigu-le-Fré est une sorte de paradis. Ce lieu-dit ne compte désormais que trois habitants, Jacky et Monette, «des gens d'ici depuis plusieurs générations, des taiseux, durs à la peine, tenaces à l'usure et toujours actifs, été comme hiver» et le narrateur qui a choisi de rester là après la mort de ses parents. Cette vie d'ermite lui convient très bien. Il a un toit, se nourrit de peu et peut consacrer le reste de son temps à parcourir la région, aux livres qui tapissent son intérieur et à l'écriture.
«Il y avait une quatrième personne mais elle a fait sa valise la semaine dernière. Elle se nommait Chris et c'était ma femme. Ma femme, c'est un bien grand mot, une amie clandestine, une passagère du vent, serait plus approprié. Elle est restée trois mois en tout, mai, juin, tout juillet et un peu début août.»
Du coup Abdel est déprimé, car Chris «est une très belle femme de trente-huit ans, mère allemande, père marocain. Elle a un visage de chatte égyptienne. J'en suis tombé raide amoureux dès le premier baiser et cela n'a fait qu'empirer de mois en mois.»
Quand il se lève, il voit l'eau suinter des miroirs, n'a plus d'électricité et ne croise personne. Les Jacky semblent avoir disparu. Il décide alors de se rendre à la ville de M. pour signaler ce curieux phénomène. En route les choses demeurent tout aussi mystérieuses. Les voitures sont vides et tous les habitants semblent s'être évaporés.
La première personne qu'il rencontre est le serveur du café où il a l'habitude de prendre un verre, mais ce dernier ne lui est pas d'une aide très précieuse. Il ne veut pas d'histoires. Abdel va alors chercher de l'aide au commissariat, vide, à l'hôpital, vide et chez Chris dont l'appartement est lui aussi vide. Sandra et Laure, deux magnifiques jeunes femmes, croisent sa route et, après s'être méfiés de lui, décident de l'accompagner avant de disparaître.
N'était-ce qu'un mauvais rêve? Ou faut-il croire ces théories qu'il a découvert au fil de ses lectures, celle des «centrales nucléaires, des noeuds telluriques et tout ce merdier, la toile d'araignée atomique…»
Nan Aurousseau sait parfaitement jouer des codes du fantastique pour déstabiliser son lecteur, avant de la rattraper par un nouveau rebondissement. Et si Abdel avait tenté de maquiller un viol derrière une histoire rocambolesque? Toujours est-il que Sandra porte plainte et que notre ermite se retrouve aux mains de la police qui a pu le localiser via facebook : sur Facebook où des photos d'une fête du pain ont été postées et où il apparaît : «Mlle Sandra Planche vous a reconnu et elle est venue porter plainte contre vous. Voilà, vous savez tout. Je vais vous signifier votre garde à vue.»
Même s'il est persuadé de son innocence et sûr qu'elle va pouvoir être démontrée assez vite, il passe par la case prison. « On dit que pour bien connaître son pays il faut passer par ses prisons. J'avais en permanence sous les yeux une population gravement amochée, des cassos à la pelle, des marginaux, des drogués, des gens incultes au dernier degré, des analphabètes, beaucoup, des alcooliques, des jeunes au bord de la démence, des cas psy. »
Notre homme, qui avait lu tous les sages de l'Antiquité et tous les philosophes modernes va apprendre beaucoup derrière les quatre murs de sa cellule. Avant de voler vers un épilogue tout aussi surprenant.
Un roman âpre et dur, mais aussi centré sur les quelques règles essentielles. Une sorte de viatique pour temps difficiles.

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