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Critique de FleurDuBien


Cela faisait un bon moment que je voulais m'essayer à Paul Auster.
Je savais que son écriture était parfois obscure, voire difficile d'accès mais têtue comme une mule, j'ai attendu le bon moment, et, en regardant comme d'habitude les prochaines parutions qui feront flancher pour de bon ma PAL, j'ai remarqué que Auster venait de publier son nouveau livre.
Et là, l'illumination : je le veux ! "Quelle belle occasion" fais-je en moi-même.
Allez hop c'est parti.

Le texte est dense, sans discours à la voix directe mais plutôt indirect.
Baumgartner est un vieil universitaire donc écrivain, de soixante-dix ans.
Il a perdu sa femme, Anna, il y a une dizaine d'année, d'un accident, et veuf et seul, il a tout le temps qu'il faut pour penser et il dérive de-ci, de-là, et nous mêle à ses digressions, voyeurs que nous sommes, grâce à la plume de Auster.

Différents thèmes ; tout d'abord sa relation avec une amie d'Anna, Judith, plus jeune que lui, mais dont il est tombé amoureux et qu'il veut épouser. Il lui en parlera et elle l'éconduira gentiment, mais fermement.

Puis il repense à son père, qui était si fier de lui, si heureux que son garçon n'ait pas comme ambition de reprendre le magasin familial de prêt à porter pour femme.

Et puis instant de grâce, une étudiante s'intéresse à l'oeuvre de sa défunte femme pour son doctorat et il revit. Mais pour combien de temps ?

Et puis bien sûr, sa rencontre avec sa femme, Anna, histoire d'amour folle ; Auster ici décortique les premiers émois d'une nouvelle rencontre, et on en saura davantage à la fin du roman.

Justement, roman ou pas roman ?
Car il est question dans ses pensées sur sa famille paternelle d'un certain Auster.
Un coucou de l'auteur ? Mêle-t-il le faux du vrai ?

Je découvre tout juste cet écrivain si décrié, et pourtant si sensible.
Il faut une sensibilité et une empathie certaines pour ces pages noircies qui découpent une vie, sa vie en lambeaux merveilleux.
Quel cadeau que la mémoire ; c'est le message, à mon sens, que souhaite nous imprimer Auster. Il a un talent indéniable pour se mouvoir dans la cervelle et dans les méandres du coeur pour nous toucher et nous filons dans la lecture comme un cheval au grand galop, ne pouvant qu'avancer. Les pages se tournent toutes seules, et cette invitation aux voyages intérieurs sont des délices à consommer sans modération.

J'entends déjà les loups hurler : quel ennui, il ne se passe rien !
Et si, il s'en passe des choses, mais dans "l'intérieur".
Sinon, lisez un SAS, vous serez gâté en actions de tout acabit...

Je suis heureuse.
J'ai découvert Auster et j'ai aimé cette lecture.
Nous pouvons, je le crois, être accessible, ou plutôt se rendre accessible aux neurones et aux réminiscences d'un charmant septuagénaire qui s'encroûte certes dans sa vie quotidienne avec ses petites manies, mais qui nous offre grâce à Auster un plongeon dans le temps mais aussi dans le présent et surtout dans l'abysse le plus profond de notre conscience. À tous.

Alors oui, c'est une lecture qui peut sembler difficile, il faut faire des efforts, tout n'est pas mouliné tout cuit dans la bouche, mais les cadeaux sont bien là.

Je ne m'arrêterai pas ici, je souhaite continuer le voyage, les voyages.
Merci pour cette rencontre.

NB : j'ai appris il y a quelques jours le décès de Paul Auster.
Je suis triste, j'ai l'impression d'avoir perdu un ami.
Je commençais à peine Moon Palace.
Il va nous manquer.
Mais heureusement, grâce aux livres, à ses livres, nous pouvons le retrouver encore et encore.
Sans fin.



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