L'air se met doucement en mouvement, soufflant le chaud et le froid entre les chaînes de montagnes. Loin vers le sud s'élève une épaisse brume de poussière vers le ciel, qui grandit alors que le vent s'anime et prend le goût de la terre. Le nuage de fine poussière devient couleur d'or et masque les environs, la poussée du vent est implacable. Seul l'homme est assez fou pour rester dehors par ce temps.
Le lac est l'oeil de la montagne, vert jade, serein, impassible, insondable aussi.
Il y a toujours plus de vie dans les collines hivernales que l'on n'en chercherait, et elle est beaucoup plus visible que l'été.
Il n'y a que l'homme pour laisser des cicatrices disgracieuses sur la face de la terre.
Les collines du désert donnent ainsi toujours cette impression qu'il y a de l'espace et du temps en abondance. Les arbres poussent jusqu'à former des dômes splendides et chaque plante s'accomplit à la perfection.
Nul n'est plus fort que sa destinée.
A l'abri des armoises se tapissent les lièvres, tandis que dans les berges sèches des mares et parmi les jonchées de pierres se trouvent les repaires du lynx, du renard et du coyote.
Pour les petites bêtes, les sentiers des sources sont comme des routes de campagne, où les odeurs sont autant de panneaux de signalisation.
Pour tout ce que le désert prend à l'homme il donne une contrepartie, des respirations profondes, un sommeil profond et la communion des étoiles.
Le puissant sentiment de mystère propre au désert nourrit les fables, surtout de trésor perdu.