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Citations sur Moi, Cathy (7)

Narcissiquement, on voudrait qu'avec notre mort s'arrête de tourner le monde. Pourtant, autour d'elle, les gens continuaient à faire leurs achats, décryptant la composition d'un produit, qu'ils prenaient dans un rayon pour le reposer un peu plus loin. Certaines choses ne changeront décidément jamais !
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De chaque côté, des boîtes de conserve suintaient d'un jus purulent. Jamais je ne m'étais sentie aussi vivante qu'à cet instant. Des boîtes de thon furent projetées dans ma direction. Les couvercles ouverts aux bords tranchants entaillèrent ma peau. L'une d'elles manqua sa cible et s'écrasa à mes pieds, vidant son immonde contenu. Baignant dans sa saumure, un œil rond et noir me regardait avec curiosité. Les boîtes de légumes vomirent leurs contenus pollués de vermine, explosant à mon approche.
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Nouvelle précieuse constatation : quand on nait con, on le reste, même après la mort.
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Son corps était une vapeur noire au milieu de laquelle un visage mouvant m'observait. Ses yeux tournaient sur son facies comme les aiguilles d'une horloge. Son nez s'enfonçait, aspire par lui-même. Quant a sa bouche, elle se tordait exagérément, hurlement silencieux.
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Jamais personne ne l'avait mis en garde contre les jeunes bourreaux, n'attendant que lui pour se défouler. Jamais on ne lui avait dit qu'il entrait dans un affreux cycle de souffrances dont l'écho des moqueries resonnerait bien au-delà de cette période.
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C’était si soudain ! Je hurlai, tombant lourdement sur les fesses. Son corps était une vapeur noire au milieu de laquelle un visage mouvant m’observait. Ses yeux tournaient sur son faciès comme les aiguilles d’une horloge. Son nez s’enfonçait, aspiré par lui-même. Quant à sa bouche, elle se tordait exagérément, hurlement silencieux. Il me rappelait un tableau que j’avais admiré lors d’une sortie scolaire. Il s’agissait du Cri d’Edvard Munch.
- Qui êtes-vous ? demandai-je paniquée. Que faites-vous là ?
Mais le spectre ne semblait pas comprendre, continuait à grimacer. Cette fois, ses yeux roulèrent dans leurs orbites, montrant juste leurs blancs veinés de rouge. Le nez réapparut tout au fond de la gorge et les dents jaunâtres bougèrent comme les touches d’un piano.
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La gare ressemblait à une fourmilière. À travers ses yeux, le grand bâtiment apparaissait comme particulièrement menaçant. Debout au beau milieu du parking tel un pilier inutile, Cathy contemplait la fantaisie d’un architecte : « une croyance envers l’avenir des transports ferroviaires ». Le dôme de verre orné de nombreux vitraux la fixait comme une bête prête à fondre sur sa proie.
- Elle est effffffrayannnnte, susurra une voix à son oreille.
Avec son style old-school trop sage : kilt, chaussettes blanches et chemisier orné d’une cravate à motif jacquard, creepers noires décorées d’une discrète toile d’araignée blanche sur le côté ; la jeune fille plantée derrière elle ne lui était pas inconnue. Si ce n’est que l’une portait de longs cheveux noirs et l’autre une tignasse hirsute couleur poil de carotte, elles auraient pu passer pour des jumelles.
- J’me présente : Cathy. Alors ? Tu pensais que ce serait simple parce que tu es un fantôme. Mais dans notre dimension, le contrôleur c’est ELLE, précisa l’autre Cathy en pointant son index vers le haut bâtiment de briques rouges et de verre. Seuls ceux qui ont péri par elle peuvent franchir ses portes.
Elle avait raison : vivants et spectres se mélangeaient ; ballet incessant de voyageurs. Étrange, ces portes qui réagissaient aux entités immatérielles. Cela semblait si simple, tellement accessible d’entrer et de monter dans un des trains, comme n’importe quel voyageur.
Cathy resta bouche bée en reconnaissant les victimes d’une collision : train vs camion-citerne. L’accident s’était produit l’année dernière, un peu avant Pâques. Toutes les chaînes d’information ne parlèrent que de ça des jours durant ; jusqu’à ce qu’un nouveau morceau de viande, plus juteux encore, attire l’essaim de journalistes ailleurs. On ne sut jamais le fin mot de l’histoire, de qui entre le chauffeur du train, celui du camion ou des techniciens de la SNCF fut tenu pour responsable. Les photos des victimes avaient rempli une double page dans le journal régional pendant une semaine entière. Cathy les avait longuement contemplés, essayant de se faire à l’idée que chaque visage souriant, chaque regard malicieux, avait soudainement disparu. Elle n’avait pas ressenti une once de pitié ou de tristesse, juste de la curiosité, pour ces malheureux.
Sous son regard de mère protectrice, une femme dont la moitié du crâne disparu laissait une partie du cerveau à l’air libre, surveillait quatre bambins courant sur le parking. La barre de fer qui empalait l’un des enfants le gênait dans ses mouvements. Cathy l’entendait crier après ses frères et sœurs de l’attendre. Pour deux autres, leurs vêtements avaient fusionné avec leur peau sous l’effet d’une intense chaleur. Le dernier enfant ne semblait souffrir d’aucune plaie, mais lorsqu’il se retourna, le spectacle devint insoutenable. Le malheureux était coupé en deux dans le sens de la hauteur. De dos, il ressemblait à une planche anatomique mouvante : cerveau, os, viscères, muscles, rien ne manquait. Ce qui provoqua un hoquet de dégoût chez Cathy fut l’estomac ainsi que l’intestin coupé, déversant leurs immondes contenus. Cela ne semblait pas le déranger et le petit garçon continuait à courir avec les autres jusqu’à ce que leur mère les rappelle.
- Allez, les enfants ! Il ne faut surtout pas rater le train. Papy et Mamie vont s’inquiéter s’ils ne nous voient pas arriver.
Papy et Mamie auraient certainement préféré s’inquiéter d’un éventuel retard plutôt que de ne pas les voir arriver du tout. Cathy imagina un couple âgé, attendant désespérément sur le quai d’une gare l’arrivée d’un train qui ne viendrait jamais.
- Tu as déjà essayé d’entrer ? demanda à tout hasard Cathy à sa contrefaçon qui valsait autour d’elle, en fredonnant une comptine.
- Tu plaisantes ! Jamais je ne franchirai sa gueule et puis je n’ai pas envie de partir.
- Tu connais quelqu’un qui a essayé. Tu sais ce qui se passerait si… enfin, si j’osais ?
L’autre Cathy garda un instant le silence, semblant chercher une réponse, un demi-sourire peint sur les lèvres.
- Le grand méchant loup te croquera ! ricana-t-elle en s’éloignant entre les voitures garées.
Cathy l’observa encore un instant. C’était vraiment un drôle de personnage. Elle suivait et parodiait les passants tel un mime. Contrairement à Cathy, cette Cathy-là semblait tout à fait à l’aise avec sa condition de morte.
Son regard se porta à nouveau sur la gueule béante de l’édifice. De quoi avait-elle peur ? Elle était déjà morte, que pouvait-il lui arriver de pire ? Les autres fantômes entraient et sortaient librement, pourquoi ne le pourrait-elle pas ? Elle s’avança au plus près des portes vitrées. La même sensation désagréable lui chatouilla le bout des doigts, insupportable, la mettant en garde de ne pas aller plus loin. Message très clair ! Malgré l’insupportable fourmillement, elle réussit à les effleurer.
À travers les deux grandes vitres coulissantes, Cathy observait le mélange de vivants et de morts, s’ignorant mutuellement ; chacun dans son petit monde. Elle croyait l’avoir abandonné chez elle, et pourtant, l’immonde faciès de Skrik apparaissait et disparaissait au gré des ouvertures de portes. Son identité ? Sa mission ? Deux questions qui la hanteraient encore longtemps.
- Excusez-moi !
Elle tenta d’intercepter un fantôme qui déboula d’un pas rapide comme s’il était en retard pour son rendez-vous. L’homme d’affaires poursuivit son chemin, ne levant même pas les yeux sur elle. Cathy regarda, médusée, le fantôme contourner le parking pour s’engouffrer à nouveau dans la gare, consultant sa montre d’un air agacé.
- Ce sont les fantômes de la gareeeee, chantonnait l’autre Cathy la prenant à nouveau par surprise. Ils vont et viennent, incapables de se détacher de ce lieu qui les a vus mourir. Lui c’est… c’est… c’est machin, dit-elle s’agaçant de ne plus se souvenir de son nom (le savait-elle ?). C’est un vrai con. Il ne parle jamais à personne. Je suis certaine que de son vivant c’était déjà un véritable connard. La mort a le pouvoir de nous faire chier, mais pas de nous changer.
Nouvelle précieuse constatation : quand on naît con, on le reste, même après la mort.
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