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Critique de VincentGloeckler


« le jour qui précédait chaque garde enflait en lui ce qu'il fallait dépasser, ce qui va survenir et qu'on ignore, ces formes qui en silence ou avec fracas sortent de l'après-midi finissant ou du soir, parfois du soleil à son coucher (c'est à cette heure-là que l'angoisse est la plus grande). Et ce qui grossissait ressemblait à la déesse souterraine que Schull avait longtemps conservée non loin de lui et qui se tenait désormais sur le rebord de la bibliothèque chez Solal. Curieuse idole achetée quarante ans plus tôt sur un marché, c'était une pelote de débris et de terre rouge qui tenait entre deux moignons une curieuse silhouette de vide, comme un enfant, une offrande ou un protégé invisible. Ce petit rien, c'est moi la nuit disait Schull. »
Quand la parole attend la nuit, Patrick Autréaux (Verdier), p.125
Une déesse, vieille idole africaine, de terre, bois et chiffons, dressée au bord d'une bibliothèque, comme une mère protectrice, et qui semble ici dicter son destin au personnage… Magnifique image !, au coeur du livre de Patrick Autréaux, roman d'une initiation au monde et à l'amour, récit qui rouvre aussi pour mieux le creuser le sillon du « Soigner » (titre d'un précédent livre de l'écrivain, superbe petit opuscule dans la collection L'un et l'autre, Gallimard, 2010), de ce geste souverain et qui offre à qui l'accomplit, ici le jeune Solal, pratiquant son métier d'infirmier pour mieux apprendre à devenir médecin, un espace plus grand que son petit ego, l'horizon infini des autruis… Roman plein de joyeux clins d'oeil – Solal… , Albert Cohen l'aimerait également celui-là !, Schull… -, traversée de l'intimité profonde d'un homme fragile, on y entend surtout, la retrouvant avec quelle joie, la voix unique de l'écrivain, cette « parole » peut-être issue de la nuit, portant vers nous des mots d'une rare sensibilité, éveillant de frissons nos esprits. Bonheur d'Autréaux, comme un bain de jouvence, n'hésitons pas à y plonger !
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