Patrick Autréaux - Les irréguliers .
Patrick Autréaux vous présente son ouvrage "Les irréguliers" aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire 2015. http://www.mollat.com/livres/autreaux-patrick-les-irreguliers-9782070147618.html
Et il faut beaucoup d'humilité et la certitude d'exister pour admettre sans terreur que tout change.
(p. 33)
Qui a écrit cela ? Solal donnait raison à son auteur : rien ne forge davantage un caractère que d'avoir eu à dissimuler un secret toute sa jeunesse.
(p. 50)
Avec la rentrée universitaire de janvier allaient débuter les ateliers de dissection. Enfin on en venait aux choses sérieuses. C'est ce qui frissonnait dans les esprits. C'en serait fini des immersions abstraites dans les croquis scandés de précisions physiologiques, et que composait de cours en cours un triumvirat d'anatomistes (un cow-boy connu pour avoir mis au point les premières interventions in utero ; une vieille barbe qui avait fait taire les sifflements lors de son topo sur le sein, quand il avait expliqué comment il était passé à côté de la tumeur mammaire de sa défunte épouse ; et crâne d’œuf, spécialiste du système nerveux central et prosecteur en chef).
(p. 19)
Il est bon de donner aux morts des idées pour se sauver.
Les nuits sont parfois comme les poèmes obscurs. On y devine, malgré leur hermétisme, une cohérence indistincte.
Certains pays ou évènements donnent l’impression de se découvrir. D’autres vous préparent à vous-même.
Au début, je me disais : Et si ce qui arrivait était une chance ? Et si tout ce qui arrivait était une chance ? Et si le vrai malheur, c’était de n’avoir pas cette capacité de voir sa chance en tout, de faire une chance de tout ?
Il chuchote du regard, elle écoute des yeux.
Quelque chose que le langage va chercher dans la nuit et que, sans qu'on sache très bien comment, les mots condensent comme la rosée. (p. 54)
Un baiser long doux profond, où tout se concentrait, s'épanouissait, baiser qui ouvrait et enveloppait en même temps, sans début ni fin, comme les vrais baisers.