Bienvenue à Hamilton… Non, Lewis, pas le pilote de F1 ! Hamilton, c'est petite ville située quelque part dans le Missouri et où vivent nos affreux.
Dans les bédés,
les affreux sont souvent plus bêtes que méchants, mais dans ce roman noir, si certains de nos affreux ne brillent pas par leur intelligence, ils brillent par leur méchanceté et leur violence, tandis que d'autres, en plus d'être vicieux, ont de la matière grise dans la cervelle.
Voilà un roman noir comme je les aime : serré à fond, sombre, amer, sans sucres, sans lait, mais avec plein de portraits tous plus azimutés les uns que les autres.
Entre nos deux losers, amateurs de braquages d'épiceries, de plans foireux et de plans cul, nous avons un shérif corrompu jusqu'à l'os et un dealer, intelligent, qui a su faire le ménage autour de lui et a réduit la concurrence à presque zéro.
Tous portent des armes, les utilisent, boivent comme des trous et ont les mains avec du sang dessus, certains plus que d'autre. Quand on veut protéger son business, il ne faut pas hésiter à flinguer, massacrer, réduire en cendre par le feu, les potentiels emmerdeurs.
Ne cherchez pas de la lumière ou de la rédemption dans ces pages, il n'y en a pas. le business drogues/putes/magasin de pêche de Chowder Thompson tournait bien, le shérif Jimmy Mondale le protégeait et nos deux voyous minables que sont Terry Hickerson et Cal Dotson faisaient leurs petites magouilles dans leur coin.
Et puis, un caillou est venu gripper un peu la machine bien huilée et même si Chowder, aidé de sa fille, a résolu ce premier bug, d'autres ont suivi et tout s'est enchaîné jusqu'au bordel total final.
Peu de répit durant la lecture, ne fusse qu'avec ces portraits bien brossés des rednecks du Missouri et des trafiquants en tout genre, qui ont corrompu ce qu'il fallait pour avoir la paix. Nous avons beau être avec des affreux infréquentables que l'on ne voudrait pas dans sa ville, malgré tout, on les apprécie et je me suis même surprise à espérer qu'ils s'en sortent.
Ce roman noir, c'est un peu une comédie, grinçante, cynique, sombre, violente, sanglante et sans pitié, mais comédie humaine tout de même. Les dialogues sont croustillants, épicés, avec de la saveur et le scénario m'a tenu en haleine, tiraillée que j'étais entre les méchants et le Lucky Luke débarqué dans ce jeu de quilles, prêt à tout pour coincer ce beau monde.
Comme dans les romans noirs hard-boiled d'antan, nos hommes sont des durs à cuire, pas des mauviettes et ils sont prêts à tout pour sauver ce qu'ils doivent sauver, que ce soit leur business ou leur peau.
Bien entendu, tout ce joli petit monde fait partie de l'Amérique blanche et profonde, celle du Sud, celle qui n'aime pas les autres, celle qui ne roule pas sur l'or, qui magouille, qui triche, qui se plaint, qui ne fout pas grand-chose, mais espère beaucoup, comme nos deux losers.
Anybref, c'est un roman noir qui se déguste sans sagesse, qui se boit d'une seule traite, laissant un goût de caféine en bouche et un sourire niais sur les lèvres. le genre qui se termine trop vite et dont on aurait envie de s'enfiler un deuxième.
Ambiances moites et pesantes garanties, comme il est de rigueur dans les polars noirs.
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