Ma terre a ce goût sublime d’un soir de pleine nuit givré de sel.
Ronde, elle jaillit de l’abîme, semant la vie et le rire dans une calebasse d’amour.
Ma terre au regard assombri par le désir, sombre le jour, au creux de mes bras, sur un air de Brel.
Soudain, tout redevient magie.
Elle renaît de son sommeil, éparpillant, deci delà, sur mes paupières, une myriade de baisers démultipliés à l’infini.
Et je rêve en m’éveillant ; et je m’éveille en rêvant, au sein d’un éternel faux semblant où vivre est un songe qui ment, aussi gigantesque que les dix-huit montagnes du Man, aussi colossal qu’une trompe d’éléphant.
la Terre a soudain parlé.
Il lui a appris les mots.
Et la terre est devenue Écriture.
Et les rues sont devenues livres.
Et le rêve est devenu véhicule.
Alors le monde est devenu poésie.
Et sur ses ailes il a couché le monde.
Et il s’est endormi
Comment dire Beyrouth ? Comment fait-on pour mettre des mots sur l'indicible, sur cette complexité chimérique qu'est Beyrouth?
Je refoule tant bien que mal les larmes qui me viennent aux yeux.
- Beyrouth a le goût des larmes extatiques et douloureuses qui se mêlent au parfum entêtant des fleurs d'oranger et du jasmin.
Beyrouth est une révolte intrépide qui s'égosille en silence, déversant sur la mer son haleine de fer.
Beyrouth, Vincent, c'est ce cri enraciné dans une terre immortelle et qui alimente durablement les cèdres titanesques.
Alors il a parlé. Il a dit la nouvelle parole. Il a parlé le monde et le monde s'est réveillé.
Et le monde lui a parlé.
Et le soleil est revenu.
Il était le soleil. Il contenait le soleil dans son sourire et le sommeil dans ses mains.
Et le monde commença à s'écrire.
Il peinait tous les jours, sans jamais se reposer, brouillant les limites, faisant du jour et de la nuit une seule unité.
Si bien qu'il finit par abolir le temps.
Et si c'était cela, le bonheur, un croissant savouré au matin et qui, telle une pâte feuilletée, répandrait sur nos jours le goût léger et tendre du beurre des instants magiques et, sur nos vies, le parfum croustillant des délices éternels.
Malicia l'Africaine, avide de soleil, buvant dans la source des rayons lumineux, la vie et le bonheur qu'elle déposait, précieuse offrande, sur mes paupières mi-closes.
L'errance est une délivrance qui s'épanouit en rêverie.
L'errance est une délivrance qui s'épanouit en rêverie.