S’il s’agit d’un secret, qu’on ne me cache plus rien sous prétexte de me préserver. Une belle connerie. Tout finit toujours par se savoir.
Je sais ce que c’est de perdre quelqu’un. Je connais ce grand vide qui habite la poitrine et y diffuse sa douleur. Cette sensation désagréable lorsqu’on revient sur les lieux gorgés de souvenirs.
Sa queue s’impose à chaque coup de butoir. Je le griffe ou le mords pour ne pas crier. C’est violent, mais tellement exquis que j’en perds la raison. J’accompagne chaque mouvement conduisant à la fusion de nos corps.
C’est bizarre, mais j’en ai tellement envie que je me laisse transporter par mon désir et par l’alcool qui migre dans mon sang. Son bassin frotte entre mes cuisses et je trempe son jeans à travers le tissu. Je m’agrippe à ses épaules carrées, admirant sa peau presque entièrement encrée.
Je suis devenue le vilain petit canard, celui qui a déshonoré sa famille. J’ai quitté le nid du jour au lendemain, sans me retourner.
Blake…
Il me suffit de fermer les yeux pour la voir sourire ou entendre son rire résonner dans mon cœur.
Blake était la rêveuse, celle qui croyait aux contes de fées et aux petits signes de la vie. Moi, plutôt la terre à terre, celle au caractère bien trempé qui ne s’en remet qu’aux faits. Tu veux un bon travail ? Démène-toi dans tes études. Tu veux voyager ? Gagne ton argent sans rien demander à personne. Nous étions heureuses et soudées. Tout nous souriait, jusqu’à l’été qui précéda notre entrée à l’université, à ma sœur et moi.