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Critique de Junie


Junie
24 décembre 2016
On peut pleurer sur le sort d'Alep.
On peut se lamenter devant les cohortes de réfugiés massés aux frontières et dans des camps, se révolter face aux milliers de morts, hurler contre les Puissances qui accablent un peuple exsangue, et celles qui laissent faire.

On peut aussi se creuser la cervelle pour essayer de comprendre comment les choses en sont arrivées là. Car depuis des décennies, le Moyen Orient nous offre des images de villes détruites, de populations prise en otages, de guerres civiles soutenues et alimentées par les armements et les intérêts occidentaux. Vaste échiquier où se joue une partie de jeu de massacres.

Beyrouth, Bagdad, Kaboul, Mossoul, Alep, villes martyres aujourd'hui. Villes de cauchemar qui firent autrefois l'émerveillement de leurs visiteurs venus rechercher l'exotisme oriental. Villes de rêve d'où provenaient la soie, les épices, le musc et le jasmin, les agrumes, l'ivoire et l'ébène d'Afrique, les pierres précieuses, les perles fines, les délicates porcelaines de Chine, les majoliques et les tapis d'Orient.
Les rues sont maintenant tapissées de bombes et recouvertes de gravats, les enfants jouent à la guerre ou se cachent sous terre, on se bat pour un sac de farine ou un bidon d'eau. Les écoles sont fermées, les hôpitaux détruits, les villages pillés ou désertés.
Pendant ce temps, des hommes (et seulement des hommes) font la guerre au nom de la foi, du profit, de l'honneur, de la patrie, du pouvoir, de la haine de l'autre. Ils se combattent souvent, puis signent des traités qu'ils ne respectent jamais, se défient, se menacent, se trahissent, font d'autres alliances, et se battent à nouveau.

Pendant ce temps, d'autres hommes (et surtout des hommes) font des fortunes colossales en vendant des canons, du pétrole, des avions, des navires de guerre, et des mines et des roquettes et des missiles et des fusils mitrailleurs et des drones et des bombes et du gaz toxique et des tanks et des camions blindés et des uniformes et des balles, et tout ce qui peut exploser, éventrer, écrabouiller, déchiqueter des êtres humains.

Pendant ce temps, la Croix-Rouge et le HCR distribuent des pansements et du mercurochrome.

Pendant ce temps, des lecteurs lisent avidement les trois volumes de Jean-Pierre Filiu et David B. "Nos meilleurs ennemis".



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