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Critique de 5Arabella


De 1830 jusqu'en 1843 Victor Hugo se consacre au théâtre. Hernani et la « bataille » que la pièce a provoquée en 1830 sont restées dans l'histoire de la littérature comme une date clé pour la reconnaissance de la littérature romantique en France. Le roi s'amuse en 1832 connaît une interdiction et n'a pas été un succès. Hugo ne peut donc pas faire représenter Lucrèce Borgia, conçue comme une sorte d'élément d'ensemble avec sa pièce précédente à la Comédie Française. Heureusement pour lui, Mlle George, une célèbre actrice de l'époque, est séduite par le rôle de Lucrèce, ce qui aidera Hugo à faire jouer sa pièce au Théâtre de la Porte Saint Martin en 1833. Une certaine Juliette Drouet tient le rôle de la princesse Negroni et ne quittera plus la vie du célèbre écrivain. L'auteur met lui-même en scène son oeuvre. La pièce connaît un grand succès, en partie sans doute à cause du côté sulfureux du sujet. La pièce est écrite en prose et elle est composée de trois actes.

Dans le premier acte, nous somme à Venise. Un groupe de jeunes gens, font la fête et se racontent des histoires, dont celle des Borgia et des crimes de cette famille, et tout particulièrement de Lucrèce. Un jeune capitaine d'origine inconnue, Gennaro, peu intéressé, s'endort. Mais voilà que lorsqu'il est seul, entre la terrible Lucrèce Borgia en personne, masquée. Elle contemple le jeune homme qui dort, et lorsqu'il se réveille, engage la conversation avec lui. Il lui parle de sa mère, qu'il ne connaît pas, mais qui lui écrit régulièrement. Lucrèce ignore qu'elle a été observée par son mari, qui pense que Gennaro est son amant. Les compagnons de Gennaro reviennent et malgré le masque, reconnaissent Lucrèce, et dévoilent son identité au jeune capitaine.

Dans la deuxième partie de l'acte, les jeunes gens se retrouvent en ambassade à Ferrare, la ville du mari de Lucrèce. Celle-ci a décidé d'en profiter pour se venger d'eux, alors qu'Alphonse, son époux aimerait en profiter pour faire tuer Gennaro dont il est jaloux. le jeune capitaine, moqué par ses compagnons à cause de l'intérêt qu'il a suscité chez Lucrèce profane son palais. Il est arrêté par les hommes du duc.

Dans le deuxième acte Alphonse projette la mort de Gennaro. Entre Lucrèce, furieuse de la profanation du palais, qui exige la mort du coupable. le duc produit Gennaro qui avoue d'être le responsable. Lucrèce n'arrive pas à décider son mari à relâcher Gennaro, il lui fait part de ses soupçons sur ses relations avec lui. Elle devra lui verser le poison. Alphonse endort la méfiance du jeune homme, qui a par ailleurs sauvé la vie du père du duc, et qui boit le poison. Mais Lucrèce revient, et explique à Gennaro qu'il est empoisonné, lui offre un contre-poison pour le sauver et le fait sortir du palais en lui faisant promettre de fuir Ferrare dans l'instant.
Mais Gennaro qui attend ses chevaux rencontre son frère d'arme, Maffio, qui le persuade de différer le départ pour participer à la fête donnée au palais de la princesse Negroni, où se trouvent tous ses amis.

Au dernier acte, nous assistons à la fête de la princesse Negroni. Les jeunes gens, à l'exception de Gennaro, s'enivrent outrageusement. Ils réalisent qu'ils ont été empoisonnés par vengeance par Lucrèce Borgia qui vient les narguer. Gennaro, bien qu'empoisonné, est moins atteint que les autres, mais il refuse le contre-poison, car il n'y en a pas assez pour tout le monde. Pour venger ses camarades, il poignarde Lucrèce, qui lui avoue à ce moment qu'elle est sa mère.

Une pièce sombre, dans laquelle Hugo a eu les Atrides comme modèle : une mère qui empoisonne son fils par erreur, un fils qui poignarde sa mère. L'époque romantique a mis à l'honneur les sujets historiques, nous sommes donc dans l'Italie de la renaissance, un tant soit peu légendaire, même si Victor Hugo s'est documenté consciencieusement sur l'époque et les personnages. Mais il lui faut surtout un cadre, fastueux et un peu exotique, des personnages intenses, extrêmes, monstrueux, au bord du gouffre. L'opposition est volontairement forte entre Lucrèce, meurtrière, incestueuse, maléfique, et son fils, parangon de vertu et de probité. La terrible Lucrèce n'a d'amour que pour ce fils qui ignore qu'elle est sa mère, qui ne veut surtout pas qu'il apprenne qui est sa mère, à la fois pour le protéger, mais aussi parce qu'elle a peur d'être rejetée.

La pièce est au final très simple dans son déroulé et dans les personnages qui n'évoluent pas, avec le drame que l'on sent inévitable dès le départ et qui avance inexorablement vers son dénouement, mais elle est d'une grande efficacité, avec des moments d'une grande intensité. L'immense beauté de la langue de Hugo fournit un écrin de rêve à ce sombre joyau.
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