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Critique de JIEMDE


Une photo.

Il a suffi d'une photo d'elle jouant nue aux échecs avec le génial – et rouennais - Marcel Duchamp pour qu'Eve Babitz accède au statut d'égérie internationale. La notoriété étant parfois aussi injuste que sélective, beaucoup – dont moi - s'en sont tenus à cela, passant de fait à côté de son statut d'écrivaine et de ses mémoires. Dommage puisqu'elle font référence pour témoigner du in (un peu) et du off (beaucoup) de ce que fut le L.A. des années 60 à 80. Carence réparée avec la lecture de Eve à Hollywood, traduit par Jakuta Alikavazovic.

À la chronologie généralement imposée par le genre, Eve préfère le pointillisme pour évoquer son parcours, posant ci-et-là quelques petites touches à décoder : parents et enfance sous le signe de la musique (une évidence quand on a Stravinsky pour parrain) ; étape du lycée et de cette jeunesse dorée qui l'attire et la désespère à la fois ; déclic de l'adolescence qui forge définitivement le caractère qui la guidera par la suite, résumé en trois mots : joie, légèreté, liberté.

La suite est tout sauf des mémoires, mais plutôt une succession de fulgurances évoquées à travers des lieux et des rencontres. L.A., Hollywood et ses lieux phares bien sûr mais aussi ses autres quartiers moins connus, puis New-York, Paris, Rome… Eve voyage et croise le monde, l'art, la fête, le cinéma, la drogue, la vie quoi !

Dès le début du livre et de ses 8 pages d'énigmatiques dédicaces (8 pages !), le ton est donné : décode qui peut ! Un ton revendiqué : « Vu que ceci est mon livre, et qu'on a connu l'avènement de James Joyce, pourquoi ne pas simplement me laisser faire à ma guise ? » C'est assumé et donc louable. Mais en devient vite excluant pour le lecteur européen du siècle d'après, qui tente de trouver sa place dans ces histoires finalement très intimistes où il ne rentre que très peu. Et ça finit par lasser…

Une légère déception donc, mais de ce livre de fulgurances, je retiendrai les plus touchantes : celles où Eve parle de littérature (Proust, Joyce, James, JCO et Virginia) ou décrit avec une fascination à peine dissimulée par la poésie des mots employés, cette cité qui n'a définitivement jamais fini de faire scintiller le coeur des anges, surtout lorsqu'ils sont libres, légers et joyeux !
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