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Note moyenne 3.39 /5 (sur 298 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 06/10/1979
Biographie :

Jakuta Alikavazovic est une romancière et traductrice.

Elle est née d’un père monténégrin et d’une mère poète bosniaque qui choisissent de s’installer en France dans les années 70.

Elle suit ses études à l'École normale supérieure de Cachan, séjourne aux États-Unis, en Écosse, en Italie. Agrégée d'anglais, elle enseigne à la Sorbonne tout en poursuivant une thèse sur "les cabinets de curiosités et les chambres de la mémoire".

D'abord auteur pour la jeunesse, elle publie en 2006 "Histoires contre nature", un recueil de nouvelles qui révèlent déjà un imaginaire original et une plume très prometteuse. L'année suivante paraît son premier roman, "Corps volatils", pour lequel elle reçoit le Goncourt du premier roman et des critiques très élogieuses.

En 2010, elle publie son second roman, "Le Londres - Louxor", confirmant non seulement son talent, mais également ses influences et inspirations, qui viennent aussi bien du roman noir, du cinéma muet, de l'architecture, que de l'histoire de ses propres origines. Il bénéficie d'un accueil très enthousiaste de la part de la presse et se retrouve dans la sélection du Prix du Livre Inter.

En 2012, elle publie "La Blonde et le Bunker", qui remporte la mention spéciale du jury du prix Wepler.

Elle est également l'auteur de trois livres pour enfants publiés à L'École des loisirs, et a traduit plusieurs ouvrages de l'anglais dont "L'enchanteur: Nabokov et le bonheur" de Lila Azam Zanganeh et "Au départ d'Atocha" et "10:04" de Ben Lerner.

De 2013 à 2014, elle est pensionnaire de la villa Médicis.

Son quatrième roman, "L'Avancée de la nuit", paru en 2017, est dans la sélection du prix littéraire du journal Le Monde, du Prix Medicis et du Prix Femina.

Twitter : https://twitter.com/jakutaalika?lang=fr
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Source : /livres.fluctuat.net
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Entretien avec Jakuta Alikavazovic à l`occasion de la sortie en poche de son ouvrage L`Avancée de la nuit

31/08/2018


Entre 2006 et 2012, vous avez publié un recueil de nouvelles et trois romans, aux éditions de l`Olivier. Ce dernier roman vous a demandé 5 ans de travail. L’enjeu d’écriture était-il différent cette fois ?

L`Avancée de la nuit m`a pris du temps, en effet. Mes quatre premiers livres, je les ai écrits dans une sorte d`urgence – et ce sentiment d`urgence a d`ailleurs été un outil de travail, un moteur. Cette fois, c`était différent et je me suis installée durablement dans l`écriture de ce roman. Peut-être parce qu`il touche à des questions intimes : l`identité, la transmission, la question de la liberté – féminine, surtout.


Vous situez la rencontre et l’épanouissement d’un coup de foudre dans des architectures qu’on pourrait penser impersonnelles et froides (parking, chaîne hôtelière). Est-ce une manière pour vous de ré-humaniser ces espaces, ou simplement un outil pour installer une atmosphère ?

Il se trouve que c`est le genre de lieux – « fonctionnels » et plutôt froids – où nous sommes nombreux à travailler ou à résider. L`idée qu`il faille « ré-humaniser » des espaces qui sont faits par les hommes et, a priori, pour eux : c`est quand même étrange, quand on y pense. Ces contradictions de la modernité m`intéressent. Par la force des choses, il se trouve que c`est souvent dans ces endroits que nous rêvons, que nous aimons. C`est notre désir qui les humanise. Ou même les érotise, comme pour Paul et Amélia. Ces architectures à la fois reflètent et façonnent l`esprit d`une époque. En littérature, on le voit bien, par exemple, chez James Graham Ballard ou Don DeLillo – deux romanciers que j`aime beaucoup.


Vos deux personnages principaux peuvent paraître prisonniers du passé de leurs parents, piégés par l’hérédité (classe sociale du père pour Paul, vie poétique et passionnée de la mère pour Amélia). Comment vous est venue cette envie de superposer les temps, et de hanter le présent ?

Par observation, tout simplement. Tout le monde a une histoire, non ? Mais la transmission ce n`est pas qu`une « prison » ou un « piège », au contraire c`est le sol sous nos pas, la ou les langues qu`on nous a apprises, les histoires qu`on nous a racontées et dont nous nous souvenons... D`ailleurs, Paul n`est pas tant « piégé » par la classe sociale de son père que par son silence, qui justement complique la transmission. On a tendance à considérer les fantômes, les hantises, comme des phénomènes inquiétants. Au point d`oublier, parfois, qu`ils sont en quelque sorte naturels, porteurs de présence et de mémoire. Sans doute, aussi, de créativité. L`Avancée de la nuit parle de ces héritages multiples, obscurs ou lumineux. Et de la façon dont ils façonnent, individuellement et collectivement, le monde dans lequel nous vivons.


L`Avancée de la nuit décrit la relation complexe entre deux amants, Paul et Amélia, et le glissement de leur amour passionnel vers une sorte d`épuisement réciproque. N’était-ce pas trop difficile émotionnellement de mettre cela en scène ?

La fin d`un amour appartient également à cet amour. Et elle en dit quelque chose, elle aussi. Pour les personnages que sont Paul et Amélia, la passion qu`ils vivent très jeunes évolue, les sentiments se transforment. Pour autant, un lien persiste entre eux. Les grands amours nous laissent quelque chose, de tangible ou non – ça peut être un enfant que l`on adore ou un regard plus riche, plus vaste, sur le monde... Et le fantôme d`un amour, c`est peut-être aussi une façon d`aimer encore.


Une phrase revient à plusieurs reprises dans le livre : « Si le monde est grand, on ne peut pour autant en sortir. » Elle m’a rappelé une citation de Philip K. Dick : « Si vous trouvez ce monde mauvais, vous devriez en voir quelques autres. » Etes-vous bien sûre de cette finitude du monde ? La littérature n’a-t-elle pas justement ce pouvoir de substituer une expérience du temps, de la durée, à une contrainte spatiale ?

« Si le monde est grand, on ne peut pour autant en sortir » – reste, alors, à le changer : c`est à cela que s`emploient mes personnages, en particulier celui de Louise dans la dernière partie du roman. Et c`est aussi cela, pour moi, la visée du roman.


Jakuta Alikavazovic à propos de ses lectures



Quel est le livre qui vous a donné envie d’écrire ?

S`il n`y en avait eu qu`un, je n`aurais sans doute jamais écrit..

Quel est le livre que vous auriez rêvé d`écrire ?

Disons La Montagne magique de Thomas Mann.

Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

En français, Blaise Cendrars. En anglais, William Faulkner.

Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Peut-être Le Tour d`écrou, d`Henry James. : une histoire de fantômes, ou une histoire de folie, ou les deux à la fois.

Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

J`ai enfin lu Dracula de Bram Stoker, je ne rougis donc plus de rien.

Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Je vais bientôt traduire l`Américaine Eve Babitz. En France, on ne la connaît encore que pour la photographie où elle joue (nue) aux échecs avec Marcel Duchamp, mais c`est avant tout une grande auteure.

Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Je ne dis plus de mal des classiques car j`ai découvert qu`un livre qui me déplaît un jour peut me plaire follement dix ans plus tard. Les classiques sont par définition des livres qui ont survécu : au temps, aux modes, aux humeurs individuelles.

Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« Moi, j`avais été invité pour de vrai » dit (en substance) le narrateur de Gatsby le Magnifique de Francis Scott Fitzgerald. J`y pense à chaque fois que je me demande ce que je fais là.

Et en ce moment que lisez-vous ?

Nina Allan. Son roman La Course, paru aux éditions Tristram, est une merveille.

Découvrez L`Avancée de la nuit de Jakuta Alikavazovic aux Editions de L`Olivier et en livre de poche aux éditions Points :



Entretien réalisé par Nicolas Hecht.


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Lecture par Constance Dollé Rencontre avec Jakuta Alikavazovic Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos Esther Greenwood est folle de joie lorsqu'elle décroche un stage dans un magazine de mode new-yorkais. Mais entre les cocktails et les rédaction d'articles, la vie d'Esther commence à lui échapper, notamment lorsqu'elle apprend que le prestigieux atelier d'écriture auquel elle a postulé l'a refusée. Dans la langueur de l'été 1953, elle sombre dans une brutale dépression et se fait interner. Ce roman semi-autobiographique de Sylvia Plath offre un regard intime, réaliste et déchirant sur la maladie mentale. Célébré pour son humour noir et son portrait acéré de la société patriarcale des années 1950, ce roman continue de résonner auprès des lecteurs d'aujourd'hui. « le silence me déprimait. Ce n'était pas le silence du silence. C'était mon propre silence. » La cloche de détresse, Sylvia Plath À lire - Sylvia Plath, La Cloche de détresse, préface de Jakuta Alikavazovic, trad. de l'anglais (États-Unis) par Caroline Bouet, éd. Denoël, 2023. - Janet Malcolm, La Femme silencieuse – Sylvia Plath & Ted Hugues, trad. par J. Alikavazovic, éd. du sous-sol, 2023.

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Citations et extraits (124) Voir plus Ajouter une citation
Le silence est un organisme. Il est vivant et il s'infiltre .
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Les musées nous ont habitués à l'idée que les oeuvres ont été faites pour être vues. Qu'elles sont faites pour la lumière, pour les regards. Notre passion du visible est devenue une passion de la visibilité. Les écrans ont fait pour nos corps et nos visages ce que les musées ont fait pour les oeuvres - ces écrans miniaturisés jusqu'à tenir dans nos poches, à nos poignets.
Les hommes qui, comme mon père, ont des secrets et les gardent semblent presque appartenir à un autre monde.
C'est une autre façon - temporelle, morale, plutôt que géographique - d'être étranger. Etranger à une époque où notre goût pour l'exposition a basculé dans celui de l'exhibition.
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C’est durant la guerre, en ex-Yougoslavie, dans les années 1990, que l’art classique - celui qui traverse le temps ; celui qui circule, qui est mis à l’abri ; celui qui se conserve et s’expose - a commencé à me paraître obscène. L’idée, même d’une valeur infinie de certaines oeuvres paraissait abjecte, puisqu’elle semblait suggérer que la valeur de certaines vies - certaines vie dont les siècles avaient fait bien moins de cas que ces bouts de Pierre, ces bouts de toile - ne l’était pas. Mais c’est aussi durant cette guerre que j’ai découvert l’art qui serait le mien. Un art peut-être activé dans mon cœur, dans mon cerveau, comme l’abstraction a pu l’être après la seconde guerre mondiale, par la peur. Cette peur intense qu’à la fois j’éprouvais et n’avais pas conscience d’éprouver alors.
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(...) Vous comprenez ce qu'est la jetée en spirale et, peut-être, ce qu'est la vie :son essence, son art, n'est ni dans la chose, ni dans son reflet, mais dans l'éternel va-et-vient de l'une à l'autre.
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Et toi, comment tu t'y prendrais, pour voler la Joconde ?avec un couteau.
Avec des fumigènes.
En l'enroulant au dos d'un chat ( sais-tu que les chats étaient utilisés comme des bombes au Moyen-Âge?)
en me déguisant en Vénus de Milo.
avec des explosifs.
Avec une machine volante (j'avais feuilleté l'une de ses biographie de Léonard de Vinci. )
Avec un ptérodactyle.
Ainsi, en spirale, progressant de l'idée la plus commune à la plus folle.
Et toi, comment tu t'y prendrais pour voler la Joconde? la question et ses réponses rythmaient l'après-midi, rythmaient la promenade, le jour tombait, et dans la lumière déclinante nous revenions peu à peu sur nos pas, et les scénarios les plus fous refluaient eux aussi, et nous retournions au point de départ. Avec des fumigènes.
Avec un couteau.
Même si, bien sûr, ce n'était pas exactement le point de départ, car quelque chose avait eu lieu, entre-temps et ce qui avait eu lieu, c'était la rêverie, c'était la tendresse. Et c'était le temps.
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Il ne voyait pas le mal dans le monde car il refusait de le voir . peut-être n'était ce pas conscient ,quelque chose en lui, disons, refusait de le voir. Il croyait qu'une identité pouvait s'inventer, se créer comme on crée une œuvre d'art et, comme une œuvre d'art, tout en étant créée de toutes pièces, ne jamais manquer de naturel. Il croyait que l'on peut se choisir des valeurs pour patrie. Les nationalismes lui répugnaient. Lui, il voulait vivre dans la beauté. Pour cela il était prêt à quitter son pays, sa famille, ses amis , sa langue celle dans laquelle il voyait les couleurs.
Je suis venu à Paris pour le Louvre, l'ai je souvent entendu dire.
Mais, s'il faut être honnête, je l'ai aussi entendu dire: je suis venu à Paris pour le steak tartare
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Mais comment parler à une enfant, une toute petite enfant, dans une langue étrangère ?comment parler à sa fille dans une langue neuve une langue dans laquelle on a même pas 10 ans de plus qu'elle? dans laquelle on ne voit pas les couleurs?
fallait-il renoncer à cela aussi, la douceur, l'affection, le naturel avec lequel les mots tendres, les mots d'encouragement, d'amour, montent aux lèvres ?ces mots qu'il me disait et qui était le seul lien qu'il avait gardé, et aimer garder, avec sa vie d'avant?
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" Après le divorce ma mère m'a laissée avec mon père par ce qu'elle avait mille raisons de vivre quand lui n'a que moi."
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« Lui, la tête lui tournait de toute son ignorance.Au fond il vécut son premier amour comme une détresse , un deuil aigu de tout ce dont il avait ignoré l’existence, de tout ce qui lui avait manqué jusque- là sans qu’il sache même que cela lui manquait , une nostalgie le dévorait qu’Amélia ne pouvait pas comprendre. »
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Cette petite ne parlera jamais français. Et lui me l’avait raconté. N’avait pas pu s’en empêcher. Pas tout de suite, bien entendu. Pas sur-le-champ, à l’époque où en effet je ne parlais pas français, où je ne parlais d’ailleurs pas du tout. Mon père n’était pas cruel. Il a attendu non seulement que je le parle, le français, mais que je l’écrive. Que j’obtienne le Goncourt du premier roman. Alors il me l’avait dit. Mon succès, si modeste fût-il, était sa revanche ; et j’avais compris combien ma main, celle qui encore aujourd’hui écrit au stylo – combien cette main que je croyais mienne, et qui l’était, était aussi celle qui prolongeait, qui achevait un bras que je croyais mien, et qui l’était, mais qui en même temps était le bras de mon père.

Le bras armé de mon père.
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