Germaine Tillion, la vie comme un combat

Au lieu de tenter de faire perdre de vue leurs tourments à ses codétenues, elle va les y confronter en débusquant tout ce qu'il peut y avoir d'absurde, et donc de drôle, dans ce qu'elles subissent. Ainsi leur inventa-t-elle un moyen de mieux supporter leur souffrance, en faisant simplement renaître les sourires sur leurs lèvres.

Dans les camps de concentration, des poèmes déchirants furent écrits, des portraits poignants dessinés mais il n'y eut qu'une opérette. Le trait de génie de Germaine : au lieu de tenter de faire perdre de vue leurs tourments à ses codétenues, elle va les y confronter en débusquant tout ce qu'il peut y avoir d'absurde, et donc de drôle, dans ce qu'elles subissent. Ainsi leur inventa-t-elle un moyen de mieux supporter leur souffrance, en faisant simplement renaître les sourires sur leurs lèvres.

Les relents âpres de la mort qui flottent au-dessus de Ravensbrück piquent la gorge de Germaine dès la descente du train qui l'y a conduite. Comme tout le monde ici, elle sera frappée par de multiples maux. Mais elle se souvient de l'ordinaire ardu dans les Aurès. Et elle va lutter car, en son for intérieur elle s'est chargée d'une mission au sortir de cet enfer, elle témoignera de la barbarie.

Germaine n'est pas une petite nature. Elle, qui a connu d'aisance d'une famille bourgeoise, emménage, seule, dans une grotte ouverte aux vents de sable sahariens.