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Critique de gill


Ce livre est né de l'amour pour le Théâtre.
C'est pour le moins une bonne raison.
Il contient trois pièces : "cellule 107", "les briques rouges" et "C.3.3.".
Et son auteur, Robert Badinter, y propose au lecteur d'en devenir, par la grâce de l'imagination, le metteur en scène et l'acteur de chacun de ces trois morceaux de scène.
"Frappons les trois coups !
Instant magique, le rideau se lève" : nous dit-il ...
Le premier lever de rideau est une conversation sans témoin, un dialogue imaginé, entre Pierre Laval et René Bousquet lors de la nuit précédant l'exécution du premier de ces deux hommes.
Le décor est celui de sa cellule, dans le quartier des condamnés à mort de la maison d'arrêt de Fresnes.
Robert Badinter fait ici preuve d'avoir une belle plume, élégante, fine et intelligente.
Il fait preuve aussi d'une grande connaissance de l'âme humaine et des arcanes politiques.
Le dialogue est policé, retenu entre ces deux hommes qui, au fond, ne semblent pas s'estimer, mais qui ont ensemble touché le fond de la compromission, de l'infamie et du crime.
La conversation est éclairante sur la personnalité de chacun d'eux et sur le rôle tenu durant les années d'occupation.
Robert Badinter réussit à faire passer dans le verbe toute la complexité et l'ambiguïté de leurs relations.
Et, à l'épilogue de la pièce, par l'introduction de nouveaux personnages, par un procédé dramatique astucieux, l'auteur de la pièce place finalement l'accusé devant un dernier tribunal.
Cette pièce, tragique et sensible, est peut-être un peu trop pathétique sur sa fin ?
Mais la vie, parfois, ne l'est-elle pas aussi ...
La deuxième pièce, "les briques rouges de Varsovie" est précédé d'une brève histoire du ghetto pour la rendre plus intelligible et compréhensible au lecteur d'aujourd'hui.
L'action se déroule en mai 43, aux derniers jours de l'insurrection.
Quatre personnages se font face, cernés par les allemands dans un grand atelier sous le toit d'un grand atelier : un rabbin, Schmiele un ouvrier tailleur bundiste, Jo un policier juif et Rivka une étudiante sioniste.
Ces quatre personnages, portés ici par le ressac d'une immense tragédie, représentent pour l'heure ce qu'il reste d'un monde juif tiraillé entre la soumission, l'espoir, la révolte et la soif de vivre, le tout porteur d'autant de désespoir.
La pièce est poignante.
Elle porte les dissensions qui apparaissent par dessus le martyr commun.
Elle pose une profonde interrogation métaphysique : si l'éternel n'est pas notre Dieu, peut-il être celui, monstrueux, de notre bourreau ?
Ici, le pire voisine avec le meilleur.
Mais l'âme humaine n'est-elle pas ainsi faite ? ...
La troisième est dernière pièce du recueil a pour titre "C.3.3.".
Elle s'intéresse au destin judiciaire d'Oscar Wilde et pose, par dessus l'intelligence et la précision du récit, une question fondamentale : comment une justice, respectueuse du droit, largement approuvée par la conscience collective, peut-elle nous apparaître, un siècle plus tard, si injuste ?
Là encore, Robert Badinter signe une pièce magnifique.
Devenu belle plume de Théâtre, le grand homme politique, en avant-propos, a promis, ou presque, un deuxième recueil, intitulé "Théatre II", ce serait nous offrir encore après tout ce qui a été donné déjà ...
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