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Critique de jean_reve


Pendant une semaine entière, trois femmes, une imane, une rabbin et une pasteure ont dialogué autour de leurs vies et de leurs religions.

Elles ont d'abord retracé leur parcours depuis leur enfance jusqu'à leurs responsabilités actuelles. Chacune provient d'une famille où la religion était vécue de façon ouverte, heureuse, voire joyeuse. Lorsqu'elles lisent les textes du Coran et de la Bible, elles le font avec une intelligence et une liberté que leur donne l'étude historico-critique. Elles n'hésitent pas à pointer les incohérences, à corriger les erreurs de lecture, à citer les contextes. Kahina Bahloul montre que « les hommes se sont approprié le discours religieux et l'interprétation des textes » et lit que le statut de Marie dans le Coran est celui d'une prophétesse et d'une enseignante. Emmanuelle Seyboldt n'est pas en reste en relisant le chapitre 11 de la 1ère lettre aux Corinthiens et en mettant en valeur la situation des femmes dans la communauté de Corinthe et la volonté de Paul que le culte puisse accueillir les non-croyants. Elle en conclut que « faire taire les femmes aujourd'hui est exactement le contraire de l'intention de Paul« . Floriane Chinsky se rappelle la première fois qu'on l'a appelée à monter à la Torah et, se basant sur un passage du Talmud, traité Meguila, affirme que « tout le monde est habilité à monter à la Torah [lors du culte à la synagogue] même une femme, même un mineur ».

Ces femmes, libérales dans leur pratique de la religion, abordent sans tabou la question du contrôle du corps de femmes. Elles citent les textes pour monter que Dieu n'a rien à y voir et que c'est le résultat des siècles de domination masculine et du poids du patriarcat. Sur la question de la place des femmes dans leurs religions, elles admettent que la conquête de l'égalité n'est pas gagnée, qu'on « oublie » de lire certains textes en les recontextualisant, qu'il y a la barrière des représentations mentales. Une lecture contemporaine et éclairée des textes a nettement tendance à mettre les femmes en avant. On regrettera l'absence d'une catholique sur cette question !

Il faut encore évoquer leurs discussions sur le sacré, sur la contemporanéité des trois religions, sur le Dieu en qui elles croient, sur la fidélité, l'impureté, le plaisir…

Le chapitre sur l'étude hsitorico-critique des textes recueille leur plein accord : »pour que le texte prenne sens, qu'il soit vivant, il faut qu'il soit expliqué et proclamé » dit Emmanuelle Seyboldt. Floriane Chinsky rappelle qu'il y a deux versions des Dix commandements comme si « le rédacteur tenait à ce que nous gardions l'esprit critique ». On est loin des lectures littérales !.

Ces trois femmes, ministres et théologiennes, posent un regard neuf sur les religions qui, depuis leurs fondations, se sont sclérosées. Leur vision est libérale, certes teintée de féminisme, mais surtout profondément humaniste. Elles ne renient pas leurs différences d'interprétations et de pratiques, adorant un Dieu unique, elles sont presque totalement en accord. Elles prouvent qu'un dialogue inter-religieux détendu et respectueux est possible, et qu'il est d'une grande fécondité.
La lecture de ce livre est plus aisée que ne laissent augurer les thèmes abordés. C'est un livre plein d'espoir, enrichissant et réjouissant.
Lien : https://lecturesdereves.word..
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