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Critique de Myriam3


En 1987, l'Irlande n'était pas encore une destination prisée comme aujourd'hui, alors ne parlons pas de l'Irlande du Nord! Pourtant, Nicolas et Christophe, deux ados, décident, grâce aux relations de leur enseignant, d'y passer un séjour linguistique de deux mois. Eux et leurs familles ont bien entendu parler de conflits entre catholiques et protestants mais ne s'inquiètent pas outre mesure: en 1987, l'Europe en a fini avec la guerre depuis déjà belle lurette.
Après un long et compliqué voyage qui les fait passer par la Belgique et l'Ecosse, les deux garçons arrivent dans la famille des Devlin: bonne ambiance assurée grâce à Martha, chaleureuse et drôle, et Henry, très populaire dans ce quartier catholique. Malheureusement, Christophe - Chris en Irlande, va devoir s'installer dans le quartier protestant auprès de la famille Nicholl dont le père est bien moins sympa, tout ça parce que leur prof préférait séparer les deux garçons afin qu'ils progressent plus vite.
Peu de temps leur sera nécessaire pour qu'ils aient une idée de ce qui se passe réellement à Belfast à cette époque: des camions blindés stationnent autour du quartier catholique encerclé comme un ghetto, surveillé par des soldats britanniques s'amusant à faire peur aux enfants avec leurs armes. Enfin, des miradors surplombent le tout. Les habitants du quartier, les jeunes surtout, quotidiennement humiliés, sont révoltés et dangereusement remontés contre l'armée britannique et les protestants en général. le fils de la famille Devlin, 12 ans, n'hésite pas à les insulter et à leur lancer des pierres, tout comme ses copains.
Du côté protestant, l'ambiance est plus calme et les jeunes semblent plus distanciés quant à cette situation intenable, c'est du moins ce que les garçons peuvent témoigner de leurs rencontres, de jolies irlandaises entreprenantes, pour leur plus grand plaisir.
Les trois quarts du récit sont grandement autobiographiques: Kris se remémore son propre voyage à Belfast avec un copain, et il écrit le scénario, dans lequel j'inclus dialogues, attitudes et anecdotes, avec une grande justesse. On y croit, tout simplement. Là où ça se complique un peu, c'est dans la partie imaginée pour étoffer l'intrigue: je n'ai pas eu besoin de savoir à quel moment le récit changeait pour le comprendre, car je n'y ai pas cru.
Cette bande dessinée m'a ramené aux années 80-90 où l'on commençait à voir les images de cette violence urbaine en pleine Europe, de cette injustice profonde et intolérable.
Depuis, j'y suis allée - après le cessez-le-feu-, et j'y ai retrouvé cette violence encore inflammable et ces camions blindés impressionnants. Dans certains quartiers, on retient sa respiration tant la haine est encore présente.
Bref, c'est une bonne BD, à la fois juste et témoignant d'une histoire contemporaine proche de chez nous. le livre se termine par quelques pages de différents témoignages sur la situation nord-irlandaise, notamment par Sorj Chalandon, auteur de Retour à Killibegs et Mon traitre.
Un petit plus pour les illustrations de Vincent Bailly, très agréables et expressives.
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