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Critique de MarianneL


Vaughan, ancien présentateur télé totalement narcissique, au physique couturé de cicatrices après un accident de la route, traque jour et nuit les accidents de voiture, la vision des victimes meurtries par la ferraille qui lui procurent un plaisir érotique violent. Branché sur la radio de la police, porté par cette sexualité obsessionnelle et démente, il photographie, détaille, et jouit devant les images des calandres arrachées et des blessures humaines ; et il fantasme sans fin sur un accident qui déchiquèterait les chairs d'Elisabeth Taylor.

Le narrateur de « Crash ! », lui-même appelé James Ballard, après son implication dans un accident de voiture, se transforme. Il commence lui aussi à percevoir le potentiel sexuel des catastrophes routières. Il devient obsédé par Vaughan, ne peut plus s'en défaire.

Le récit est dur, dérangeant, fascinant, comme une anthologie des perversions possibles. Déchirements de la chair, blessures comme des orifices, liquides et secrétions qui sont exposés sans cesse à notre voyeurisme, avec des scènes de sexe comme ritualisées, un choix des mots brutal et sans sensualité.

On imagine le scandale que put provoquer Crash en 1973, dans cet univers qui n'est pas vraiment le futur mais un monde juste au-delà des frontières de la folie du nôtre, un paysage-machine entièrement urbanisé, un monde comme une épave, violent, voyeur et suicidaire.

Inspiré par Genêt, par Burroughs, et par un monde moderne dominé par des technologies sinistres, par la pornographie et la paranoïa, Ballard déploie un éventail hallucinant de perversions, qui irritent ou fascinent, dans ce roman malgré tout porté par la beauté de son écriture. Finalement, on se retrouve piégé, voyeur enchaîné dans un récit mortifère.
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