AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,68

sur 4377 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Encore un livre lu il y a longtemps et qui m'avait alors passionné. Je viens de le relire avec un toujours aussi grand plaisir …

Balzac jette, ici, son regard acéré sur une petite ville de province, Saumur. le genre de petite ville, à l'écart des grandes villes et loin de Paris, où la vie semble assoupie. Délicatement, il nous fait pénétrer dans les vieux quartiers en contrebas du château qui domine la ville puis dans une maison "de faible rapport" où vit la famille Grandet. Et d'ailleurs, cela s'explique bien par le fait que le père Grandet n'est qu'un tonnelier au départ. Il va s'enrichir à la suite de successions opportunes, de placements opportunistes et d'un flair peu commun. Mais, dans nos provinces, on garde l'argent et on ne le dépense pas. On n'en parle pas non plus. Donc pas de raison de changer de maison ou de standing. Quitte au petit monde de Saumur de supputer, estimer, envier, exagérer peut-être la vraie fortune du bonhomme. Mais le regard De Balzac poursuit sa route et nous laisse découvrir les capacités financières et surtout la passion avaricieuse de Grandet pour l'or.

"Financièrement parlant, M. Grandet tenait du tigre et du boa".

Dans l'ordre d'apparition dans le roman, Balzac commence par les relations de la famille Grandet, Cruchot (le notaire et le droit), de Grassins (la finance), puis Madame Grandet, puis Nanon la servante et termine enfin par Eugénie. Une fleur en bouton.

Ainsi se met en place le roman dont on comprend peu à peu les ressorts et modes de fonctionnement de tous ces gens. Eugénie devient un enjeu familial entre Grandet, Cruchot et de Grassins qui ont, comme par hasard, un garçon à marier. Enjeu dont on parle, qu'on laisse miroiter, qui est envisageable sous réserve que…

Arrive le cousin Charles, jeune gandin en provenance de la Capitale et voilà qu'il agit comme un révélateur de l'avarice et du comportement de Grandet, de la peur à laquelle il soumet sa famille et du coeur d'Eugénie qui se met soudain à battre. le roman prend alors une dimension presque tragique.

On se rend compte que la vie de province telle que décrite par Balzac, qu'on retrouvera dans bien d'autres romans, est très contraignante notamment pour les femmes qui n'ont guère d'horizon et qui n'ont pas ou peu d'occasions de s'épanouir par elles-mêmes. Ce qui doit bien correspondre à une réalité corsetée par le "paraître", les exigences de la religion et le "qu'en dira-t-on". Rares sont les romans De Balzac où comme dans la Rabouilleuse, une femme parvient à fuir et à se faire une situation par elle-même. Eugénie était une fleur en bouton ; à l'arrivée de Charles, elle vient d'éclore puis se met à attendre comme une jeune fille de la bourgeoisie saumuroise se doit d'être.

Si au début du roman, Eugénie est naïve et crédule, elle mûrira sans pour autant pouvoir ou vouloir s'émanciper. On retiendra du personnage d'Eugénie Grandet une force de caractère se traduisant par un équilibre entre son côté romanesque et son côté réaliste qui la rend très crédible voire admirable aux yeux du lecteur. Par exemple, elle trouvera les moyens pour convaincre sa mère et Nanon, terrorisées, de passer outre les contraintes et l'avarice de son père sans oublier, évidemment, son comportement plein de dignité et même de grandeur lorsque Grandet découvre qu'elle a fait don de ses louis d'or.

J'aime bien ce roman où Balzac nous laisse entrevoir à la fin une Eugénie qui ne tombe pas dans le vice de son père, qui paraitrait "parcimonieuse si elle ne démentait la médisance par un noble emploi de sa fortune". Et puis j'aime la fin ouverte que Balzac nous propose où l'histoire d'Eugénie n'est pas forcément terminée…

Commenter  J’apprécie          30
Vraiment, Balzac n'a pas son pareil pour dépeindre l'âme humaine. Ce que j'aime de cet auteur c'est que ses personnages restent fidèles à leur nature jusqu'à la fin; pas de changement de personnalité improbable ou de retournement insensé. Ainsi le père Grandet meurt comme il a vécu, Eugénie reste fidèle à son coeur et finit sa vie comme elle a été élevée et Charles qui a été gâté dans sa jeunesse se comporte de fa façon logique avec ce que son éducation a fait de lui.Une chose cependant m'a particulièrement frappé: c'est la façon dont le père Grandet feint la pauvreté alors qu'il est riche à millions. J'ai déjà observé ce comportement dans la vraie vie de la part de personnes avaricieuses et ça m'a toujours fasciné. Je me suis demandé pourquoi ce comportement alors que chacun sait que cette pauvreté est feinte. Peut-être est-ce pour écarter les quémandeurs ou est-ce la peur de perdre le moindre sous.

Balzac demeure mon auteur favori dans la littérature classique et je ne suis pas à veille d'avoir tout lu ce qu'il a publié. Des heures de bonheur de lecture devant moi.
Commenter  J’apprécie          60
Ça y est, j'ai enfin lu Eugénie Grandet jusqu'à la dernière page et lavé ainsi mon honneur !
Et le plus curieux, c'est que, lors de cette deuxième tentative, j'ai adoré ce roman pour les raisons mêmes qui, la première fois, me l'avaient fait abandonner : l'absence quasi-totale d'une intrigue, le huis clos, l'atmosphère…

Eugénie Grandet évoque plus un tableau de maître qu'un récit, qu'un enchaînement d'événements menant à une sorte de dénouement définitif. En s'en tenant à une intrigue rudimentaire et presque anecdotique (qui épousera Eugénie et mettra ainsi la main sur les millions du père ?) et en circonscrivant l'essentiel de l'action en un seul et même lieu (une sombre et lugubre demeure du vieux Saumur), Balzac peut se concentrer sur ce qui lui importe vraiment : peindre des caractères, des sentiments et des obsessions, faire ressortir avec plus de relief ce qui oppose ses très symboliques personnages, notamment l'avare et l'innocente, et, plus largement, décrire et moquer les mentalités bourgeoises d'une petite ville de province.

Le roman s'articule autour de deux passions qui fonctionnent à l'inverse mais sont si étroitement liées qu'elles constituent les deux faces d'une seule et même pièce : celle du père Grandet pour l'argent, qu'il ne cesse d'accumuler dans des sacs et des barillets, ne lui apporte que jouissance (la nuit, quand tout le monde dort, ce mari et père despotique s'enferme dans son cabinet pour caresser voluptueusement ses écus de la main et du regard), tandis que la passion de sa fille Eugénie pour son cousin Charles parti pour les Indes, tout aussi excessive mais bâtie sur des fondations bien plus illusoires, n'est qu'attente et frustration. le premier est chaque jour plus riche et plus heureux ; l'autre, dont l'amour pour l'absent finit par prendre des allures de deuil ou d'expérience mystique, s'enfonce dans la mélancolie (mais puise aussi dans son amour un certain courage qui lui faisait jusque-là défaut). Chacun de ces deux personnages, et c'est en cela qu'ils se ressemblent et se répondent, s'est cloîtré dans sa propre chapelle où il célèbre et cultive secrètement son trésor, l'or pour l'un, la fidélité pour l'autre.
Eugénie Grandet est autant un roman d'argent qu'un roman sur l'amour (et non un roman d'amour). Et ce n'est certainement pas le roman austère et déprimant que j'avais entrevu lors de ma première tentative avortée car, derrière son atmosphère figée et étouffante, on découvre une corrosive satire des moeurs de province et on se surprend fréquemment à sourire. Non du père Grandet (qui n'est certainement pas un personnage comique comme peut l'être Harpagon, l'autre illustre avare de la littérature française) mais des bourgeois de Saumur (les Cruchot et les Des Grassins) et de leurs manoeuvres, sournoises mais transparentes, pour mettre la main sur Eugénie et les millions.
C'est aussi un roman de rédemption puisque Eugénie, malgré son triste destin de femme incomplète, dépouillée de l'amour qu'elle s'évertuait à thésauriser, rachètera son père par sa générosité.

En guise de conclusion, je reprendrai à mon compte les mots du philosophe Alain : Eugénie Grandet est un roman où « tout est grand […], sans que rien ne bouge. »
Cela dit, ce n'est probablement pas le premier titre que je conseillerais à tous ceux qui cherchent à entreprendre l'ascension de la Comédie humaine : ce n'est pas un camp de base, c'est un sommet.
Commenter  J’apprécie          63
Eugénie est la bonté incarnée, travailleuse, qui n'attend rien en retour,
Sa mère est aimante, mais désabusée,
Son père est avare et despote,
Elle est entourée de deux hommes et de leurs familles qui ne voient en elle que la richesse du père,
Les des Grassins, entre politique et monde des affaires, avec des déconvenues,
Les Cruchot, dans la sphère du droit, du notariat au tribunal, sans attrait,
Un troisième arrive, Charles, le neveu ruiné, aimé, qui n'a pas conscience de la fortune de l'oncle,
Le premier éclipsé, le deuxième effacé, le troisième disparaît,
Une vie d'une grande tristesse pour une jeune femme qui aurait mérité mieux,
Un propos sombre qu'on découvre dès l'incipit,
Une écriture et une caractérisation des personnages magnifiques,
Un classique à lire et relire, pour le style, mais pas pour la fin heureuse…



Commenter  J’apprécie          273
Je me permets d'ajouter ma critique personnelle à ce roman, en espérant qu'elle apporte quelque chose à celles déjà disponibles.
Comme sans doute beaucoup d'entre nous âgés d'un 'certain âge', Balzac m'a été imposé au Lycée, et ce souvenir douloureux m'a découragé de lire d'autres romans de cet auteur par la suite.
Trente ans plus tard, je découvre à quel point Balzac est un maître, la comédie humaine porte bien son nom, puisque ses écrits peignent avec finesse, style et mesure les caractères humains.
On retrouve ici le père ladre, la mère effacée et résignée, la fille (Eugénie Grandet) étouffée mais courtisée par des ambitieux qui recherchent plus à conquérir sa fortune d'héritière plus que son coeur. Las, dans ce tableau provincial fait irruption un cousin parisien et déshérité, mais qui séduit Eugénie, qui s'engage dans un serment amoureux qui scellera son avenir.
La force de ce roman est de grandir l'intensité à pas mesurés, de ciseler chaque étape par un choix de mots et un cadre remarquables. Balzac n'est pas ennuyeux, Balzac réussit à nous entraîner dans une histoire banale qu'il rend dense, riche et vive par son talent de conteur mais aussi d'auteur.
A l'heure ou la surenchère d'artifices rend certains romans tragiques indigestes, que grâce soit rendue à Balzac pour nous faire savourer une intrigue simple, sans drame superflu ou vaste complot.
L'art le plus noble se révèle parfois dans ses réalisations les plus simples...
Pour information, j'avais lu 'les illusions perdues', récemment porté à l'écran. Ces romans me portent à lire encore du Balzac...
Commenter  J’apprécie          60
Le film passe actuellement sur Cine+ Premier ! L'occasion de revoir ce fameux père Grandet, qui embarque tout son entourage dans sa folie (l'inverse des grandeurs), sans demander le consentement à qui que ce soit. Olivier Gourmet campe à merveille ce patriarche manipulateur et violent. Balzac a choisi une thématique bien intemporelle, l'avarisme, qui touche encore probablement aujourd'hui du monde, surtout à la campagne. Et ce malgré le monde consumeriste dans lequel nous vivons.
Commenter  J’apprécie          132
Balzac fait revivre sous nos yeux la vie provinciale du 19ème siècle sans que les descriptions à rallonge ne ralentissent la narration et je trouve que le suranné et le vocabulaire soutenu siéent au personnage éponyme, à contre-courant de son époque. La constance d'Eugénie dans son refus du compromis, sa capacité à agir selon ses convictions et sa résistance au monde du paraître la rendent à la fois universelle et intemporelle, bien au-delà des propos politiques du récit.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
Commenter  J’apprécie          130
Eugénie Grandet
Balzac (1799-1850)
Félix Grandet a le sens des affaires et une avarice maladive. Tonnelier depuis 1789, puis maire de Saumur, farouche républicain et patriote, propriétaire des plus beaux vignobles de la région, d'une vieille abbaye et de plusieurs métairies, il a fait fortune et vit de ses rentes et de ses transactions incessantes en faisant fructifier cette fortune, laissant croire à sa femme, sa fille Eugénie et la servante Nanon qu'il exploite féodalement, qu'ils ne sont pas riches.
Sa femme qui a vingt ans de moins que lui est réduite à un ilotisme complet de par son despotisme et la terreur qu'il fait régner dans la maison. Il faut savoir que chaque jour, Grandet distribue lui-même la chandelle de chacune des femmes de même que la portion de pain et les denrées alimentaires !
Eugénie Grandet âgée de vingt-trois ans, seule héritière, de fait apparait comme un beau parti et les notables se bousculent qui la courtisent. Elle est encore sur la rive de la vie où fleurissent les illusions enfantines. Eugénie est une jeune fille innocente et naïve et ne voit pas le manège jusqu'au jour où arrive à la maison Charles Grandet, un jeune dandy parisien, neveu de Félix Grandet .
Charles, âgé de vingt-deux ans, est envoyé chez son oncle par son père, riche négociant à Paris qui a fait faillite. C'est en sa cousine à l'âme tendre que Charles va trouver le réconfort lorsqu'il apprend le suicide de son père. Peu à peu les deux jeunes gens s'éprennent l'un de l'autre en secret.
« Charles s'aperçut en contemplant Eugénie, de l'exquise harmonie des traits de ce pur visage, de son innocente attitude, de la clarté magique de ses yeux, où scintillaient de jeunes pensées d'amour, et où le désir ignorait la volupté… Leurs yeux exprimaient un même sentiment, comme leurs âmes se fondaient dans une même pensée : l'avenir était à eux…Charles lui prit la main, l'attira sur son coeur, la saisit par la taille, et l'appuya doucement sur lui. Eugénie ne résista plus, elle reçut et donna le plus pur, le plus suave, mais aussi le plus entier de tous les baisers.»
Mais le père Grandet veille et va réussir à éloigner le cousin trop entreprenant au grand désespoir d'Eugénie, en l'expédiant aux Indes. Les deux amoureux se promettent alors un amour perpétuel…
Les drames ne vont pas tarder à envahir la vie de la tendre Eugénie, la tyrannie et le despotisme forcené de l'avare Père Grandet rendant la vie des trois femmes, la mère, la fille et la servante, insupportable.
Dans ce beau et terrible roman paru en 1834, Balzac peint sans concession et de façon saisissante les moeurs d'une époque et surtout la tyrannie d'un père avare à l'encontre d'une femme résignée et d'une fille à l'âme romantique.
Commenter  J’apprécie          60
- EUGÉNIE GRANDET -

un vrai coup de coeur pour ma part, dans un roman assez cours, Balzac arrive à nous faire ressentir la tristesse de Eugénie et sa fidélité après 6 ans d'absence de son cousin. Ou encore, ne pas être compris par son père qui ne pense qu'a l'argent et à voir les chiffres doubler. Aussi Balzac nous montre a qu'elle point les personnes sont prêtent à faire pour de l'argent comme par exemple les deux rivalité des familles Grassins et Cruchot.

Ce livre nous montre les mentalités française des provinces aux XIX siècles. C'est par une grande émotion que j'ai dévorée ce court livre. Nous pouvons voir une sorte de ironie des personnages qui est le principal de travaille De Balzac. Mais sur ce livre, je ne vais pas parler de comédie mais d'une tragédie ironiser. Comme à mon habitude, je vais vous faire mon propre résumée:

Saumur en novembre 1819 à la fête d'anniversaire de Eugénie, la fille d'un riche tonnelier. Arrive son cousin, Charles qui arrive de Paris ruinait par son père. Orphelin et sans argent, Eugénie décide d'aider son cousin contre la volonté de son père. Charles partit aux Indes et promet de revenir à ses cotées. Mais 6 ans sont passées...

Carlaines
Commenter  J’apprécie          70
Je ne dirais qu'une chose : Balzac m'avait toujours semblé difficile à lire, il faisait partie de ces auteurs classiques qui demeuraient hors de ma portée - contrairement à Maupassant - Zola - Stendhal - Flaubert...
Avec "Eugénie Grandet" j'ai rencontré le génie Balzacien et je ne peux que m'en réjouir. Quelle subtilité dans la description des sentiments ! Quel humour corrosif dans l'étude des caractères ! Un bonheur de lecture, tout simplement.
Commenter  J’apprécie          172




Lecteurs (23354) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous La Peau de Chagrin de Balzac ?

Comment se comme le personnage principal du roman ?

Valentin de Lavallière
Raphaël de Valentin
Raphaël de Vautrin
Ferdinand de Lesseps

10 questions
1316 lecteurs ont répondu
Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur ce livre

{* *}