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Critique de Lamifranz


« Illusions perdues » est peut-être le meilleur roman De Balzac. En tous cas c'est certainement un des plus « balzaciens ». A travers la destinée de Lucien de Rubempré, un « enfant du siècle », il dépeint, comme personne avant lui, la société de son temps, qu'elle soit provinciale ou parisienne, populaire ou mondaine.
« Illusion perdues » occupe dans la « Comédie humaine » une place centrale, et ce, à plus d'un titre : chronologiquement, le roman (1837-1843) se place 8 ans après « le dernier Chouan » (1829) (premier titre) et 12 ans avant « Les Paysans », (dernier titre). du point de vue littéraire, le roman brasse tous les grands thèmes qui jalonnent la « Comédie humaine » : la destinée d'un personnage, à la fois héros et antihéros, évoluant dans des milieux différents, mais qui chacun représente un microcosme, où se mettent à jour (de façon plus ou moins évidente) les qualités et les défauts, les réussites et les échecs, les ambitions (légitimes ou pas) et les… illusions perdues. Enfin Balzac écrit un roman encore romantique par certains côtés, et déjà réaliste par d'autres, le chaînon entre Musset et Flaubert
« Illusions perdues » se présente comme une trilogie : « Les deux poètes », « Un grand homme de province à Paris » et « Les souffrances de l'inventeur »
A Angoulême, David Séchard et Lucien Chardon rêvent de poésie. Eve, la soeur de Lucien, épouse David qui prend la succession de son père à l'imprimerie familiale. Lucien, à qui un début de succès a tourné la tête, se laisse séduire par Mme de Bargeton et part avec elle à Paris.
Dans la capitale, Lucien de Rubempré (il a pris le nom de sa mère), a du mal à démarrer une carrière littéraire. Il s'essaie au journalisme et apprend la compromission. Tiraillé entre une carrière littéraire pure mais ardue, et une carrière journalistique plus facile mais moins honnête, il se laisse tenter et finit par tout perdre, professionnellement et sentimentalement. Mme Barjeton, déçue l'a quitté. Coralie, une jeune actrice qui l'adore, tombe malade et meurt. Désespéré, ruiné, brouillé avec tout le monde, il rentre à Angoulême.
A Angoulême, David, inventeur d'un nouveau procédé pour faire du papier, se voit spolié par des concurrents. Mis en faillite par ceux-ci et aussi mis en cause par une indélicatesse de Lucien, il est arrêté. Désespéré, Lucien songe au suicide. C'est alors qu'un mystérieux abbé, Carlos Herrera (qui n'est autre que Vautrin), lui propose une forte somme contre sa soumission complète. Lucien accepte. David est sauvé, vend son invention et se consacre paisiblement à la poésie. Quant à Lucien, on le retrouvera dans « Splendeurs et misères des courtisanes »
Les « Illusions perdues » sont évidemment celles de Lucien : vis-à-vis du monde littéraire, du monde journalistique et de la vie mondaine, trois mondes où il pensait pouvoir accéder ; vis-à-vis de sa propre vie, déçu par ses faiblesses, ses manques, ses erreurs, déçu par la déception qu'il cause à ceux qu'il aime (sa soeur et son ami) … Lucien est donc un personnage complexe, héros et antihéros, qui finit, comme Faust, par vendre son âme à Méphistophélès/Vautrin. Autour de lui, la plupart des personnages sont des masques qui jouent des rôles dans une comédie où il est le seul, lui, Lucien, à ne pas connaître son texte. Seuls quelques personnages ressortent de façon positive : l'écrivain D'Arthez, qui symbolise « l'homme de lettres » intègre et génial que rêve d'être Balzac ; et bien sûr David et Eve, symboles d'amitié vraie, d'amour pur, de constance au-delà des difficultés et même des trahisons.
Avec « Illusions perdues », Balzac a sûrement écrit son chef-d'oeuvre (c'est mon avis, vous avez le droit de n'être pas d'accord, mais vous le mettrez quand même dans le peloton de tête, non ?) Par la richesse du thème, sa construction romanesque, les portraits fouillés des personnages, ce roman est un des tous premiers de notre littérature.
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