Si je m’examine, je le sais : je trouve en moi des textes à développer ; mais alors pourquoi possédé je d’énormes facultés sans pouvoir en user ? Si mon supplice servait à quelque exemple, je le concevrais ; mais non, je souffre obscurément. Ce résultat est aussi providentiel que peut l’être le sort de la fleur inconnue qui meurt au fond d’une forêt vierge sans que personne en sente les parfums ou en admire l’éclat. De même qu’elle exhale vainement ses odeurs dans la solitude, j’enfante ici dans un grenier des idées sans qu’elles soient saisies.
Les nations sont des individus qui ne sont ni plus sages ni plus forts que ne l'est l'homme, et leurs destinées sont les mêmes. Réfléchir sur celui-ci, n'est-ce pas s'occuper de celles-là?
De ton lit aux frontière du monde, il n'y a que deux pas : la volonté - la foi!
Si le gouvernement avait une pensée, je le soupçonnerais d’avoir peur des supériorités réelles qui, réveillées, mettraient la société sous le joug d’un pouvoir intelligent.
Ici, tout doit avoir un résultat immédiat, réel ; l’on s’y moque des essais d’abord infructueux qui peuvent mener aux plus grandes découvertes, et l’on n’y estime pas cette étude constante et profonde qui veut une longue concentration des forces. L’État pourrait solder le Talent, comme il solde la Baïonnette ; mais il tremble d’être trompé par l’homme d’intelligence, comme si l’on pouvait longtemps contrefaire le génie.
Aucune théorie politique n’a vécu. Les gouvernements passent comme les hommes, sans se transmettre aucun enseignement, et nul système n’engendre un système plus parfait. Que conclure de la politique, quand le gouvernement appuyé sur Dieu a péri dans l’Inde et en Égypte ; quand le gouvernement du sabre et de la tiare a passé ; quand le gouvernement d’un seul est mort ; quand le gouvernement de tous n’a jamais pu vivre ; quand aucune conception de la force intelligentielle, appliquée aux intérêts matériels, n’a pu durer, et que tout est à refaire aujourd’hui comme à toutes les époques où l’homme s’est écrié : Je souffre !
Quel beau livre ne composerait-on pas en racontant la vie et les aventures d’un mot !
Ici le point de départ en tout est l'argent. Il faut de l'argent, même pour se passer d'argent.
Si le gouvernement avait une pensée, je le soupçonnerais d’avoir peur des supériorités réelles qui, réveillées, mettraient la société sous le joug d’un pouvoir intelligent.
Et voilà l'histoire des déserts ! La politique est donc une science sans principes arrêtés, sans fixité possible ; elle est le génie du moment, l'application constante de la force, suivant la nécessité du jour.