Le Colonel Chabert

Le malheur est une espèce de talisman dont la vertu consiste à corroborer notre constitution primitive : il augmente la défiance et la méchanceté chez certains hommes, comme il accroît la bonté de ceux qui ont un cœur excellent.

Le vrai n'est pas si complet dans son expression, il ne met pas tout en dehors, il laisse voir tout ce qui est au-dedans.

Si j'avais été joli garçon, aucun de mes malheurs ne me serait arrivé. Les femmes croient les gens quand ils farcissent leurs phrases du mot amour. Alors elles trottent, elles vont, elles se mettent en quatre, elles intriguent, elles affirment les faits, elles font le diable pour celui qui leur plaît. Comment aurais-je pu intéresser une femme ? J'avais une face de requiem, j'étais vêtu comme un sans-culotte, je ressemblais plutôt à un Esquimau qu'à un Français, moi qui jadis passais pour le plus joli des muscaduns, en 1799 ! Moi Chabert, comte de l'Empire !

Les souffrances morales auprès desquelles pâlissent les douleurs physiques excitent cependant moins la pitié, car on ne les voit point.

Il vaut mieux avoir du luxe dans ses sentiments que sur ses habits

il existe dans notre société trois hommes, le Prêtre, le Médecin et l'Homme de justice, qui ne peuvent pas estimer le monde ? Ils ont des robes noires, peut-être parce qu'ils portent le deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions. Le plus malheureux des trois est l'avoué.
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nos études sont des égouts qu'on ne peut pas curer.

il vaut mieux avoir du luxe dans ses sentiments que sur ses habits.

J'ai subitement été pris d'une maladie, le dégoût de l'humanité.

Ils ont des robes noires, peut-être parce qu’ils portent le deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions.

Combien de choses n' ai-je pas apprises en exerçant ma charge ! J' ai vu
mourir un père dans un grenier, sans sous ni maille , abandonné par deux
filles auxquelles il avait donné quarante mille livres de rente ! J' ai vu brûler
des testaments ; j' ai des mères dépouillant leurs enfants , des maris volant
leurs femmes, des femmes tuant leurs maris en se servant de l' amour
qu' elles leurs leur inspiraient pour les rendre fous ou imbéciles, afin de vivre
en paix avec un amant.