Je suis né, reprit le médecin, dans une petite ville du Languedoc, où mon père s'était fixé depuis longtemps, et où s'est écoulée ma première enfance. A l'âge de huit ans, je fus mis au collége de Sorrèze, et n'en sortis que pour aller achever mes études à Paris. Mon père avait eu la plus folle, la plus prodigue jeunesse ; mais son patrimoine dissipé s'était rétabli par un heureux mariage, et par les lentes économies qui se font en province, où l'on tire vanité de la fortune et non de la dépense, où l'ambition naturelle à l'homme s'éteint et tourne en avarice, faute d'aliments généreux. Devenu riche, n'ayant qu'un fils, il voulut lui transmettre la froide expérience qu'il avait échangée contre ses illusions évanouies : dernières et nobles erreurs des vieillards qui tentent vainement de léguer leurs vertus et leurs prudents calculs à des enfants enchantés de la vie et pressés de jouir. Cette prévoyance dicta pour mon éducation un plan dont je fus victime. Mon père me cacha soigneusement l'étendue de ses biens, et me condamna dans mon intérêt à subir, pendant mes plus belles années, les privations et les sollicitudes d'un jeune homme jaloux de conquérir son indépendance ; il désirait m'inspirer les vertus de la pauvreté : la patience, la soif de l'instruction et l'amour du travail.
"Le silence était terne, car il est d'éclatants silences" (p.328)
Nous sommes habitués à juger les autres d’après nous, et, si nous les absolvons complaisamment de nos défauts, nous les condamnons sévèrement de ne pas avoir nos qualités
Il y eut pour moi dans ces 40 jours de bonheur des souvenirs à colorer toute une vie
Combien de beaux sentiments je lui dois, et combien il m’a fait vivre pendant les jours où je m’occupais de son avenir
Vous serez donc à jamais l’idole de ma solitude
Aucune autre image d’amour ne s’imprimera plus dans mon cœur