Nous avons quarante mille lois. Un peuple qui a quarante mille lois n’a pas de loi.
Les cimetières font penser à la mort, un village abandonné fait songer aux peines de la vie ; la mort est un malheur prévu, les peines de la vie sont infinies.
On ne peint jamais que très imparfaitement une femme aimée ; entre elle et nous, il préexiste des mystères qui échappent à l'analyse
Les gens auxquels le pouvoir est momentanément confié n'ont jamais pensé sérieusement aux développements nécessaires d'une injustice commise envers un homme du peuple. Un pauvre, obligé de gagner son pain quotidien, ne lutte pas longtemps, il est vrai ; mais il parle, et trouve des échos dans tous les coeurs souffrants. Une seule iniquité se multiplie par le nombre de ceux qui se sentent frappés en elle. Ce levain fermente. Ce n'est rien encore. Il en résulte un plus grand mal. Ces injustices entretiennent chez le peuple une sourde haine envers les supériorités sociales.
L'amour était dans mon âme un principe d'existence. J'éprouvais un besoin d'affection qui, toujours trompé, renaissait plus fort et croissait avec l'âge. En moi se trouvaient alors toutes les conditions d'un attachement vrai. J'avais été éprouvé, je comprenais et les félicités de la constance et le bonheur de changer un sacrifice en plaisir, la femme aimée devait toujours être la première dans mes actions et dans mes pensées. Je me complaisais à ressentir imaginairement un amour arrivé à ce degré de certitude où les émotions pénètrent si bien deux êtres, que le bonheur a passé dans la vie, dans les regards, dans les paroles, et ne cause plus aucun choc. Cet amour est alors dans la vie comme le sentiment religieux est dans l'âme, il l'anime, la soutient et l'éclaire. Je comprenais l'amour conjugal autrement que ne le comprend la plupart des hommes, et je trouvais que sa beauté, que sa magnificence gît précisément en ces choses qui le font périr dans une foule de ménages. Je sentais vivement la grandeur morale d'une vie à deux assez intimement partagée pour que les actions les plus vulgaires n'y soient plus un obstacle à la perpétuité des sentiments. Mais où rencontrer des cœurs
à battements assez parfaitement isochrones, pour arriver à cette union céleste ?
Tout est piège et douleur à Paris pour les âmes qui veulent y chercher des sentiments vrais.
Je m'arrête, capitaine ! on ne peint jamais que très imparfaitement une femme aimée ; entre elle et nous il préexiste des mystères qui échappent à l'analyse.
Ainsi, tel village éclairé par le soleil levant, telle ruine couverte de lierre que nous avons contemplée ensemble, servirent à empreindre plus fortement dans nos âmes par la souvenance d'une chose matérielle de douces émotions où pour nous il allait de tout notre avenir.
Mes souffrances, souffrances pleines de vous, puniront un cœur blessés qui saignera toujours dans la solitude ; car, aux cœurs blessés, l'ombre et le silence.
Nous sommes habitués à juger les autres d'après nous, et si nous les absolvons complaisamment de nos défauts, nous les condamnons sévèrement de ne pas avoir nos qualités.