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Critique de Fireflies


J'avais fondé de nombreux espoirs sur ce roman et j'avoue ne pas avoir été déçue. Encore une fois, l'écriture balzacienne nous absorbe dans une valse des personnages qui conduit au vertige (Le roman ne compte pas moins de 273 personnages !).
On retrouve ici les codes classiques d'un roman du XIXe, avec ce thème largement rebattu de l'accession au pouvoir par les femmes. C'est en effet ce que Lucien de Rubempré, sous la direction de l'abbé Carlos Herrera, tente de faire par le biais d'Esther, la splendide courtisane repentie, et Clotilde, la jeune fille laide et pourtant si riche du duc de Grandlieu. Mais, bien plus que ces deux personnages, c'est une myriade de femmes qui gravite autour du couple si étrange incarné par Lucien et l'abbé Carlos Herrera. Chacune d'entre elles apparaît comme un portrait type de femmes, dont la vie semble guidée par un seul sentiment: l'amour (D'une certaine manière, cela ne fait que renforcer l'idée que la femme est un être faible et soumis à ses passions, même si on peut voir une exception dans le personnage d'Asie).

C'est surtout cela qui m'a le plus frappé dans ce roman, à savoir l'éventail des relations amoureuses, dont Balzac nous dresse un panorama très sombre. (L'amour apparaît destructeur et source de désordres). Pourtant la société est façonnée par ce type de relations, qu'elles soient feintes ou réelles. Ainsi, à l'amour fusionnel de Lucien et Esther (qui est prête à tous les sacrifices pour celui qu'elle aime), se succède l'amour à sens unique de Nucingen pour cette même Esther, un amour naïf, purement physique et parfois à la limite de la bestialité. D'un point de vue totalement subjectif, c'est l'amour démesuré, à la fois passionnel et paternel, mais aussi un peu déroutant, de Carlos Herrera pour son protégé Lucien, qui m'a le plus frappé. Les descriptions qu'en fait
Balzac m'ont littéralement bouleversée par leur aspect tragique et désarçonnant. J'y ai vu une certaine forme de poésie et de beauté, que je n'avais jamais vu auparavant.
Outre cet aspect, la dernière partie du roman est particulièrement surprenante et inattendue. D'un roman sur l'ambition et le pouvoir, Balzac nous fait glisser vers un roman "policier", où nous avons tout le loisir d'admirer l'intelligence et le pragmatisme, voire le machiavélisme, de l'abbé Carlos Herrera/Vautrin/Trompe-la-Mort/Jacques Colin (Autant de noms et d'identités qui font toute l'ambiguïté et la force de personnage). Au fil de mots, Balzac nous fait ainsi passer d'un monde à l'autre, soit des plus hautes sphères de la société à la prison, où au bout du compte tout fonctionne de la même façon.

Certes, Splendeurs et Misères des Courtisanes est un pavé, mais franchement qu'est-ce que ça vaut le coup !
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