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Citations sur Splendeurs et misères des courtisanes (132)

Quiconque a trempé dans le journalisme, ou y trempe encore, est dans la nécessité cruelle de saluer les hommes qu’il méprise, de sourire à son meilleur ennemi, de pactiser avec les plus fétides bassesses, de se salir les doigts en voulant payer ses agresseurs avec leur monnaie. On s’habitue à voir faire le mal, à le laisser passer ; on commence par l’approuver, on finit par le commettre. À la longue, l’âme, sans cesse maculée par de honteuses et continuelles transactions, s’amoindrit, le ressort des pensées nobles se rouille, les gonds de la banalité s’usent et tournent d’eux-mêmes.

Première partie : Comment aiment les filles.
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Il n’est pas inutile de faire observer que de si considérables fortunes ne s’acquièrent point, ne se constituent point, ne s’agrandissent point, ne se conservent point, au milieu des révolutions commerciales, politiques et industrielles de notre époque, sans qu’il y ait d’immenses pertes de capitaux, ou, si vous voulez, des impositions frappées sur les fortunes particulières. On verse très peu de nouvelles valeurs dans le trésor commun du globe. Tout accaparement nouveau représente une nouvelle inégalité dans la répartition générale. Ce que l’État demande, il le rend ; mais ce qu’une Maison Nucingen prend, elle le garde. […] Forcer les États européens à emprunter à vingt ou dix pour cent, gagner ces dix ou vingt pour cent avec les capitaux du public, rançonner en grand les industries en s’emparant des matières premières, tendre au fondateur d’une affaire une corde pour le soutenir hors de l’eau jusqu’à ce qu’on ait repêché son entreprise asphyxiée, enfin toutes ces batailles d’écus gagnées constituent la haute politique de l’argent. Certes, il s’y rencontre pour le banquier, comme pour le conquérant, des risques ; mais il y a si peu de gens en position de livrer de tels combats que les moutons n’ont rien à y voir. Ces grandes choses se passent entre bergers. Aussi, comme les exécutés (le terme consacré dans l’argot de la Bourse) sont coupables d’avoir voulu trop gagner, prend-on généralement très peu de part aux malheurs causés par les combinaisons des Nucingens. Qu’un spéculateur se brûle la cervelle, qu’un agent de change prenne la fuite, qu’un notaire emporte les fortunes de cent ménages, ce qui est pis que de tuer un homme ; qu’un banquier liquide ; toutes ces catastrophes, oubliées à Paris en quelques mois, sont bientôt couvertes par l’agitation quasi marine de cette grande cité. Les fortunes colossales des Jacques Cœur, des Médici, des Ango de Dieppe, des Auffredi de La Rochelle, des Fugger, des Tiepolo, des Corner, furent jadis loyalement conquises par des privilèges dus à l’ignorance où l’on était des provenances de toutes les denrées précieuses ; mais, aujourd’hui, les clartés géographiques ont si bien pénétré les masses, la concurrence a si bien limité les profits, que toute fortune rapidement faite est : ou l’effet d’un hasard et d’une découverte, ou le résultat d’un vol légal. Perverti par de scandaleux exemples, le bas commerce a répondu, surtout depuis dix ans, à la perfidie des conceptions du haut commerce, par des attentats odieux sur les matières premières. Partout où la chimie est pratiquée, on ne boit plus de vin ; aussi l’industrie vinicole succombe-t-elle. On vend du sel falsifié pour échapper au Fisc. Les tribunaux sont effrayés de cette improbité générale. Enfin le commerce français est en suspicion devant le monde entier, et l’Angleterre se démoralise également. Le mal vient, chez nous, de la loi politique. La Charte a proclamé le règne de l’argent, le succès devient alors la raison suprême d’une époque athée. Aussi la corruption des sphères élevées, malgré des résultats éblouissants d’or et leurs raisons spécieuses, est-elle infiniment plus hideuse que les corruptions ignobles et quasi personnelles des sphères inférieures.

Deuxième partie : À combien l'amour revient aux vieillards.
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Il est dans la nature de l’homme de se défier de ce qu’on le supplie de faire quand la chose demandée est contre ses intérêts ou contre son devoir, souvent même quand elle lui est indifférente.

Troisième partie : Où mènent les mauvais chemins.
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- Esther ne voudra jamais.
- Ça me regarde.
- Elle en mourra.
- Ça regarde les Pompes Funèbres.
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Il était jaune comme un rire d'ami devant un succès.
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Il est dans l'esprit du poète de préférer un supplice à un jugement.
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La passion d'un poète devient alors un grand poème où souvent les proportions humaines sont dépassées. Le poète ne met-il pas alors sa maîtresse beaucoup plus haut que les femmes ne veulent être logées ? Il change, comme le sublime chevalier de la Manche, une fille des champs en princesse. Il use pour lui-même de la baguette avec laquelle il touche toute chose pour la faire merveilleuse, et il grandit ainsi les voluptés par l'adorable monde de l'idéal. Aussi cet amour est-il un modèle de passion : il est excessif en tout, dans ses espérances, dans ses désespoirs, dans ses mélancolies, dans ses joies ; il vole, il bondit, il rampe, il ne ressembleà aucune des agitations qu'éprouve le commun des hommes ; il est à l'amour bourgeois ce qu'est l'éternel torrent des Alpes aux ruisseaux des plaines.
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- Adieu, mon cher, lui dit-il à voix basse et à l'oreille. Nous sommes séparés l'un de l'autre par trois longueurs de cadavres ; nous avons mesuré nos épées, elles sont de la même trempe, de la même dimension… Ayons du respect l'un pour l'autre ; mais je veux être votre égal, non votre subordonné… Armé comme vous le seriez, vous me paraissez un trop dangereux général pour votre lieutenant. Nous mettrons un fossé entre nous. Malheur à vous si vous venez sur mon terrain ! Vous vous appelez l'Etat, de même que les laquais s'appellent du même nom que leurs maîtres ; moi, je veux me nommer la Justice ; nous nous verrons souvent ; continuons à nous traiter avec d'autant plus de dignité, de convenance, que nous serons toujours… d'atroces canailles.

(Vautrin à Corentin)
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Aucune puissance humaine, ni le roi, ni le garde des sceaux, ni le premier minis-
-tre ne peuvent empiéter sur le pouvoir d' un juge d' instruction, rien ne l' arrête,
rien ne lui commande . C' est un souverain soumis uniquement à sa conscience
et à la loi .
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Le métier de juge n' est pas celui d' un sapeur-pompier, le feu n' est jamais à vos
papiers, vous avez le temps de réfléchir ; aussi, dans vos places, les sottises sont-elles inexcusables .
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