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Citations sur Parties communes : 12 nouvelles sur les voisins (7)

Je profite de ces quelques mots d’excuse anticipés pour vous signaler à toutes fins utiles que votre chaîne hi-fi s’est malencontreusement bloquée depuis quelques jours sur son volume maximal et qu’elle se déclenche chaque matin à partir de 5 h 42 ou 43. Elle doit être située dans votre boudoir. Or, le croirez-vous ?, ma tête de lit se situe exactement de l’autre côté de la paroi susnommée.
J’ajoute, pour être tout à fait complète, qu’hier matin un étron canin, dont la taille semble profilée à l’aune du trou du cul de votre « Roupette », a été déposé sur mon paillasson. Je m’en voudrais de vous rendre la pareille, d’autant que dépourvue de chien, je me verrais dans l’obligation de produire moi-même la matière de ce petit cadeau matinal.
Je vous propose donc d’en rester là.
Votre dévouée voisine.
(Guillaume Couty, « Voisinage discret »)
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C’est le principe de l’économie collaborative, je crois. J’ai lu un début d’article à ce propos. Le début uniquement parce qu’il était dans un journal que mon voisin de palier avait laissé sur le dessus de la poubelle. N’allez pas croire que je fasse les poubelles mais, lorsque quelque chose est déposé au-dessus du couvercle, on ne peut pas le considérer comme une simple ordure. Le couvercle de la poubelle est le purgatoire du déchet. On lui offre une seconde chance. J’imagine que le voisin, dans sa magnanimité, a estimé que le journal pourrait intéresser quelqu’un d’autre, bien qu’une tache de café en rende la lecture intégrale impossible. Par respect pour mon voisin, je l’ai donc pris et en ai lu toutes les parties restées lisibles. Échange de bon procédé oblige, j’ai fouillé dans ma poubelle, en ai sorti ma vieille brosse à dents que j’ai déposée à son tour sur le couvercle de la poubelle au cas où quelqu’un, dans l’immeuble, lui trouverait une utilité que personnellement, je ne voyais pas. (Gilles Marchand, « Syllogomanie de proximité »)
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Le promoteur avait un peu survendu la résidence avec les images de synthèse qui montraient une large perspective sur des parcs arborés, des pistes cyclables, des jeux d’enfants. Une fois les trois arbres plantés, la piste cyclable tracée, la cage à poule et l’unique tourniquet installés, l’ensemble paraissait étriqué, plus gris, pas très différent des quartiers populaires de notre enfance. Les voisins étaient comme nous : des trentenaires qui avaient remisé leurs rêves d’ados au placard et refusaient de le reconnaître. Lors de la crémaillère de l’immeuble, les filles riaient trop fort et les types éclusaient du whisky de duty free en parlant d’opportunités, de management et de frais kilométriques. J’avais cassé ma tirelire et emprunté jusqu’au dernier centime à la banque pour qu’on vienne s’encroûter dans ce miroir aux alouettes de la société de consommation. Mais ma princesse avait son château. (Pascale Pujol, « Ma vieille Martin »)
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Je n'ai plus vraiment le goût à écouter de la musique. A cause de la cellule familiale, je crois. Cellule familiale, putain. J'avais jamais remarqué à quel point on était prévenu à l'avance de l'aspect carcéral du bordel.
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Il a l’air fatigué aujourd’hui. Il ne prend même plus de notes. Il m’écoute sans rien dire. Je crois qu’il en a trop entendu. Je n’arrive toujours pas à comprendre, m’a-t-il dit hier avant de partir. Il n’y a pourtant rien à dire de plus. Je lui ai tout expliqué, tout ce qu’il y a à savoir. Tout était très bien organisé. On se retrouvait tous les matins sur le stade, à la même heure. Le chef de section donnait les instructions. On formait les groupes et on partait les tuer jusqu’au soir. C’est tout. Il fallait bien que quelqu’un le fasse. Pour nous, tout ça était vite devenu banal. La routine. C’est ça qu’il n’arrive pas à comprendre. Je me suis levé avant lui. J’étais fatigué, moi aussi. (Laurent Banitz, « Amédée »)
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Je pose mon écharpe du côté de Hubert, préférant me laisser une ouverture avec Charlotte. Enlever mon manteau promet d’être une épreuve tant l’espace dont je dispose pour cette manœuvre est restreint, tout au plus soixante centimètres de large et trente de profondeur (autant que je veux en hauteur, ce qui ne me sert à rien). J’entreprends d’extirper mon bras gauche de ma manche, opération d’autant plus difficile que je suis assis sur mon manteau. J’y arrive pourtant, et ce, sans blesser personne. Fort de ce succès, je passe au bras droit. C’est plus facile maintenant que je ne suis plus entravé que d’un côté. Une fois les bras libérés, je soulève tant bien que mal mon postérieur pour dégager l’habit complet. Alors que j’y suis presque, je donne un malencontreux coup de coude à Hubert. Nous n’étions déjà pas dans les meilleurs termes, je crains que cet incident ne scelle définitivement notre antagonisme. (Murielle Renault, « Le Mec de la table d’à côté »)
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Je ne suis que bave, haleine putride, courbatures et cheveux gras. Sans aucune forme de consentement préalable, le monde prend forme autour de moi : une chambre, d’abord, puis un autre corps étendu à côté du mien, corps familier, érotique, marqué du sceau de la propriété privée. Quoi qu’il en soit, je ne suis pas prêt pour le jour nouveau. L’injustice est manifeste. Je préférais sincèrement mourir plutôt que de me lever. C’est toujours le cas. Si on remplaçait mon radioréveil par une arme à feu chargée, il ne fait aucun doute que je me tirerais une balle dans la bouche chaque matin. « Le pauvre con se suicidait au petit jour et passait le reste de la journée à se fabriquer un nouveau visage ». Une mythologie moderne. (Arnaud Modat, « Tapages nocturnes et neiges précoces »)
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