Un membre permanent de la famille

Dans ses nouvelles, R. Banks ne déploie pas la puissance de son écriture de la même façon que dans ses romans ; ses "petites histoires", très réussies, souvent émouvantes, nous emmènent dans le quotidien des personnages, mais en leur donnant toujours une dimension mystérieuse.
Là où Russell Banks est génial, c'est quand en quelques lignes il nous plonge dans leur monde et nous livre une fraction de vie révélatrice de leur personnalité. C'est bien sûr formidablement intéressant, et il vaut mieux faire une petite pause entre chaque récit pour en déguster (digérer ?) le contenu.
Il y a le "membre permanent de la famille" qui est une vieille chienne adorable, intervenant de façon étonnante dans la vie de ses maîtres ; il y a l'homme qui a élevé seul ses trois garçons, qui en est très fier et ne veut pas reconnaître une fin de vie financièrement difficile. Ce sont souvent des hommes mûrs, qui ont du mal à reconnaître ou même à s'avouer à eux-mêmes leurs difficultés.
Il y a l'homme qui rencontre la femme, dont le mari mortellement accidenté, lui a donné son nouveau coeur ; celui qui se fâche avec ses amis parce qu'il vient de recevoir le "Mac Arthur". Et quelques femmes dont celle qui n'arrive pas à ressentir un chagrin "normal" à la mort de son mari, ainsi que celle qui va s'acheter sa première voiture à elle, mais oubliée dans le parc à autos par les propriétaires du garage se retrouve avec le terrifiant chien de garde. Des sujets originaux, toutes sortes de situations où l'être humain doit faire face à des événements qu'il n'a pas l'habitude de gérer ; et il ne l'emporte pas toujours ...