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Critique de jeandubus


Baad

On parle en introduction des multiples vies de l'auteur… C'est justement la qualité des Enarques de pouvoir se glisser dans toutes les poches. Un jour à la construction publique, le lendemain à la circulation et entre deux à la rédaction d'un polar. Et dans les trois cas tout est impeccable, étudié, renseigné; les résultats sont répertoriés, traduits, vérifiés. Tout est bien carré.

Cédric Bannel parmi ses multiples vies en a passé une en Afghanistan. Ses expériences donnent une vérité indéniable aux personnages, aux situations, aux paysages et aux climats. le plan du livre est fonctionnel et compréhensible pour le lecteur. Réparties avec un hasard calculé en dix chapitres en forme de compte à rebours, des scènes courtes et synthétiques le font suivre le cours de la vie de chacun des personnages. Il n'est jamais perdu (le lecteur…) et il avance dans le suspens sans trop de surprises mais avec un intérêt soutenu.

Dans ce pays dévasté moralement et physiquement par des occupations successives, la religion est le liant. Autant dire qu'Allah est mis à toutes les sauces et que chaque groupe ou chaque individu sait détourner à son avantage les sourates du Coran.
Tout cela est décrit précisément avec une dose raisonnable de violence, et peu de sexe. (Pour rétablir l'équilibre il faudrait lire « l'homme de Kaboul » de Gérard de Villiers publié en 1972 que Cédric B. n'a sans doute pas lu puisqu'il a donné le même titre à un de ses livres publié en 2011 !)

Raconter l'histoire même très partiellement serait dommageable au roman puisque ce roman n'est justement qu'un récit. Aussi, mieux vaut éviter la quatrième de couverture particulièrement racoleuse qui ne traduit en rien la retenue distinguée du vocabulaire, la sobriété des phrases, la syntaxe chic. Tout juste faut-il savoir qu'il y a des bons serial killers et des mauvais serial killers. Il y a ceux qui tuent des gens en masse pour tout un tas de raison qui sont des bons serial killers et ceux qui tuent des petites filles par vice qui sont des mauvais serial killers.
On apprend que les politiciens sont corrompus, que la police est corrompue, que les trafiquants sont encouragés à trafiquer et les paysans à travailler la terre dans le seul but de récolter du pavot. Que la prostitution prospère. Qu'Allah est grand.


Très ENA, la courte introduction de l'auteur nous informe que malgré les conditions de vie épouvantable en Afghanistan, 71% de la population est « confiante en l'avenir », ce qui lui permet d'atteindre les premières places du classement Win-gallup de l'optimisme. Ce qui lui fait une belle jambe pour celles qui lui restent.

Je ne comprends pas le sous-titre de Baad (Une enquête de…) puisqu'à ma connaissance Nicole Lugano (quel nom bête) et Oussama le qomaandaan Kadar se rencontrent ici pour la première fois. Je ne comprends pas non plus la liste des personnages avec leurs rôles respectifs dans l'histoire en fin de volume. Sauf à prendre le lecteur pour une bécasse qui n'arrive pas à retenir tous ces noms étrangers (auquel cas il aurait fallu mettre cette liste au début et, disons-le, flinguer tout suspens).

En résumé, voilà un bon produit littéraire exportable et agréable à lire en toute circonstance, à mettre entre presque toutes les mains et dans toutes les têtes que la misère du monde n'effarouche pas, sans prise particulière de risque éditoriale et, à mon sens, au-dessus du lot.
Merci donc à Masse critique de m'avoir fait connaître Cédric Bannel dont j'attends le prochain avatar.




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