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Critique de SebastienFritsch


Meurtres, enquêtes, complots, poursuites : L'Homme de Kaboul possède tous les ingrédients du thriller accrocheur. Mais, même s'il atteint parfaitement son objectif sur ce plan-là, il est également tout autre chose : une plongée dans la réalité afghane, précise, documentée, tout en restant extraordinairement vivante.
Villes grouillantes où la mort semble attendre à chaque coin de rue ; campagnes et montagnes pauvres et tout aussi dangereuses, soumises aux rivalités des clans ou à l'opposition de seigneur locaux à l'occupant occidental ; corruption, pressions, intimidations, représailles ; injustice démesurée entre les richissimes trafiquants, les notables, les ministres et le peuple misérable ; confrontation continuelle entre des traditions archaïques, coercitives, cruelles, et une volonté d'émancipation de certains jeunes ou de certaines femmes qui souhaiteraient pouvoir être autre chose que des objets qu'on achète, qu'on utilise, qu'on jette ou qu'on détruit quand elles ne servent plus à rien ou qu'elles ne respectent pas les dogmes aberrants édictés par les hommes.
Ce tableau édifiant, souvent choquant, parfois émouvant, est rendu particulièrement réaliste par la finesse des portraits psychologiques que dresse l'auteur. Même s'il y a des méchants très méchants (et acharnés) et des héros très gentils (et opiniâtres) qui s'en sortent toujours, par l'intervention du hasard, de la chance ou d'un mystérieux ami qui leur veut du bien, Cédric Bannel évite habilement l'écueil du manichéisme, en nous offrant des profils vraiment complexes, fouillés, porteurs d'imperfections et de faiblesses ; des personnages tout simplement humains, tel ce commissaire Oussama Kandar, flic honnête, mari amoureux, ami fidèle, croyant humble et discret ; ou sa femme, Malalai, gynécologue aux idées d'émancipation totalement révolutionnaires pour son pays ; ou encore Mollah Bakhir, taliban éclairé, aux idées libérales et pacifiques, dont Kandar, pourtant peu enclin à apprécier cette caste qui a asservi son pays pendant de longues années, ne pourra bientôt plus se passer pour faire avancer son enquête.
Et c'est un autre point fort de ce roman, de nous donner à suivre des hommes et des femmes qui doutent, qui souffrent, qui aiment, qui croient, qui s'entêtent à vouloir voir poindre la vérité et la justice malgré les menaces ou les obstacles qui jalonnent leur route. Des hommes et des femmes auxquels on ne peut manquer de s'attacher et que l'on laisse au point final en se demandant ce qu'ils deviendront ensuite. Verront-ils un jour naître l'Afghanistan dont ils rêvent, un pays paisible, juste, tolérant, respectueux des femmes et des faibles ? Un pays qui saurait faire de sa diversité une richesse plutôt qu'une source intarissable de conflits meurtriers ?
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
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