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Citations sur Odes Funambulesques (30)

Virelai à mes éditeurs.

Barbanchu nargue la rime !
Je défends que l’on m’imprime !

La gloire n’était que frime ;
Vainement pour elle on trime,
Car ce point est résolu.
Il faut bien qu’on nous supprime :
Barbanchu nargue la rime !

Le cas enfin s’envenime.
Le prosateur chevelu
Trop longtemps fut magnanime.
Contre la lyre il s’anime,
Et traite d’hurluberlu
Ou d’un terme synonyme
Quiconque ne l’a pas lu.
Je défends que l’on m’imprime.

Fou, tremble qu’on ne t’abîme !
Rimer, ce temps révolu,
C’est courir vers un abîme,
Barbanchu nargue la rime !

Tu ne vaux plus un décime !
Car l’ennemi nous décime,
Sur nous pose un doigt velu,
Et, dans son chenil intime,
Rit en vrai patte-pelu
De nous voir pris à sa glu.
Malgré le monde unanime,
Tout prodige est superflu.
Le vulgaire dissolu
Tient les mètres en estime :
Il y mord en vrai goulu !
Bah ! pour mériter la prime,
Tu lui diras : Lanturlu !
Je défends que l’on m’imprime.

Molière au hasard s’escrime,
C’est un bouffon qui se grime ;
Dante vieilli se périme,
Et Shakspere nous opprime !
Que leur art jadis ait plu,
Sur la récolte il a plu,
Et la foudre pour victime
Choisit leur toit vermoulu.
C’était un régal minime
Que Juliette ou Monime !
Descends de ta double cime,
Et, sous quelque pseudonyme,
Fabrique une pantomime ;
Il le faut, il l’a fallu.
Mais plus de retour sublime
Vers Corinthe ou vers Solyme !
Ciseleur, brise ta lime,
Barbanchu nargue la rime !

Seul un réaliste exprime
Le Beau rêche et mamelu :
En douter serait un crime.
Barbanchu nargue la rime !
Je défends que l’on m’imprime.
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Ballades des célébrités du temps jadis.

Dites-moi sur quel Sinaï
Ou dans quelle manufacture
Est le critique Dufaï ?
Où ? sur quelle maculature
Lalanne met-il sa rature ?
Où sont les plâtres de Dantan,
Le Globe et La Caricature ?
Mais où sont les neiges d’antan !

Où Venet, par le sort trahi,
A-t-il trouvé sa sépulture ?
Mirecourt s’est-il fait spahi ?
Mantz a-t-il une préfecture ?
Où sont les habits sans couture,
Et Malitourne et Pelletan ?
Où sont Clesinger et Couture ?
Mais où sont les neiges d’antan !

Où sont Rolle des Dieux haï,
Bataille, plus beau que nature,
Cochinat, qui fut envahi,
Tout vif, par la même teinture
Que jadis Toussaint-Louverture,
Et ce Rhéal qui mit Dante en
Français de maître d’écriture ?
Mais où sont les neiges d’antan !


ENVOI

Ami, quelle déconfiture !
Tout s’en va, marchands d’orviétan
Et marchands de littérature :
Mais où sont les neiges d’antan !
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Villanelle des pauvres housseurs.

Un tout petit pamphlétaire
Voudrait se tenir debout
Sur le fauteuil de Voltaire.

Je vois sous ce mousquetaire,
Dont le manteau se découd,
Un tout petit pamphlétaire.

Renvoyez au Finistère
Le grain frelaté qu’il moud
Sur le fauteuil de Voltaire.

Il sera le caudataire
Du fameux Taine, et, par goût,
Un tout petit pamphlétaire.

Prud’homme universitaire,
Il a l’air d’un marabout
Sur le fauteuil de Voltaire.

Tirez, tirez-le par terre,
Car il a... pleuré partout
Sur le fauteuil de Voltaire.

Ah ! le mauvais locataire !
Bah ! l’on raille et l’on absout
Un tout petit pamphlétaire.

Bornons là ce commentaire ;
Mais il a manqué... de tout
Sur le fauteuil de Voltaire.

Le célèbre phalanstère
Nous a donné pour ragoût
Un tout petit pamphlétaire.

Mons Purgon, vite un clystère !
Le pauvre homme écume et bout
Sur le fauteuil de Voltaire.

Qui veut, dans son monastère,
Jeter Pindare à l’égout ?
Un tout petit pamphlétaire.

De Ferney jusqu’à Cythère,
On rit de voir jusqu’au bout
Un tout petit pamphlétaire
Sur le fauteuil de Voltaire.
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Villanelle de Buloz.

J’ai perdu mon Limayrac ;
Ce coup-là me bouleverse.
Je veux me vêtir d’un sac.

Il va mener, en cornac,
La Gazette du Commerce.
J’ai perdu mon Limayrac.

Mon Limayrac sur Balzac
Savait seul pleuvoir à verse.
Je veux me vêtir d’un sac.

Pour ses bons mots d’almanach
On tombait à la renverse.
J’ai perdu mon Limayrac.

Sans son habile micmac,
Sainte-Beuve tergiverse.
Je veux me vêtir d’un sac.

Il a pris son havresac,
Et j’ai pris la fièvre tierce.
J’ai perdu mon Limayrac.

A fumer, sans nul tabac !
Depuis ce jour je m’exerce.
Je veux me vêtir d’un sac.

Pleurons, et vous de cognac
Mettez une pièce en perce !
J’ai perdu mon Limayrac,
Je veux me vêtir d’un sac !
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Ma biographie.

Le torrent que baise l’éclair
Sous les bois qui lui font des voiles,
Murmure, ivre d’un rhythme clair,
Et boit les lueurs des étoiles.

Il roule en caressant son lit
Où se mirent les météores,
Et, plein de fraîcheur, il polit
Des cailloux sous ses flots sonores.

Tel, je polissais, cher Henri,
Des vers que vous aimez à lire,
Depuis le jour où m’a souri
Le chœur des joueuses de lyre.

J’ai voulu des amours constants
Et, sans me ranger à la mode,
J’ai chéri les cris éclatants
Et les belles fureurs de l’Ode.

Quand, tout jeune, j’allais rêvant
Avec ma libre et fière allure,
Ce fut le caprice du vent
Qui me peignait la chevelure.

C’est au fond du détroit d’Hellé
Que j’ai voulu chercher mes rentes,
Et je n’ai jamais plus filé
Qu’un lys au bord des eaux courantes.

Mais parfois, lorsque, triomphant,
J’enfourchai mes hardis Pégases,
Tombaient de mes lèvres d’enfant
Les diamants et les topazes.

J’ai touché les crins des soleils
Dans les infinis grandioses,
Et j’ai trouvé des mots vermeils
Qui peignent la couleur des roses.

Je vins, chanteur mélodieux,
Et j’ouvris ma lèvre enchantée,
Et sur les épaules des Dieux
J’ai remis la pourpre insultée.

Un instant, le long du chemin
Où des fous m’en ont fait un crime,
J’ai tenu bien haut dans ma main
Le glaive éclatant de la Rime.

Sans repos je me suis voué
Au destin d’embraser les âmes :
Peut-être ai-je encor secoué
Trop peu de rayons et de flammes.

Qu’un plus grand fasse encor un pas,
Chercheur de la lumière blonde !
Ami, je ne suis même pas
La plus belle fille du monde.
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Nommons Couture !

Puisque, hormis Couture,
Les professeurs
Qui font de la peinture
Sont des farceurs ;

Puisque ce dogmatiste
Mystérieux
Reste le seul artiste
Bien sérieux ;

Puisque seuls les gens pingres
Ont le dessein
D’admirer encore Ingres
Et son dessin ;

Puisque tout ce qui cause
Dit que la croix
Fut offerte sans cause
A Delacroix ;

Puisque toute la Souabe
Sait que Decamps
N’a jamais vu d’Arabe
Ni peint de camps ;

Puisque, même au Bosphore,
Chacun saura
Que Fromentin ignore
Le Sahara ;

Puisque, sous les étoiles,
L’univers n’est
Pas encombré des toiles
Que fait Vernet

Puisque l’homme féroce
Nommé Troyon
Ne connaît ni la brosse
Ni le crayon ;

Puisque dans nul ouvrage
Rosa Bonheur
Ne rend le labourage
Avec bonheur ;

Puisqu’on doit sans alarme
Croiser le fer
Contre tous ceux que charme
Ary Scheffer ;

Puisqu’en vain les Osages,
Ont par lazzi
Loué des paysages
De Palizzi ;

Puisque sans argutie,
On peut nier
L’exacte minutie
De Meissonier ;

Puisque à moins qu’on soit ivre
De très bon vin,
On ne saurait pas vivre
Près d’un Bonvin ;

Puisque l’on ne réserve
Ni Daumier, ni
L’étincelante verve
De Gavarni ;

Puisqu’il faut les astuces
D’un Esclavon
Pour célébrer les Russes
D’Adolphe Yvon ;

Foin des gens qui travaillent
Pour nous berner !
Que tous les peintres aillent
Se promener !

Puisque seul il s’excepte,
Et j’y consens,
Ah ! que Couture accepte
Tout notre encens !

Qu’il règne en sa chapelle !
Que Camoëns
Ressuscité, l’appelle
Aussi Rubens !

Qu’il parle à ses apôtres
En Iroquois !
On ira dire aux autres
De rester cois !

Pose ton manteau sombre
Sur ce qu’ils font ;
Couvre-les de ton ombre,
Oubli profond !

Et poursuis comme Oreste,
Fatalité,
Ce chœur dont rien ne reste,
Couture ôté !
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Reprise de La Dame.

Mourir de la poitrine
Quand j’ai ces bras de lys,
La lèvre purpurine,
Les cheveux de maïs
Et cette gorge rose,
Ah ! la vilaine chose !
Quel poëte morose
Est donc ce Dumas fils !

Je fus, pauvre colombe,
Triste, blessée au flanc ;
Déjà le soir qui tombe
Glace mon jeune sang,
Et, j’en ai fait le pacte,
Il faut qu’en femme exacte,
Au bout du cinquième acte
J’expire en peignoir blanc !

Pourtant, j’aime une vie
Qu’un immortel trésor
Poétise, ravie,
Dans un si beau décor ;
J’aime pour mes extases
Les feux des chrysoprases,
Les rubis, les topazes,
Les tas d’argent et d’or !

Paris est une ville
Où mille voyageurs
Cherchent au Vaudeville
De pudiques rougeurs,
Où toute jeune fille
Aux façons de torpille
Peut avoir ce qui brille
Aux vitres des changeurs !

J’aime cette lumière
Qui, des lustres fleuris,
Tombe aux soirs de première
Sur ma poudre de riz,
Quand, aux loges de face,
Ma petite grimace,
Malgré leur pose, efface
Cerisette et Souris.

J’aime qu’en ma fournaise
Un lingot fonde entier,
Et que, pour me rendre aise,
Avec un luxe altier
De jeune Sulamite
Qui ne soit pas un mythe,
Plus d’un caissier imite
Grellet et Carpentier !

J’aime que le vieux comte
Soit réduit aux abois
En refaisant le compte
Des perles que je bois,
Enfin, cela m’allèche
De sentir ma calèche
Voler comme une flèche
Par les détours du bois !

J’aime que l’on me bouge
Un grand miroir princier,
Pour me poser ce rouge
Qui plaît à mon boursier,
Tandis que ma compagne,
Brune fille d’Espagne,
Sur l’orgue m’accompagne
Des chansons de Darcier !

Mais surtout, quand, dès l’aube,
S’éloigne mon sous-chef
Natif d’Arcis-sur-Aube,
Renvoyé d’un ton bref,
Dans ma main conquérante
J’aime à tenir quarante
Nouveaux coupons de rente,
Et du papier Joseph !
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Nadar.

Les soirs qu’au Vaudeville, en ce moment sauvé,
On donne une première
Représentation ; quand le gaz relevé
Couvre tout de lumière ;

Et, pour mieux éblouir de feux les vils troupeaux
Aux faces inconnues,
Quand, les littérateurs déposant leurs chapeaux,
On voit leurs têtes nues ;

Chez tous ces rois à qui la notoriété
Enseigne ses allures,
Oh ! quel spectacle étrange en sa variété
Offrent les chevelures !

Les unes ont l’aspect de l’ébène ; voici
Les châtaines, les fauves,
Et les beaux fronts de neige, et l’on remarque aussi
Le bataillon des chauves.

C’est le brun Lherminier, Sasonoff et Murger,
Et Lemer, doux lévite.
Leurs cheveux peuvent dire en chœur avec Burger :
« Hurrah ! les morts vont vite ! »

Louis Boyer, qui prit plus d’une Alaciel
A plus d’un roi de Garbe,
Dissimule son nez, organe essentiel,
Sous de grands flots de barbe.

Son visage pourtant n’est pas seul envahi
Comme celui d’un Serbe,
Et de Goy, dont les mots ont un parfum d’Aï,
N’est pas non plus imberbe !

Car le Temps, qui sourit de se voir encensé
Par ceux dont il se joue,
Met, comme un lierre épars, ce feuillage insensé
Autour de notre joue !

Louis Lurine, habile à bien lancer les dards,
En a les tempes bleues.
Asselineau pourrait fournir des étendards
Aux pachas à trois queues.

Méry, chêne au milieu d’arbustes rabougris,
A vaincu les épreuves ;
Il est majestueux et fort sous son poil gris
Comme les dieux des fleuves.

Dumas, qui pourrait seul, mage éthiopien,
Chanter la sage Hélène,
Abrite des éclairs son crâne olympien
Sous des touffes de laine.

Mirecourt dans son ombre, antre de noirs projets,
Tente de noyer Planche,
Et René Lordereau dans ses boucles de jais
Garde une mèche blanche.

Villemessant, mêlé, comme les vieux railleurs,
De faune et de satyre,
Se coiffe en brosse. Et puis j’en passe, et des meilleurs !
Mais qui pourrait tout dire ?

Théo, roi de l’azur où la Muse le suit,
Amant de la Chimère,
En secouant sa tête, à l’entour fait la nuit,
Comme un héros d’Homère,

Et Barrière, qui va cherchant la vérité
Sans songer à sa gloire,
Montre pleins d’ouragans des yeux d’aigle irrité
Sous une forêt noire.

A côté d’eux on voit les blonds : c’est Dumas fils,
Dont l’ample toison frise ;
C’est Gaiffe, dont la joue est neige, ivoire et lys,
Et la lèvre cerise.

C’est Castille aux anneaux crêpés ; ses yeux ont lui
Pour quelque étrange rêve,
Et son chef lumineux brille comme celui
De notre grand’mère Ève.

Voillemot resplendit comme un jeune Apollon.
Fabuleux météore,
Sa tête radieuse au milieu d’un salon
Fait l’effet d’une aurore.

Arsène Houssaye, à qui souvent, le cœur troublé,
Rêvent les jeunes filles,
A des cheveux pareils à ceux des champs de blé
Tombant sous les faucilles.

Ils sont d’or pâle ; ceux du poëte nouveau
Qui, dans des vers bizarres,
A nommé le public : « Bête à tête de veau, »
Sont jaunes, fins et rares.

La Madelène est rose, et Marchal est vermeil
D’une façon hardie,
Mais Nadar sur son front aux comètes pareil
Arbore l’incendie !
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Bonjour, monsieur Coubet.

En octobre dernier j’errais dans la campagne.
Jugez l’impression que je dus en avoir :
Telle qu’une négresse âgée avec son pagne,
Ce jour-là la Nature était horrible à voir.

Vainement fleurissaient le myrte et l’hyacinthe ;
Car au ciel, écrasant les astres rabougris,
Le profil de Grassot et le nez d’Hyacinthe
Se dessinaient partout dans les nuages gris.

Des bâillements affreux défiguraient les antres,
Et les saules montraient, pareils à des tritons,
Tant de gibbosités, de goîtres et de ventres,
Que je les prenais tous pour d’anciens barytons.

Les fleurs de la prairie, espoir des herboristes !
― Car ce siècle sans foi ne veut plus qu’acheter, ―
Semblables aux tableaux des gens trop coloristes,
Arboraient des tons crus de pains à cacheter.

Et, comme un paysage arrangé pour des Kurdes,
Les ormes se montraient en bonnets d’hospodar ;
C’étaient dans les ruisseaux des murmures absurdes,
Et l’on eût dit les rocs esquissés par Nadar !

Moi, saisi de douleur, je m’écriai : « Cybèle !
Ouvrière qui fais la farine et le vin !
Toi que j’ai vue hier si puissante et si belle,
Qui t’a tordue ainsi, Nourrice au flanc divin ? »

Et je disais : « O nuit qui rafraîchis les ondes,
Aurores, clairs rayons, astres purs dont le cours
Vivifiait son cœur et ses lèvres fécondes,
Étoiles et soleils, venez à mon secours ! »

La Déesse, entendant que je criais à l’aide,
Fut touchée, et voici comme elle me parla :
« Ami, si tu me vois à ce point triste et laide,
C’est que Monsieur Courbet vient de passer par là ! »

Et le sombre feuillage évidé comme un cintre,
Les gazons, le rameau qu’un fruit pansu courbait,
Chantaient : « Bonjour, monsieur Courbet le maître peintre !
Monsieur Courbet, salut ! Bonjour, monsieur Courbet ! »

Et les saules bossus, plus mornes et plus graves
Que feu les écrivains du Journal de Trévoux,
Chantaient en chœur avec des gestes de burgraves :
« Bonjour, monsieur Courbet ! Comment vous portez-vous ? »

Une voix au lointain, de joie et d’orgueil pleine,
Faisait pleurer le cerf, ce paisible animal,
Et répondait, mêlée aux brises de la plaine :
« Merci ! Bien le bonjour. Cela ne va pas mal. »

Tournant de ce côté mes yeux, ― en diligence,
Je vis à l’horizon ce groupe essentiel :
Courbet qui remontait dans une diligence,
Et sa barbe pointue escaladant le ciel !
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L'Odéon.

Le mur lui-même semble enrhumé du cerveau.
Bocage a passé là. L’Odéon, noir caveau,
Dans ses vastes dodécaèdres
Voit verdoyer la mousse. Aux fentes des pignons
Pourrissent les lichens et les grands champignons
Bien plus robustes que des cèdres.

Tout est désert. Mais non, suspendu, sans clocher,
Le grand nez de Lucas fend l’air comme un clocher.
Trop passionné pour Racine,
Un pompier, dont le dos servait de point d’appui
A ce nez immoral, sans doute comme lui
Dans le sol avait pris racine.

« Ah ! dit Mauzin, voyant sa pâleur de lotus,
Poëte, pour calmer ces affreux hiatus
En un lieu que la foule évite,
Et pour te voir tordu par ce rire usité
Chez les hommes qu’afflige une gibbosité,
Parle, que veux-tu ? Dis-le vite !

Que faut-il pour te voir plus gai que Limayrac ?
Veux-tu que je t’apporte une cruche de rack ?
Dis, que te faut-il pour que rie
Ta prunelle d’azur, pareille à des saphirs,
Et pour voir tes cheveux s’envoler aux zéphyrs
Comme les crins de Vacquerie !

Qui pourrait dissiper ton noir abattement ?
Te faut-il les gants bleus de monsieur Nettement,
Ou ce chapeau de roi de Garbe,
Le chapeau de Thoré, cet homme si barbu
Qu’un barbier ne pourrait, sans devenir fourbu,
En quatre ans lui faire la barbe !

Pour sourire veux-tu le casque du pompier,
Qui consume ses nuits à voir estropier
La tragédie ou l’atellane ?
Que veux-tu, rack, gants, feutre ou le beau casque d’or ?
― Ce que je veux ? dit l’homme au profil de condor,
C’est un nez à la Roxelane ! »
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