Je pense que l’humanité a ressenti un grand vide quand elle s’est disséminée dans l’espace, sans rien trouver d’autre que des planètes vierges à déflorer. Alors pour s’occuper, elle se ronge les ongles. En d’autres termes, on s’entretue pour passer le temps.
Une fois qu'on est au fond, on se dit que ça ne peut pas être pire. On prie pour que ça ne puisse pas être pire. Puis une trappe s'ouvre sous vos pieds et vous faites connaissance avec les abysses de la cruauté humaine. Et là, pendant vos tourments, vous regardez sous vos pieds, en priant très fort.
La coque du chasseur se désintégra sous les impacts de ses tirs. Persée regarda la verrière imploser en une myriade d'éclats tournoyants. L'appareil bascula lentement, tel un danseur qui perd l'équilibre.
Aujourd'hui, il avait pris ses premières vies humaines. Il tenta de penser à ses camarades morts pour se justifier, s'envelopper dans un drap de dignité, de moralité. Mais il ne put endiguer cette impression que la réalité de son monde s'était disloquée. Quand la vie pouvait être soufflée si facilement par un étranger. Sur une simple décision, un simple mouvement de doigt. Il ne put s'empêcher de s'interroger sur la nature des gens qu'il avait criblés de ses balles.