Elle est cool, Lucile. Elle ne pose pas de questions. Elle accepte que l’on ne puisse pas aller bien, que c’est comme ça, que ça passera. Qu’on n’a parfois besoin que d’une épaule pour pleurer sa haine et son dégoût de la vie sans qu’il faille pour autant trouver des solutions et du positif à tout prix. J’ai confiance en elle. Elle est cool, Lucile, mais elle en a chié, elle aussi. On ne dirait pas comme ça, avec ses tifs fuchsia, son look de motarde, ses faux tatouages et ses sucreries de gamine, qu’elle aussi a parfois du mal avec elle-même. Et dans ces parfois-là, c’est moi qui l’épaule. Chacun son tour. Ça a toujours été un accord tacite entre nous. Faut bien se défendre comme on peut face à cette chienne de vie.
On dit qu’il vaut mieux avoir des remords que des regrets, dans la vie. Je ne suis pas sûre d’être d’accord avec ça. Quel est le boulet le plus lourd à traîner : les remords d’avoir fait quelque chose de merveilleux mais contrenature ou les regrets de ne pas l’avoir fait ?
En parlant de chemin, mon psychiatre m’a dit un jour que la dépression dont je suis atteint, ce n’est pas être fou. C’est juste se perdre en cours de route. Faut juste retrouver le bon chemin. C’est ma mamie préférée que me le dévoile peu à peu.
Ici, dans ce lieu silencieux et tellement humain, où tant de paradoxes existentiels se jouent, nous amenons le bonheur, la beauté.
Ça a ce pouvoir-là aussi, la musique, ça peut faire planer à trois milles comme redescendre six pieds sous terre dans la cave aux souvenirs.
On dit qu’il vaut mieux ressentir des remords
que des regrets, dans la vie. Je ne suis pas
sûre d’être d’accord avec ça. Quel est le boulet
le plus lourd à traîner : les remords d’avoir fait
quelque chose de merveilleux, mais contre
nature ou les regrets de ne pas l’avoir fait ?
Il est fort, Benjamin, dans ses moments de faiblesse. Moi, tout ce que j’aurais envie de faire dans une telle situation, c’est de me couper les veines. Ces veines à vif qui ne sont plus cachées sous les tatouages de pacotille effacés par les larmes de mon ami.
Demander à un dépressif si ça va mieux après une crise ou une prise de médicaments, c’est comme de demander à un aveugle s’il voit mieux après avoir cligné des yeux. Du flan.
Je suis Invisible Man, le super héros que personne ne veut être et dont personne n’a besoin.
Avec l'approche de la mort et l’omniprésence
de la souffrance, c’est le seul lieu où le
mensonge et l’apparence n’a pas de place.