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Critique de Florel


Nous connaissons l'oeuvre de Dante (Durante) Aligierhi, du moins son oeuvre principale qui est la Divine Comédie, mais il est vrai que de l'homme nous ne connaissons rien ou peu de chose lorsque l'on n'est pas dantologue. Alessandro Barbero, spécialiste d'histoire médiévale, répare cette erreur et se propose à travers cette biographie de nous présenter l'homme, mais également sa famille au sens large ainsi que l'Italie.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ce livre est par instant fastidieux et compliqué à lire. En effet, dans son souci du détail l'écrivain a parfois trop développé son propos ce qui le rend un peu abscons, notamment quand il développe l'arbre généalogique de Dante et ses rencontres (attendez-vous à des fils de nom). Néanmoins, je dois avouer qu'en dehors de ses passages nominatifs où les liens ressortent, ce livre se révèle être intéressant à lire et les choses se retiennent plus facilement. Bien évidemment, je ne dirais pas que j'ai tout retenu, loin s'en faut ! Mais il est vrai qu'à défaut de retenir les noms et démêler correctement les liens, j'ai retenu ce qui avait fait le sel et le piment de la vie de Dante.
Enfin, si tant est qu'il soit possible d'avoir de la certitude sur ces évènements. Car effectivement là est la limite principale de tout chercheur sur Dante et donc du livre, malgré quelques affirmations et théories correctes, la réfutation d'autres théories par l'auteur, Dante reste nimbé de zone d'ombre et sa vie est pleine d'incertitude. La faute à l'absence d'archive et à son exil sans doute…

Et oui, on peut s'appeler Dante, avoir écrit un livre renommé et vivre d'exil et d'absence. Laisser des trous dans son histoire. Mais ses études, ses centres d'intérêts, sa femme, ses enfants, sa position politique… nous sont plus ou moins connus. Et nous savons par exemple que c'est parce qu'il est l'ainé d'une famille, héritier de la petite fortune familiale qu'il se met à écrire des poèmes, à étudier, à s'intéresser à la philosophie, à améliorer son latin pour mieux comprendre les écrits antiques. Nous savons également que malgré son exil il a pris le temps de placer ses enfants, comme sa fille Béatrice qui apparemment n'est pas Antonia puisque en 1332 un document fait mention de Gemma et d'Antonia pour la vente d'un bien à Pagnolle. Or Béatrice étant dans les ordres, il est impossible selon l'auteur qu'elle ait été convoquée pour cet acte, étant donné qu'en rentrant dans les ordres elle a dû renoncer à ses droits héréditaires.

"En effet, dans l'acte de 1332, on demande le consentement de Gemma et Antonia pour la vente de la propriété de Pagnolle. On en a donc déduit qu'à cette date aucune autre fille de Dante n'était vivante. Mais c'est un raisonnement erroné. Si Béatrice était nonne, alors elle avait renoncé à ses droits héréditaires, et elle ne fut évidemment pas convoquée pour l'acte de 1332 ; d'ailleurs, si nous imaginons qu'elle entra au monastère du vivant de son père lorsqu'il habitait Ravenne, alors cet acte démontre que Béatrice et Antonia étaient bien deux personnes différentes" p. 212

Mais Dante c'est aussi un politicien engagé tant du côté des armes - et oui, on aurait du mal à le croire et pourtant ! -, que du côté des ambassades. Cela étant ses positions pro-guelfe lui vaudront des ennuis avec la justice… alors, après recherche pour cause de malversation, Dante se verra en effet exilé et ses biens confisqués. Mais l'atout du livre par rapport à une page Wikipédia, c'est qu'il va nous indiquer comment se passe une confiscation de bien, et ainsi nous en apprendre un peu plus sur les pratiques judiciaires de Florence. En ce qui concerne l'exil la chose est courante, la confiscation également, mais ce qui est amusant à remarquer, c'est que l'état florentin fait la différence entre la dot de la femme et les biens du mari, la différence entre les biens de l'exilé et ceux de sa famille. En définitive, seule la part de Dante est confisquée, mais elle reste sous son nom malgré tout. Nous retrouvons également, des informations sur la politique militaire, par exemple il est intéressant de découvrir que noblesse et chevalerie ne sont pas liées. On peut être chevalier mais ne pas être noble.

Un autre intérêt de ce livre et malgré sa difficulté, c'est de voir à quel point l'oeuvre de Dante est intrinsèquement lié à sa vie. En effet, dans sa Divine Comédie on retrouve des personnages qu'il a croisés comme Béatrice son amour caché d'enfance qu'il a idéalisée, ou ses craintes comme celle d'avoir tout à perdre. Mais la Divine Comédie n'est pas la seule source écrite de la main de Dante qui parle de ce dernier, ses autres textes comme de Monarchia en disent long sur les positions de l'auteur. Mais disons que dans ce dernier texte l'évidence est plus flagrante, la Divine Comédie donne des conclusions qui disent tout et son contraire.

J'ai dit un peu plus haut, en un petit jet de mot, que l'auteur avait abordé la famille de Dante au sens large, car pour l'époque l'ascendance est importante. Dans Storia Voce l'écrivain disait que c'était la partie la moins intéressante pour le lecteur, et… il avait raison ! J'ai souligné la file de noms qui perd le lecteur, mais il faut bien que j'avoue que les liens, les dates, les suppositions également, perdent aussi le lecteur, et dans cette partie c'est assez conséquent. Car comme je le disais quelques lignes au-dessus, l'auteur va reprendre ce qui a été dit sur Dante ou sa famille, mais quand ça ne colle pas avec les quelques archives, en bon historien Barbero le souligne. du coup, il nous entraine dans son argumentaire, son raisonnement, et c'est assez complexe à suivre hélas. Et finalement, de tout cela, vous ne retiendrez surtout que la conclusion de l'écrivain, la date de son mariage avec Gemma ou encore sa conclusion sur ses ancêtres, sa mère, son père. L'argumentaire, le raisonnement, la méthode, passeront très loin au second plan. Pour bien l'assimiler je pense qu'il faudrait que je le relise.

En résumé, même si le livre est assez complexe à lire et même si je n'ai pas tout retenu, et même s'il reste beaucoup d'incertitude, je suis contente d'avoir lu ce livre pour découvrir un peu plus Dante avant de me lancer dans la Divine Comédie (qui m'attend depuis 3 ans !). Je suis également satisfaite de découvrir ici plus de subtilité qu'une page Wikipédia peut offrir. C'est un livre à lire pour découvrir ce grand poète, mais je préviens il ne se lit pas en une semaine.
Lien : http://encreenpapier.canalbl..
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