Roman de la rentrée littéraire 2020, j'ai été séduite par le sujet, les critiques positives et la couverture que je trouve particulièrement réussie, mais le charme n'a pas complètement opéré pour moi. Vous l'aurez compris, ce n'est pas un coup de coeur, mais c'est un bon roman, très bien écrit avec des passages magnifiques, mais le manque d'actions et la fin trop prévisible m'ont déçue. Je le regrette et j'espère que l'auteure ne m'en voudra pas de ma franchise. Ce n'est que mon ressenti et rien d'autre.
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Le titre du roman m'a fait penser à ce haïku de
Paul Claudel qui puisait son inspiration dans la culture japonaise : « Seule la rose est assez fragile pour exprimer l'éternité ».
Comme ces magnifiques fleurs, l'héroïne, Rose, est fragile, séduisante, mais aussi seule, malheureuse, révoltée, et agressive.
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Rose, une jeune française de 40 ans, part au Japon, à Kyoto, pour entendre le testament de son père défunt, riche marchand d'art japonais qu'elle n'a jamais connu. Elevée par sa mère et sa grand-mère, Rose est comme une coquille vide au coeur meurtri. Sans attache, sans attachement, indifférente aux autres, elle ne croit plus au bonheur et vit dans la solitude et la dépression. Pleine de rancoeur vis à vis de ce père qui n'a jamais essayé de la connaître, elle entame ce voyage sans trop savoir ce qu'elle va trouver au bout.
« Que peut-il me donner à présent ? … Qu'est-ce que l'absence et la mort peuvent me donner ? de l'argent ? Des excuses ? Des tables laquées ? »
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Dans l'art de la Renaissance, la rose symbolisait la renaissance, le renouveau.
D'abord, perdue, aveuglée par sa propre colère, Rose ne comprend pas pourquoi son père souhaitait qu'elle visite des sanctuaires bouddhistes. Mais, guidée par Paul, ami et exécuteur testamentaire de son père, par la douce et discrète Sayoko, et la spontanée Beth, elle va trouver l'apaisement au fil des visites de temples bouddhistes et de leurs jardins au décor épuré, sobre, simple, raffiné, mais aussi complexe.
Les repas et la découverte de nouvelles saveurs, la cérémonie du thé, les diverses rencontres, les promenades dans les temples, entre minéral, végétal et animal, vont agir comme un baume réparateur sur ses blessures.
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Pour le lecteur, c'est l'occasion de découvrir Kyoto et ses temples, de visiter les jardins éclairés de lanternes, de parcourir les allées bordées de camélias, de pivoines, d'érables rouges et de cerisiers du Japon, d'écouter le chant des oiseaux, l'écoulement feutré de l'eau, et de savourer leur ambiance réconfortante. Une atmosphère délicate et apaisante.
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Chaque chapitre s'ouvre sur de très courts contes japonais ou chinois qui servent de guide à la narration, aux souvenirs laissés par ce père absent et au parcours initiatique de Rose vers la paix intérieure et le bonheur.
« le monde est comme le cerisier que l'on ne regarde pas pendant trois jours. » le cerisier se pare de belles fleurs qui se fanent en seulement quelques jours, tout comme le temps qui passe, navigant entre l'obscurité et la lumière, la peine et la joie, tranchant comme la pierre, tendre comme la mousse des jardins.
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L'art, la nature, la culture japonaise, l'amitié, l'amour, les blessures de l'enfance sont au coeur de ce récit. J'ai passé un bon moment de lecture. Un livre dépaysant, poétique, doux qui invite le lecteur à espérer en une belle vie.
« Après les cendres, les roses. »
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