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Critique de encoredunoir


Après quelques détours du côté de l'Ouganda (La Quatrième Plaie), la Bosnie (L'attrapeur d'ombres) et même un petit voyage dans le temps (Le chien de Dieu), Patrick Bard retrouve l'Amérique centrale huit ans après La Frontière. Plus au sud toutefois, puisque l'on est cette fois au Guatemala. Et le moins que l'on puisse dire est que les choses ne s'arrangent pas en ce bas monde.
Victor Hugo Hueso est pompier à Ciudad de Guatemala et fait plus précisément partie de la cellule de communication des soldats du feu. Il passe donc la majeure partie de son temps avec son appareil photo à prendre des clichés de cadavres de victimes des maras ou des colonias ensevelies sous les glissements de terrain. Quand il est appelé sur une intervention durant laquelle les pompiers ramassent le cadavre d'une femme abattue d'une balle dans la tête et en transportent une autre gravement blessée à l'hôpital, Hueso ne voit d'abord qu'un fémicide de plus, révoltant, certes, mais qui, dans un pays en proie à une extrême violence, n'occupera son esprit que jusqu'au prochain. Sauf que, quand la victime blessée sort du coma, un autre mobile apparaît pour le meurtre : cette femme, Escarler Icú, avait un bébé avec elle au moment de l'agression et il a disparu. Victor Hugo Hueso, qui suit des cours pour devenir journaliste voit là un sujet qui pourrait lui permettre de rendre un dossier intéressant à sa professeure. Et puis aussi « quand on aimait résoudre des énigmes, dans ce pays, on devenait journaliste, pas flic. Les flics ne résolvaient rien ». Hueso va toutefois s'apercevoir, alors qu'il découvre peu à peu le fonctionnement d'un véritable trafic d'enfants vendus à de riches américains en quête d'adoption, que si les journalistes guatémaltèques mettent parfois à jour des vérités embarrassantes, ils en paient aussi souvent le prix.
Photographe, journaliste, Patrick Bard, une fois de plus, montre son talent à romancer les faits pour, si ce n'est mieux, au moins les aborder avec un angle de vue différent et sans verser dans un fastidieux compte-rendu ou des resucées de fiches wikipédia. Car Bard sait de quoi il parle pour l'avoir vu de ses propres yeux, possède une plume assurée qui donne une véritable vie aux lieux et est doté d'une capacité d'empathie qui lui permet de rendre toute la complexité de ses personnages, leurs sentiments, leurs contradictions, leurs engagements et, parfois, leurs renoncements.
Ainsi Orphelins de sang apparaît-il comme un portrait fascinant et effrayant d'un pays rongé par une violence endémique duquel émergent toutefois des femmes et des hommes dignes, décidés malgré tout à ne plus tourner la tête pour regarder ailleurs – et pour voir quoi, d'ailleurs, si ce n'est d'autres horreurs ? – et à, pourquoi pas, essayer de changer les choses et oeuvrer pour un peu de justice en des lieux que cette dernière semble avoir désertés.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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