Citations sur Initiales B.B. : Mémoires (11)
- il y a un moment pour réussir dans la vie,et un moment pour réussir sa vie.
ceux qui veulent produite de la richesse
oublient de la partager,et ceux qui veulent partager oublient d,en produire.
Les passions sont brèves, furtives, elles brülent les étapes par leurs folies destructrices, et ne laissent derrière elles qu'amertume et désolation. (p 429)
Il y avait un spectacle, mes parents et ma sœur y allaient. Moi, je restai à la maison prétextant un mal de tête. Je me souviens avoir ouvert le gaz, bien fermer les portes et fenêtres et avoir mis ma tête dans le four. Après, je ne me souviens plus … . Cette nuit-là, on m’a retrouvée inanimée, avec un petit mot expliquant ma détresse. Tout ce que je sais, c’est que le spectacle ayant été annulé, mes parents sont revenus à la maison plus tôt que prévu, et m’ont trouvée dans le coma. A mon réveil, il y avait un médecin « ami ». J’entendais parler de pension en Angleterre, j’entendais des choses si vilaines me concernant que, malgré ma faiblesse, je me serais bien remis la tête dans le four.
Il vaut mieux se donner pour quelque temps que se prëter pour toujours. (p 335)
Je cherchais la tranquillité et la presse à travers moi cherchait le scandale! (p. 183)
Nouveau conseil de famille à la salle à manger : mon grand-père, le Boum, préside, les autres sont autour. Cette petite doit-elle, oui ou non aller voir Allegret ? Nouvelles tergiversations, les actrices sont toutes des filles de mauvaises vie », notre famille n’en veut pas, etc. Tout d’un coup le Boum tape du poing sur la table et déclare : « Si cette petite doit un jour être une putain, elle le sera avec ou sans cinéma, si elle ne doit jamais être une putain, ce n’est pas le cinéma qui pourra la changer ! Laissons-lui sa chance, nous n’avons pas le droit de disposer de son destin. »
Merci mon grand-père d’avoir eu confiance en moi.
Merci de m’avoir permis de tenter ma chance.
Le Boum, le patriarche, sortait « son » fauteuil d’osier, s’installait dehors, même la nuit tombante, allumait sa pipe, et écoutait les oiseaux. Il me disait, rien qu’au son, quelle espèce d’oiseau chantait ! Au crépuscule, c’étaient les rossignols, mais dans la journée, j’ai appris le chant des bergeronnettes, celui des mésanges, des pies moqueuses qui me faisaient rire, des corbeaux, des geais, des « pierrots », des bouvreuils des sansonnets, des rouges gorges. J’ai appris à aimer la nature avec le Boum à Louveciennes.
Avec Mémé, mourrait une partie de moi-même. Encore maintenant, je refuse la mort, je suis bouleversé par cette chose inconnue, implacable. La mort, me paralyse, m’effraie à un point inimaginable. J’aime la vie de toutes mes forces, je ne comprends ni n’admets la mort ;
Depuis ma Mémé, j’ai malheureusement vu les êtres qui m’étaient chers disparaître, et je ressens toujours cette impuissance atroce, cette question sans réponse, ce besoin soudain de croire à quelque chose de surnaturel qui adoucisse un peu l’horreur du moment présent, lorsqu’un être de chair et dc chaleur se transforme en être inanimé pour la nuit des temps.
Il y avait des tas de petits lapins en liberté dans l’enclos. Entre autres un petit, tout noir, que j’appelais « Noiraud » et qui joignait les pattes en faisant le beau comme s’il faisait sa prière. Comme la nourriture était dure à trouver, les parents nous servaient souvent du lapin à manger. Je trouvais curieux de voir l’enclos se vider et nos assiettes se remplir mais nos parents promettaient que les lapins se sauvaient et que ceux que je mangeais étaient acheté à la ferme. Jusqu’au jour où je ne vis plus Noiraud. Maman me dit qu’il avait fait un trou dans la clôture et était parti dans le forêt. Le soir nous avions un civet de lapin pour le diner. Je refusais net d’en manger, j’étais sûre que c’était Noiraud et j’ai pleuré maudissant les grandes personnes de tuer les petits lapins qui faisaient la prière. Bien longtemps après, maman m’a avoué que papa avait tué Noiraud pour que la famille puisse manger.